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Diversifier l’alimentation et les perspectives agricoles en Mongolie


Le programme de coopération Sud-Sud FAO-Chine contribue à renforcer la résilience de l’agriculture face aux aléas climatiques au cœur d’un pays enclavé

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Les effets du changement climatique se font particulièrement ressentir dans les petites exploitations et élevages familiaux. Ces dernières années, Lkhagva Yondon, agricultrice, s’est efforcée de parvenir à l’autosuffisance malgré les difficultés imposées par des conditions climatiques extrêmes. ©FAO

16/01/2023

La Mongolie, en Asie centrale, est le pays pleinement souverain le moins densément peuplé au monde. L’élevage nomade se pratique depuis des siècles sur les vastes pâtures et les steppes herbeuses du territoire, enclavé et à bonne distance des côtes. Environ 73 pour cent des terres agricoles sont ainsi consacrées au pâturage des animaux d’élevage.

Cependant, les conditions météorologiques difficiles et la brièveté des saisons de végétation nuisent à la qualité de l’alimentation dans la région et peuvent favoriser l’apparition de certaines formes de malnutrition. Dans les zones reculées du pays, l’accès quotidien aux produits frais est limité, et les carences en sels minéraux et en vitamines qui en résultent augmentent le risque de maladies. Pour certaines personnes, l’agriculture sous serre et l’importation sont les seules façons d’obtenir des fruits et légumes frais.

L’exploitation familiale Manlai Uurgach

Lkhagva Yondon compte sur sa ferme familiale, Manlai Uurgach, située dans l’aïmag de Töv, en Mongolie centrale, pour gagner sa vie et se nourrir au quotidien.

Par le passé, sa famille a eu du mal à atteindre l’autosuffisance. Le climat extrême de la Mongolie, qui se caractérise par des étés brûlants et des hivers glaciaux, complique considérablement la tâche.

Ces vingt dernières années, en raison des conditions météorologiques de plus en plus instables dues au changement climatique, les sécheresses et les dzuds (un été chaud et sec suivi d’un hiver très rude) se sont multipliés et ont gagné en intensité. Ces phénomènes peuvent entraîner la mort des animaux d’élevage à grande échelle et ainsi menacer les moyens d’existence de nombreux petits éleveurs et agriculteurs.

En outre, la méconnaissance des pratiques horticoles optimales, le caractère imprévisible des rendements et l’offre insuffisante issue des serres et des marchés se sont traduits par une forte dépendance à l’égard des fruits et légumes importés, que les populations rurales n’ont pas les moyens d’acheter.

Dans les zones reculées du pays, l’accès quotidien aux produits frais est limité, et les carences en sels minéraux et en vitamines qui en résultent augmentent le risque de maladies. ©FAO

Pratiques climato-résilientes et diversification des cultures

Lkhagva a décidé de demander de l’aide pour se sortir de cette situation. Lorsqu’elle a entendu parler du projet lancé en Mongolie dans le cadre du programme de coopération Sud-Sud FAO-Chine, elle a sollicité l’appui du Ministère mongol de l’alimentation, de l’agriculture et de l’industrie légère, partenaire du programme.

Elle souhaitait être épaulée dans la culture de plants de maïs destinés à l’alimentation animale, ce qui lui permettrait d’augmenter les revenus de sa ferme. Le district d’Erdene n’est pas étranger à cette culture, pratiquée par le passé, et Lkhagva espérait la remettre au goût du jour et planter des variétés déjà mises à l’essai dans la région.

Dans le cadre de ce projet, un expert chinois du programme, Kang Lianhe, est venu séjourner à Manlai Uurgach pour transmettre à Lkhagva son riche savoir et ses compétences techniques en matière de production de variétés végétales destinées à l’alimentation animale et de techniques de culture du fourrage appliquées en Chine. Il a montré à Lkhagva comment retourner et cultiver la terre et adapter la profondeur des sillons où déposer les semis.

