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Étendre la couverture sociale aux pêcheurs et aux travailleurs du secteur de la pêche en Tunisie


La protection sociale offre aux travailleurs une stabilité économique et sociale.

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La FAO, dans le cadre de son projet de protection sociale dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture qui est financé par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement, travaille avec le Gouvernement tunisien afin d’étendre la couverture sociale aux artisans pêcheurs et aux travailleurs du secteur de la pêche, qui n’ont pas toujours accès aux services sociaux ou ne remplissent pas toujours les conditions pour bénéficier d’une aide de l’État. ©FAO/Faten Aouadi

27/07/2023

À seulement 28 ans, Abdessalem Kandil pêche au large des côtes du nord de la Tunisie depuis plus d’une décennie. Dorades, seiches, crevettes et poulpes: voilà ce qu’il s’attendait auparavant à trouver parmi ses prises du jour. Aujourd’hui, bien qu’il se lève tous les jours à trois heures du matin pour aller pêcher, il rentre souvent à la maison les mains vides.

«Quand je sors en mer, il m’arrive de rentrer sans une seule prise», affirme-t-il. «Nous bataillons chaque jour pour gagner de l’argent. Parfois, je n’arrive pas à payer mon loyer.»

Le changement climatique, la pollution, la surpêche et les espèces envahissantes ont eu des répercussions sur les stocks de poisson en Tunisie.

Pour Abdessalem et de nombreux autres pêcheurs, cette source de revenu est la seule sur laquelle ils peuvent compter. Les artisans pêcheurs n’ont pas toujours accès aux services sociaux ou ne remplissent pas toujours les conditions pour bénéficier de l’aide qu’apporte l’État au moyen des systèmes d’allocation chômage, de santé ou de retraite. Le fait que leur travail soit saisonnier signifie également qu’ils ne gagnent pas suffisamment pour contribuer aux systèmes de sécurité sociale.

Abdessalem, qui est père de deux enfants, doit parfois faire appel à la générosité de ses amis pour survivre.

«Quand les choses ne vont pas bien, j’emprunte de l’argent à des amis en leur promettant que, grâce à la prochaine production, je pourrais les rembourser. Parfois, je n’y arrive pas», affirme-t-il.

Taher Hamza, qui est également pêcheur et a quatre enfants, lutte lui aussi pour gagner sa vie en pêchant des anguilles. Comme Abdessalem, il n’a pas droit à la protection sociale. «La plupart des pêcheurs ne reçoivent aucune aide de l’État», affirme Taher.

La protection sociale est un filet de sécurité pour les personnes et un élément essentiel pour parvenir à une croissance inclusive et réduire la pauvreté. Pourtant, d’après l’Organisation internationale du Travail, plus de la moitié de la population mondiale, en particulier les femmes, n’en bénéficie pas.

Dans le cadre du projet de protection sociale dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture (SocPro4Fish), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), grâce au financement de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement, travaille avec le Gouvernement tunisien afin d’étendre la couverture sociale aux pêcheurs et aux travailleurs du secteur de la pêche.

Les capacités nationales sont renforcées grâce au projet, qui aide à mieux comprendre les obstacles qui entravent l’accès des pêcheurs à la protection sociale et permet d’étudier comment étendre celle-ci à un secteur dont le caractère informel et saisonnier est très marqué.

La protection sociale est un filet de sécurité pour les personnes et un élément essentiel pour parvenir à une croissance inclusive et réduire la pauvreté. Pourtant, plus de la moitié de la population mondiale n’en bénéficie pas. ©FAO/ Faten Aouadi

La sensibilisation: première étape vers l’accès à la protection sociale

Les artisans pêcheurs connaissent souvent mal les programmes de protection sociale qui existent. Les résultats préliminaires d’une étude menée par un partenaire de la FAO, le Centre de recherche et d’études sociales (CRES), en collaboration avec le Ministère des affaires sociales de la Tunisie, ont montré que de nombreux pêcheurs ne pensaient pas pouvoir bénéficier de ces programmes.

«Trop souvent, les pêcheurs ne savent pas qu’ils peuvent avoir accès à des services», affirme Daniela Kalikoski, Fonctionnaire technique principale de la FAO.

Aux côtés du Ministère de l’agriculture et du Ministère des affaires sociales de la Tunisie, du CRES et de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche, la FAO contribue à faire connaître plus largement les mécanismes existants et aide les pêcheurs et les travailleurs du secteur à y accéder.

Simplifier la couverture

Actuellement, de nombreux pêcheurs ont également des difficultés à s’inscrire au système de sécurité sociale tunisien en raison de la nature informelle et saisonnière de leur travail. Le système est complexe et comprend quatre régimes de sécurité sociale distincts, en fonction des différentes catégories de pêcheurs, ce qui crée de la confusion ou donne lieu à des procédures bureaucratiques qui limitent souvent la couverture au sein du secteur. Dans le cadre du projet SocPro4Fish, on cherche à assouplir les conditions afin de les faire correspondre à la capacité de contribution des pêcheurs.

«L’amélioration du système de sécurité sociale des pêcheurs a des effets directs sur leur travail, car elle leur permet d’accéder plus facilement aux divers services des différents régimes de protection sociale», affirme Yessine Ben Arfa, chercheur dans le domaine de la pêche au Ministère de l’agriculture, des ressources en eau et des pêches et coordonnateur national du projet SocPro4Fish.

«Les différents niveaux de contribution seront alignés sur les niveaux de revenu des pêcheurs et le coût de la vie pour leurs foyers», poursuit-il.

Le projet SocPro4Fish a permis d’établir un comité technique auquel participent les autorités nationales et des représentants de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche et de l’Association tunisienne pour le développement de la pêche artisanale, lequel a pour but de simplifier la couverture sociale et de l’étendre au secteur de la pêche. En outre, grâce au projet, on a pu créer un registre qui recense les pêcheurs et les travailleurs du secteur, ainsi que leurs revenus et leurs besoins.

«L’objectif du projet consiste à améliorer les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs en renforçant les capacités du pays à étendre aux pêcheurs l’accès aux services de protection sociale et à accroître leur résilience face aux crises», affirme Mme Kalikoski.

L’objectif du projet, à terme, est d’instaurer l’inclusion économique et d’étendre aux pêcheurs et aux travailleurs du secteur l’accès au système de protection sociale. ©FAO/ Faten Aouadi

Mabrouka Ayadi, une veuve de 70 ans qui a pêché toute sa vie, ne reçoit aucune pension de retraite ni assurance-maladie de la part de l’État. Elle espère que, grâce au projet SocPro4Fish, une couverture sociale suffisante qui contribuera à sa santé et à son bien-être sera mise en place dans le secteur de la pêche.

«Je dois veiller à ce que mes soins de santé soient couverts. J’ai quatre enfants à la maison et leurs vies dépendent de ce que je pêche», explique-t-elle.

En améliorant la cohérence entre la protection sociale et les politiques en matière de pêche, le programme réduit la pauvreté dans le secteur, dont il favorise le développement. Le projet SocPro4Fish vise également à offrir une couverture sociale à des travailleurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture dans d’autres pays du monde.

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