COP29: la FAO présente sa nouvelle étude sur les contributions déterminées au niveau national et sur les occasions à saisir dans les systèmes agroalimentaires pour lutter contre le changement climatique, les points à améliorer et les risques afférents

L’insécurité alimentaire et l’appauvrissement de la biodiversité sont mentionnés comme étant les principaux risques liés au changement climatique dans 88 pour cent des plans d’action nationaux pour le climat

Le changement climatique nuit aux rendements agricoles et compromet la sécurité alimentaire, car il est responsable de l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, qui endommagent les cultures, ainsi que du bouleversement des régimes climatiques, qui a une incidence sur les périodes végétatives et les disponibilités en eau.

©FAO/Daniel Hayduk

18/11/2024

Bakou (Azerbaïdjan) – Selon une nouvelle étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), presque tous les pays classent, dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), les systèmes agroalimentaires au rang des domaines d’action prioritaires s’agissant de l’atténuation du changement climatique (91 pour cent) et de l’adaptation à ses effets (94 pour cent). Cela montre que les systèmes agroalimentaires recèlent un formidable potentiel en matière de solutions aux problèmes climatiques, que les pays pourraient exploiter, notamment en cette phase d’élaboration des CDN dans le cadre du troisième cycle de présentation en 2025. 

Les CDN sont des plans d’action nationaux pour le climat et le principal levier pour concrétiser les objectifs de l’Accord de Paris. Dans l’étude mondiale de la FAO sur le rôle des systèmes agroalimentaires dans les contributions déterminées au niveau nationalhttps://openknowledge.fao.org/items/012f4a1c-662a-4a43-80c4-5613c3f96bc8, le message d’urgence suivant est adressé aux décideurs: les solutions du secteur agroalimentaire doivent occuper une place centrale si nous voulons faire face à la crise climatique et tenir les promesses de l’Accord de Paris. 

À cet égard, l’étude mondiale expose des données précieuses visant à aider les pays à améliorer leurs plans d’action, notamment à remédier aux insuffisances concernant l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets et à combler les déficits de financement de l’action climatique dans le domaine des systèmes agroalimentaires. Elle offre une vue d’ensemble des principaux risques liés au changement climatique et points sensibles en matière d’émission de gaz à effet de serre du secteur agroalimentaire, et fournit une synthèse des principales stratégies d’adaptation et d’atténuation. 

Principales conclusions et points à améliorer 

L’étude révèle que l’insécurité alimentaire et l’appauvrissement de la biodiversité sont les risques liés au changement climatique les plus fréquemment signalés, étant cités dans 88 pour cent des CDN. Ces risques pourraient compromettre les progrès en matière de développement durable qu’il a été si difficile d’obtenir et s’avèrent particulièrement importants en Afrique subsaharienne, où la faim et la pauvreté gagnent du terrain sous l’effet du changement climatique. 

Environ deux tiers de l’ensemble des pays font état de répercussions et de risques liés au changement climatique dans leurs CDN en ce qui concerne les systèmes de production végétale, tandis que la moitié environ font état de telles répercussions et de tels risques en ce qui concerne les systèmes d’élevage, de production forestière et de production halieutique et aquacole en haute mer et côtière. Les pays les moins avancés et les pays à faible revenu font état de risques en rapport avec le changement climatique dont les niveaux sont supérieurs aux niveaux moyens à l’échelle mondiale, en particulier de risques pesant sur les systèmes agroalimentaires, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance et concernant la pauvreté et les inégalités. 

L’étude montre également que les inégalités des systèmes agroalimentaires demeurent des points importants à améliorer dans les CDN. Il est de plus en plus reconnu que la réduction de la pauvreté et des inégalités est essentielle à la mise en œuvre de processus d’adaptation et de transition juste, mais seule une petite partie des CDN mettent l’accent sur des vulnérabilités propres à différentes catégories de population dans les systèmes agroalimentaires, ainsi que sur les risques qui les concernent spécifiquement et les capacités qui leur sont propres. Si les disparités socioéconomiques ne sont pas davantage prises en compte, les groupes les plus marginalisés risquent d’être encore plus exposés aux répercussions du changement climatique sur les systèmes agroalimentaires. 

De même, les insuffisances en matière d’atténuation dans les systèmes agroalimentaires sont considérables. L’agriculture et les systèmes alimentaires contribuent dans une large mesure aux émissions de gaz à effet de serre, mais les CDN actuelles ne permettraient de réduire ces émissions que de 40 pour cent environ. Il serait donc possible de doubler les ambitions dans les prochaines CDN et mesures à prendre. Les marges de manœuvre sont particulièrement importantes en ce qui concerne les émissions du secteur de l’élevage, dont 66 pour cent ne sont pas visées par les CDN. Elles sont encore plus grandes pour ce qui est des émissions en amont et en aval de la production, puisque 82 pour cent de ces dernières ne sont pas prises en compte. Sans améliorations à cet égard, il sera quasiment impossible d’atteindre les objectifs fixés en matière de limitation du réchauffement planétaire. Même si les émissions liées aux combustibles fossiles étaient réduites à zéro, il serait quasiment impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C en l’absence d’une réduction des émissions imputables aux systèmes agroalimentaires qui ne sont pas visées par les CDN – même une limitation du réchauffement à 2 °C constituerait un défi majeur. 

