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Les moyens de subsistance ruraux jettent les bases d’une paix durable en Colombie


La FAO collabore avec les communautés du département de Chocó pour rétablir les moyens d’existence à la suite du conflit

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La FAO et le Fonds central pour les interventions d’urgence collaborent avec les populations colombiennes pour reconstruire et préserver la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des villageois après la conclusion en 2016 d’un accord de paix visant à mettre un terme au conflit. ©FAO

16/11/2022

La vie des résidents de la petite communauté de Cedro, dans le département colombien du Pacifique de Chocó, a été difficile ces dernières années. Leur région a subi des inondations dévastatrices, des cultures illégales et des vagues de conflit armé, qui les ont parfois forcés à quitter leur domicile ou les ont laissés sans moyens de subsistance.

Ces dernières décennies, les violences ont déplacé des millions de Colombiens à l’intérieur du pays. Un accord de paix conclu en 2016 entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a marqué un tournant décisif. Pourtant, six ans plus tard, dans les provinces traditionnellement touchées par le conflit, les violences et les déplacements se poursuivent, et 7,35 millions de personnes dans le pays ont encore besoin de recevoir une aide en matière de sécurité alimentaire.

Cependant, ne serait-ce que pour les villageois de Cedro, la vie quotidienne est devenue plus calme et plus normale depuis peu. «Aujourd’hui, les enfants surveillent les poules. Lorsqu’elles caquettent, ils vont récupérer les œufs, et quand le soleil se lève, les femmes vont cueillir les légumes. Nous économisons de l’argent puisque nos cultures sont ici, à portée de main, et nous n’avons pas besoin d’acheter des oignons et des tomates», explique M. Edgar Mosquera, membre influent de la communauté.

Ce dernier contribue à la mise en œuvre d’un projet de la FAO et du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence visant à subvenir aux besoins des villageois en matière d’alimentation et de moyens de subsistance, et à leur donner les moyens de retrouver une vie normale. Les 11 familles résidant dans ce village fondé il y a 20 ans se connaissent depuis toujours. Edgar raconte qu’il est assez facile de répondre aux différents besoins des membres de la communauté. «Nous sommes très soudés. Tout ce que nous disons est approuvé par l’ensemble de la communauté, et c’est pour cela qu’elle fonctionne aussi bien», souligne-t-il.

Cedro fait partie des 37 communautés de Chocó et du département de Nariño, composées de 1 161 familles (5 805 personnes au total), qui ont bénéficié d’un appui de la FAO et du Fonds central. Cette aide était principalement consacrée à la reprise rapide de la production de cultures essentielles à leur sécurité nutritionnelle et alimentaire, pour leur permettre d’avoir des moyens de subsistance paisibles et légitimes.

Pour ce faire, la FAO et le Fonds central ont mis en place 23 centres de formation et de démonstration, ainsi que des potagers et des systèmes d’élevage familial axés sur la volaille, les poissons et les cobayes, et ont organisé des sessions hebdomadaires de formation aux pratiques de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires et des risques de catastrophe, et d’adaptation au changement climatique. Des activités du projet ont été menées directement par la FAO dans certains domaines, et d’autres ont été mises en œuvre avec l’appui de son partenaire d’exécution, Corporación Integral para el Desarrollo Comunitario Corpocaminar.

L’aide apportée par la FAO et le Fonds central pour les interventions d’urgence dans les départements de Chocó et de Nariño était axée sur la reprise de l’exploitation de cultures essentielles grâce à l’exploitation de potagers et à l’élevage, tous deux e

Ces initiatives portent manifestement leurs fruits. C’est ainsi que la communauté d’Almendró, qui a été touchée par des inondations sans précédent en janvier 2020, a pu éviter aux potagers et aux unités d’élevage des familles de subir des pertes et des dégâts, en adoptant des pratiques de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique.

En plus des poules qui leur fournissent des œufs de manière régulière, «les familles ont déjà des potagers et des cultures diversifiées avec toute la nourriture dont elles ont besoin», explique Edgar. Il s’agit notamment d’ananas, de goyaves et de narangilles [fruit local en forme d’orange].

Les familles mettent également en place des projets plus ambitieux, dont une initiative visant à produire et vendre des panelas, à savoir des pains de canne à sucre brut, et ont été choisies pour bénéficier d’un autre projet financé par le Service d’aide humanitaire de la Commission européenne. Cela leur a permis de se former à la gestion financière, à l’entrepreneuriat, aux compétences d’entrepreneuriat social et à la gestion des risques.

D’après le superviseur technique de la FAO à Chocó, M. Servando Cuesta Mosquera, l’une des principales réussites de ce projet tient au fait que les populations locales ont commercialisé leurs produits au sein même de leurs communautés. Elles ont produit des œufs, des poulets de chair et du porc, entre autres denrées alimentaires. «Le projet a également permis d’aider les groupes de pêcheurs, qui ont reçu des équipements de pêche artisanale grâce auxquels les familles ont pu percevoir des revenus.»

Toutefois, cette initiative n’a pas seulement contribué à garantir la sécurité alimentaire et des perspectives économiques à Cedro et dans d’autres communautés. «Ce projet nous a aidés à retrouver les coutumes que nous étions en train de perdre. Nous avons bénéficié de conseils et de formations qui nous ont aidés à accomplir beaucoup de choses, et j’ai toujours dit à mon peuple que nous devrions en profiter, car les connaissances qu’on en tire resteront avec nous toute notre vie», raconte Edgar.

Le superviseur technique du projet de la FAO, M. Servando Cuesta Mosquera, originaire de la région de Chocó et victime des violences, tire parti de sa propre expérience du conflit pour contribuer aux activités du projet menées en collaboration avec les communautés. ©FAO/Harben Quint

Il s’agit d’un des départements colombiens les plus pauvres et les plus dévastés par la violence, où des milliers de personnes ont parfois dû quitter leur foyer à cause de conflits impliquant des groupes armés. «Nous avons reçu un soutien psychosocial, qui a été très important pour la communauté, car nous avons été déplacés et nous n’aurions jamais pu consulter de psychologues pour écouter leurs conseils. Nous nous sommes sentis soutenus par la FAO et par Corpocaminar», a ajouté Edgar.

«Afin d’obtenir la confiance des populations, il est essentiel que des membres du personnel soient profondément enracinés dans la région», juge Servando. «Nous avons grandi ici et nous connaissons très bien le fonctionnement de ces communautés, ce qui nous permet de savoir les servir au mieux.»

Bien qu’une grande partie du département continue de souffrir des violences, «les travaux menés par la FAO et ses partenaires pour aider les communautés à assurer leurs moyens d’existence permettent aux populations de réellement participer à la paix et concrétiser leur désir d’aller de l’avant et de vivre une vie normale, ce qui contribue grandement aux perspectives à long terme de la région», estime le Représentant de la FAO en Colombie, M. Alan Bojanic.

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