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Sécher le poisson au soleil à la somalienne


Former les femmes pour lutter contre la faim et renforcer les communautés côtières

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Une femme se rend à la plage pour attendre une équipe de pêcheurs au Puntland, en Somalie. Les communautés côtières comptent parmi les plus exposées à l'insécurité alimentaire dans le pays.
© FAO / Karel Prinsloo

25/01/2018

La Somalie peut se targuer de posséder le plus long littoral du continent africain.

L’industrie halieutique du pays est pourtant l’une des moins développées au monde ; la pêche représente seulement un pour cent du produit intérieur brut annuel (PIB).

Les communautés côtières sont unes des personnes les plus exposées à l'insécurité alimentaire dans le pays.

Pour y faire face, la FAO forme des femmes aux techniques de séchage de poisson au soleil afin qu’il soit ensuite consommé et que ces dernières puissent gagner un revenu. La FAO organise également des ateliers pour apprendre de nouvelles techniques aux pêcheurs en vue d’accroître  leur productivité et d’améliorer l’accès de tous à une alimentation nutritive.

Un pêcheur transporte ses poissons à Bossaso (à gauche).
Hawa veille sur les filets de poisson pendant qu'ils sèchent au soleil dans un camp de déplacés à Bossaso. © FAO / Arete / Will Baxter

Les femmes apprennent de nouvelles techniques visant à lutter contre la faim et à aider leurs communautés

Hawa Mohamed Abdi vit dans un camp de déplacés à Bossaso, une ville côtière dans le nord de la Somalie.

Depuis plus de deux décennies, c’est dans ce camp, où l’on peut distinguer des rangées d'abris de fer et des chemins étendus, qu’elle a élu domicile.

«Ici, dans ce camp, nous sommes tous pauvres. Parfois, nous ne mangeons qu’une seule fois par jour, d’autres fois deux. Manger trois fois par jour est rare», dit- elle.

L’année dernière, Hawa a rejoint un groupe d’autres femmes issues du camp pour apprendre à sécher le poisson au soleil.

Le processus implique de nettoyer et de traiter le poisson, puis de le sécher et de l’emballer en ayant recours à des techniques écologiques et durables.

La FAO s’occupe des formations et fournit les outils et l’équipement – des couteaux aux vêtements de protection, en passant par les tables de séchage et le matériel nécessaire à l’emballage. Jusqu’à ce jour, plus de 60 femmes ont pu bénéficier d’une formation et d’ici fin 2018, la FAO envisage de former 160 autres femmes.

Chaque matin, les femmes se rassemblent autour de leurs tables avec du poisson fraichement livré – en l’occurrence du poisson pélagique considéré comme sous-exploité – et retroussent leurs manches, prêtes à travailler.

Comment sécher du poisson au soleil ?

«D’abord, vous tirez l’eau de la pompe puis vous la mélanger avec du chlore et du détergent pour laver les tables et les couteaux», explique Hawa.

Tout doit être parfaitement propre.

Certaines femmes commencent ensuite à couper et à éviscérer le poisson, donnant ensuite les filets de poisson à un autre groupe de femmes. Les têtes des poissons, qui ne sont pas emballées, sont mises de côté pour pouvoir être utilisées dans des soupes.

Une femme, dans un camp de déplacés à Bossaso, tient un plat à base de poisson séché au soleil.
© FAO / Arete / Will Baxter

Pendant ce temps, un groupe de femmes prépare et nettoie les séchoirs - faits de fibre de verre  et installés par les pêcheurs, eux-mêmes formés par la FAO à la construction de bateaux plus sécurisés et économiques en carburant.

A présent, les filets peuvent être disposés sur les séchoirs. Ils doivent sécher pendant une journée entière mais ne peuvent être laissés à sécher tous seuls. Ainsi, les femmes montent la garde autour des séchoirs, chassant inlassablement les mouches attirées par l’odeur du poisson frais et s’appliquant à tourner régulièrement le poisson de manière à ce que les deux côtés puissent sécher correctement et soient stérilisés par le soleil.

Une fois séchés, les femmes peuvent maintenant ramasser les filets.

«Avant de faire cela, j’étais porteuse dans un marché. Mon mari travaille toujours en tant que porteur. D’autres personnes issues du camp gagnent leur vie en poussant des charrettes ou en vendant de petites choses au marché. Avec le peu que nous gagnons, nous pouvons seulement acheter du riz et des pâtes. Surtout du riz, on aimerait bien acheter d’autres types de nourriture mais nous ne pouvons pas nous le permettre», explique Hawa.

A présent, Hawa et sa famille peuvent également acheter du poisson. La plupart des poissons séchés au soleil sont consommés par les personnes vivant dans le camp, leur fournissant ainsi des nutriments essentiels. Six mois après avoir été séché au soleil, le poisson peut encore être consommé sans avoir besoin d’être stocké dans un frigo – un électroménager de luxe au camp – faisant de lui une source de nourriture fiable sur le long terme.

Tous les surplus de poisson sont vendus dans les marchés ou les boutiques. Les poissons sont achetés par les communautés qui n’ont pas accès aux installations nécessaires pour respecter la chaîne du froid. Le poisson est une source de nourriture et de revenus pour les femmes du camp, mais représente aussi une source essentielle de nourriture pour les autres communautés vulnérables et isolées.

«Ce travail m’a appris de nouvelles techniques. C’est une bonne chose car je ne pense pas que je pourrais vivre autre part. C’est ici que je me suis mariée et que mes enfants sont nés. C’est aussi ici que mes enfants se marieront», a ajouté Hawa.

Fish processing - Somalia
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Une réponse humanitaire massive a jusqu'ici empêché le pire, mais environ un quart de la population - soit plus de 3 millions de personnes - sont toujours aux prises avec de graves souffrances liées à la faim, et dans les régions les plus touchées, une situation de famine est toujours à craindre. 

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