Les efforts de planification de l’adaptation sont eux aussi insuffisants: dans les CDN, les mesures d’adaptation des systèmes agroalimentaires sont certes relativement complètes, mais leur efficacité est incertaine en raison du manque de clarté quant à leur faisabilité et de leur assise fragile. En l’absence d’une planification et d’investissements mieux coordonnés et plus efficaces, les efforts d’adaptation seront insuffisants face à l’aggravation des risques climatiques. 

Coûts du changement climatique pour les systèmes agroalimentaires et besoins de financement de l’action climatique 

L’étude met également en évidence un coût financier immense imputable à des décennies d’inaction comparativement aux efforts qu’il aurait fallu déployer face au changement climatique en ce qui concerne les systèmes agroalimentaires. Les catastrophes climatiques touchent avant tout l’agriculture, qui accuse des pertes de plusieurs centaines de milliards de dollars par an, soit 5 pour cent du PIB agricole mondial des 30 dernières années. Entre 2007 et 2022, les pertes agricoles ont représenté 23 pour cent des pertes totales ayant résulté des catastrophes, dont 65 pour cent étaient dues à des sécheresses. 

L’ampleur du déficit de financement de l’action climatique montre combien le défi sera difficile à relever. En effet, le niveau actuel de financement de la transformation des systèmes agroalimentaires est, en moyenne, de 28,5 milliards d’USD par an seulement alors que 1 150 milliards d’USD par an jusqu’en 2030 seraient nécessaires pour faire face aux pressions du changement climatique. Pour combler ce déficit, il faudrait multiplier par quarante le montant annuel des investissements dans les systèmes agroalimentaires jusqu’en 2030, selon un rapport cité dans l’étude mondiale. 

Les pays ont certes conscience de la nécessité d’accroître le financement en faveur des systèmes agroalimentaires, mais les estimations actuelles dans les CDN ne couvrent qu’un sixième du niveau de financement requis, ce qui signifie que l’on passerait à côté d’une occasion cruciale de mobiliser les ressources dont ont besoin les pays en développement et de mettre en place des plans d’investissement concrets. Heureusement, la date limite de présentation de la version actualisée des CDN étant fixée au début de l’année 2025, les pays ont encore une possibilité, bien que réduite, de revoir à la hausse leurs ambitions à cet égard. 

Occasions à saisir et voie à suivre concernant les systèmes agroalimentaires 

Le récent bilan mondial de l’action climatique montre clairement que les efforts mondiaux sont loin de permettre la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, même si l’on tient compte des ambitions actuelles des CDN. Les systèmes agroalimentaires sont essentiels pour garantir la sécurité alimentaire, contribuer aux moyens de subsistance et soutenir les économies, mais demeurent particulièrement vulnérables au changement climatique. 

Les défis à relever sont de taille, mais les systèmes agroalimentaires recèlent un potentiel considérable, comme cela est constaté dans la version actuelle des CDN de presque tous les pays, selon l’étude. 

Lorsqu’elles sont bien élaborées, les mesures de lutte contre le changement climatique dans le secteur agroalimentaire influent par ricochet sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), faisant reculer la pauvreté (ODD 1), contribuant à l’éradication de la faim (ODD 2) et préservant la diversité biologique (ODD 15). Dans un tiers des CDN, il est fait explicitement référence aux liens entre les solutions des systèmes agroalimentaires et les objectifs plus généraux en matière de développement. Des possibilités de transformation sans pareilles se feront jour si l’on aligne les priorités relatives aux systèmes agroalimentaires dans les CDN sur celles de divers plans relatifs au changement climatique et à la biodiversité, accords environnementaux multilatéraux, feuilles de route pour la transformation des systèmes alimentaires et autres plans d’action analogues dans le domaine du développement. 

Il est essentiel d’établir des plans audacieux fondés sur des données et de disposer d’un financement suffisant pour tirer parti du potentiel des systèmes agroalimentaires. Comme le souligne l’étude, les pays doivent remédier aux lacunes concernant les émissions, aux inégalités et aux déficits de financement, non seulement pour protéger les systèmes agroalimentaires mais aussi pour faire de ceux-ci un pilier central contribuant à renforcer la résilience, à atténuer le changement climatique et à promouvoir le développement durable. 

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Laura Quinones [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]