Placer l’être humain au centre de l’innovation dans les systèmes agroalimentaires

Rome – «Il faut convaincre davantage les populations que les systèmes alimentaires sont à leur service, et non l’inverse», a déclaré M. Karl Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, dans son allocution liminaire à l’occasion des festivités organisées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation. 

M. Schwab a fait observer que l’alimentation avait retrouvé une place au premier rang des priorités mondiales au cours de l’année écoulée et s’est dit favorable à une transformation profonde des systèmes agroalimentaires, soulignant que l’idée devait être de privilégier la solidarité sociale et la croissance économique rurale plutôt qu’une simple amélioration du fonctionnement des chaînes d’approvisionnement.

Son intervention, intitulée «Food Systems Transformation: Building Sustainable, Healthier, And More Equitable Food Through Systems Thinking, Innovation and Stakeholder Cooperation» (transformation des systèmes alimentaires: vers une alimentation durable, plus saine et plus équitable grâce une réflexion systémique, à l’innovation et à la coopération), peut être visionnée ici, et la transcription est disponible ici. 

Fondé en 1971, le Forum économique mondial est une organisation internationale axée sur la coopération entre les secteurs public et privé. Elle a pour ambition d’améliorer l’état du monde en faisant participer des personnalités importantes du monde des affaires, de la sphère politique et du milieu universitaire, entre autres, à la définition des objectifs à atteindre aux échelons mondial et régional et dans les secteurs d’activité. Le Forum est connu pour les réunions qu’il tient tous les ans à Davos (Suisse) et a invité le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, à intervenir à cette occasion au début de l’année.

La Journée mondiale 2021 a pour thème «Agir pour l’avenir». Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général de la FAO a noté que l’Organisation et le Forum économique mondial travaillaient en étroite collaboration afin de mobiliser les énergies et de concevoir des initiatives qui changent la donne et des solutions novatrices pour transformer les systèmes agroalimentaires. 

À travers son intervention, M. Schwab voulait faire adhérer à l’idée qu’il fallait que les systèmes agroalimentaires, l’un des principaux moteurs de la crise climatique, «jouent un rôle immense dans la recherche d’une solution». 

Le message

M. Schwab a souligné qu’il importait de mener une réflexion systémique globale, de créer des «plateformes pour l’action» multipartites et de comprendre le «coût réel» de l’alimentation, que viennent influencer des facteurs cachés tels que les complications pour la santé humaine et l’appauvrissement de la biodiversité. 

Il a expliqué que tout le monde intervenait au quotidien dans les systèmes agroalimentaires, à tous les niveaux, et que tous les acteurs devaient assumer leur «responsabilité en tant que partie prenante» et concourir aux objectifs sociétaux à long terme. «Aucune entreprise ne peut prospérer dans une société défaillante», a-t-il ajouté. 

M. Schwab a aussi profité de son allocution pour préconiser davantage d’innovation dans les systèmes agricoles et alimentaires, à qui il fallait plus de temps que des secteurs tels que celui de la santé pour tirer avantage de ce qu’il a appelé la quatrième révolution industrielle, caractérisée par la fusion des technologies dans les sphères physique, numérique et biologique. Il a évoqué les technologies géospatiales, qui permettraient de suivre et d’encourager des dizaines de millions d’agriculteurs à adopter des «pratiques neutres et salutaires pour la nature» et de créer une toute nouvelle classe d’actifs s’agissant des sols et de l’agriculture de régénération. 

M. Schwab a souligné qu’il fallait absolument bâtir des écosystèmes solides d’innovation pour favoriser une approche centrée sur la personne en la matière. «Face à une multitude de questions sur l’ordre mondial actuel et les risques auxquels font face les gouvernements nationaux et les institutions internationales, dont le Forum économique mondial, nous sommes profondément convaincus que l’humanité a besoin d’exemples d’une nouvelle mobilisation pour la bonne intendance de notre planète et du système alimentaire dont dépend si fortement notre prospérité collective et partagée», a-t-il affirmé.