Lkhagva s’est aussi familiarisée avec la culture sous serre. Kang lui a donné des conseils concernant la construction d’une serre pour l’hiver et la culture de fraises, de concombres et de tomates. Non seulement ces nouveautés ont répondu aux besoins des membres du foyer, mais elles ont apporté un complément de revenus régulier.

Outre des pratiques agricoles et du savoir-faire technique, le projet a également introduit des machines sur l’exploitation, destinées à stimuler la productivité. La ferme a ainsi vu sa production décoller après l’acquisition d’un semoir et d’un cultivateur.

«Les Mongols ont de l’éducation et s’y connaissent en techniques horticoles et agricoles. Ce dont ils ont besoin, c’est de machines adaptées et d’automatisation», a expliqué Ji Ergela, chef d’équipe au sein du programme de coopération Sud-Sud, qui a aussi fourni un appui technique au projet.

Lkhagva, son mari et bien d’autres participants ont acquis une riche expérience en pratiques et techniques agricoles grâce au projet entrepris dans le cadre du programme de coopération Sud-Sud FAO Chine. ©FAO

Des effets visibles sur les moyens d’existence

L’introduction de techniques de culture du fourrage dans le cadre du projet a montré que le maïs produit à partir de semences hybrides peut pousser correctement sous le climat mongol. La taille, le poids et le diamètre du maïs cultivé étaient plus importants, ce qui s’est traduit par une hausse de la masse verte produite pour nourrir les animaux et un meilleur rendement du fourrage par hectare.

La conservation de la végétation a engendré des avantages économiques immédiats, réduit la dépendance excessive à l’égard des pâtures et limité la dégradation des terres due au surpâturage. Ce surplus de fourrage a permis d’améliorer la qualité et le goût du lait, un avantage direct tant pour les éleveurs que pour les consommateurs mongols.

Les capacités et les rendements de Manlai Uurgach ont considérablement augmenté grâce à l’appui apporté au titre du projet. À l’aide des techniques de plantation de semis et aux nouveaux équipements, l’exploitation a agrandi sa zone de culture en y ajoutant cinq hectares de fourrage vert et la saison de croissance du maïs de la ferme a été prolongée grâce aux semis hybrides. Le nombre de serres a doublé, passant de trois à six.

«Ce projet a vraiment changé la donne pour nous», raconte Lkhagva, absolument ravie. «Aujourd’hui, avec dix hectares de fourrage vert, nous pouvons obtenir 5 000 balles de foin. Alors que nous n’avions que cinq têtes de bétail, nous en possédons désormais entre 70 et 80.»

Le projet de la FAO au titre du programme de coopération Sud-Sud en Mongolie

Le programme de coopération Sud-Sud est un cadre dans lequel des pays en développement peuvent échanger et mettre en commun leurs connaissances pratiques, leurs expériences, leurs ressources et leurs solutions techniques afin de surmonter des difficultés communes pendant la phase de développement.

Initialement doté de 30 millions d’USD versés par le Gouvernement chinois, le programme de coopération Sud-Sud FAO-Chine a été mis sur pied en 2009 pour contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et favoriser les pratiques agricoles durables dans les pays en développement. Au total, la Chine a contribué à hauteur de 130 millions d’USD.

C’est en Mongolie qu’a été mis en œuvre le premier projet national asiatique mené au titre du programme. Ce projet était destiné à combler les déficits en matière de moyens techniques qui empêchaient le pays d’accroître sa production et ses rendements dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage.

Les spécialistes chinois ont épaulé plus de 28 entités hôtes, notamment des exploitations individuelles privées, des ONG et des organismes publics, en leur fournissant un appui et une assistance technique en matière d’élevage, de production végétale, de sécurité sanitaire des aliments et de commerce de gros ainsi que des services de vulgarisation.

Lkhagva et bien d’autres participants ont acquis une expérience considérable de pratiques et techniques agricoles, qu’ils appliqueront en Mongolie afin d’améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie.

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