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Les agriculteurs kosovars surmontent les inondations


Lorsqu’une catastrophe se produit, les bons d’achat jettent un pont entre la ruine des activités agricoles et la reprise

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Pajazit Thaci montre les pierres laissées sur sa ferme par les inondations dévastatrices survenues dans le sud-ouest du Kosovo1 en janvier 2023. ©FAO

22/01/2024

Au cœur de la zone agricole du Kosovo1, sous un soleil radieux, nous voici avec Pajazit Thaci, âgé de 81 ans. Son visage porte les traces de sept décennies de travail agricole, mais son esprit est resté jeune et vif. La présence de Pajazit n’échappe à personne, tout le village reconnait sa chemise blanche classique. Il est très attaché à la terre et attend toujours la prochaine récolte avec impatience.

En janvier 2023, Pajazit a fait face à l’une des épreuves les plus difficiles qu’il ait connu en tant qu’agriculteur. Dans le village de Qiflak, sur la commune de Rahovec/Orahovac, située dans le sud-ouest du Kosovo, de fortes précipitations ont fait sortir le Drin de son lit, provoquant des inondations dévastatrices qui ont recouvert plus d’un hectare de ses champs de blé.

Les répercussions des inondations ont été encore plus désastreuses que les dommages immédiats. Les eaux de crue ont laissé derrière elles une épaisse couche de pierres et de sable sur cette terre auparavant fertile, rendant de vastes portions de ses terres incultivables.

Non seulement Pajazit a perdu ses cultures en cours, mais sa récolte annuelle habituelle s’en trouve fortement diminuée. Avec cet épisode d’inondations, Pajazit a perdu l’argent qui aurait permis de subvenir aux besoins de sa famille pendant trois mois.

Lorsqu’il saisit une enveloppe fournie par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il sait que les bons d’achat qu’elle contient l’aideront à réhabiliter ses terres et à reprendre ses activités agricoles.

Ces bons d’achat ne sont pas qu’un soutien financier, ils constituent une reconnaissance des efforts qu’il déploie en tant qu’agriculteur pour produire de la nourriture, pour lui-même et pour sa communauté, et de sa volonté de continuer à le faire.

Les fortes pluies ont fait déborder plusieurs cours d’eau, causant d’importantes inondations. La FAO a distribué des bons d’achat aux agriculteurs afin qu’ils puissent reprendre leurs activités. ©FAO

Ces dégâts considérables n’étaient pas seulement le fait de la nature: l’activité humaine a aggravé le problème. Pendant plus de 20 ans, des excavations non contrôlées ont été réalisées aux abords du Drin. Les barrières naturelles de 5 mètres, formées par le flot du fleuve au fil des siècles, se sont érodées à cause de l’extraction continue de sable, compromettant plus de 400 hectares de terres agricoles, dont celles de Pajazit et de ses voisins.

Se remémorant le passé, Pajazit raconte: «Je me rappelle qu’à une époque, le fleuve était à plus de 50 mètres de mes terres. Maintenant, à cause des excavations de sable non contrôlées, il est à 25 mètres à peine.»

Étant donné l’état de ses terres, recouvertes de pierres et de débris, il n’a pas été possible de planter de blé à l’automne.

«Il faut débarrasser les terres des pierres et du sable pour pouvoir recommencer à cultiver. On utilise actuellement ces pierres pour construire une barrière, qui protègera mes terres des inondations futures», explique Pajazit.

Malgré les difficultés, Pajazit est résolu à reprendre la culture. Aidé de Sait, un neveu dynamique, il a entamé la tâche ardue de réhabilitation de ses terres, enlevant les débris à la main. Tous deux ont rempli des sacs avec le sable et les pierres retirées, et ont improvisé une digue pour empêcher les futures inondations. Les bons de la FAO facilitant l’achet d’engrais et de matériel pour stocker ses récoltes, Pajazit se concentre sur la plantation de maïs et espère une récolte prospère à la prochaine saison.

Rivières gonflées

Sur les collines vallonnées de Leposavsko Polje, dans la commune de Leposaviq/Leposavić, dans le nord du Kosovo, les fortes pluies ont gonflé un autre cours d’eau, qui est aussi sorti de son lit.

Pas plus tard que l’an dernier, Živana Petronijević, 54 ans et veuve, a fait l’acquisition d’un terrain de 2 100 mètres carrés dans le village voisin de Ibarska Slatina et y a installé une serre de 150 mètres carrés pour cultiver des fraises. Cependant, les inondations de janvier 2023, causées par la crue de la rivière Ibar, due aux pluies abondantes, ont dévasté sa serre, ne laissant de son travail acharné que des ruines.

Toutefois, l’état d’esprit de Živana est resté intact et, de la fin de l’été au début de l’automne, Slavko, son fils de 24 ans, et elle ont cueilli des champignons et du genièvre sauvages. Leurs efforts ont payé et avec l’argent gagné, ils ont non seulement reconstruit la serre mais l’ont agrandie, en partie grâce aux bons d’achat de la FAO, qu’ils ont utilisés pour acquérir des engrais et du matériel d’irrigation. Ayant investi dans deux serres supplémentaires, ils ont repris la culture des fraises, bien décidés à compenser leurs pertes.

Malgré l’absence de machines sophistiquées, Živana et Slavko travaillent sans relâche, s’occupant de leurs terres et de leur troupeau de plus de 60 poulets. «Je suis active au quotidien, mais en janvier et en février, quand l’activité ralentit, je suis pleine de douleurs», confie Živana avec le sourire, les yeux pétillants de vie et de motivation. «Quand je travaille la terre, je ne ressens aucune douleur.»

De par sa personnalité chaleureuse, son naturel avenant et son dévouement indéfectible à sa ferme, Živana incarne la force pour sa communauté.

Živana Petronijević au milieu de ses plants de fraisier dans sa serre fraîchement reconstruite. ©FAO

Pour Pajazit comme pour Živana, les inondations ont été un rappel de la force ambivalente de la nature: une force qui peut aussi bien nourrir que détruire. Živana s’emploie maintenant à étendre son exploitation tout en investissant pour l’avenir. Grâce à l’aide que constituent les bons d’achat de la FAO pour relancer leurs activités, ces deux agriculteurs sont plus confiants quant à un avenir prospère.

Au total, plus de 900 ménages agricoles dans 9 communes ont vu leurs terres et leurs actifs dégradés par les inondations. La FAO a pu fournir une aide agricole sous la forme de bons d’achat grâce au financement de la Swiss Development Corporation. Au Kosovo, 98 % des ménages agricoles pratiquent l’agriculture de subsistance. Les inondations ont donc eu une incidence directe sur leur sécurité alimentaire.

Les inondations sont un problème récurrent au Kosovo. Des inondations d’une ampleur similaire se sont produites en juin 2008, décembre 2010, mars 2013, novembre 2016 et juin 2019, et toutes étaient dues à précipitations abondantes.

La FAO renforce les capacités des autorités locales en matière de préparation à l’intervention d’urgence et d’évaluation des dommages et des pertes à la suite d’une catastrophe. En outre, lorsqu’une catastrophe ou une crise survient, les bons d’achat permettent aux agriculteurs de choisir auprès de fournisseurs locaux les intrants agricoles dont ils ont le plus besoin pour relancer leurs activités et rebondir rapidement.

1 Les références au «Kosovo» s’entendent au sens de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.

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