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Jamaïque: mieux produire les piments forts


Pourquoi disposer de semences de qualité est fondamental pour produire la denrée emblématique de l’île

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La FAO travaille avec le centre de recherche public Bodles pour améliorer la qualité et la durabilité des piments forts de Jamaïque, un produit d’exportation de premier plan. ©Dainalyn Swaby

18/03/2025

Au fil de son parcours, Alex Sybron est passé des terrains de l’un des sports les plus populaires de Jamaïque à l’amélioration de la qualité et de la durabilité de l’un des produits d’exportation les plus prisés. Alex, aujourd’hui âgé de 33 ans, était bien parti pour faire carrière dans le cricket jusqu’à ce qu’il découvre la recherche en science agricole. Autrefois joueur de cricket polyvalent, il est devenu un professionnel du secteur agricole aux compétences multiples.

«Ma mère disait qu’une grosse blessure pourrait mettre un terme à ma carrière et que je devrais me concentrer davantage sur mes études. J’ai toujours été bon en biologie, c’est pourquoi j’ai continué sur cette voie. Je me suis ensuite passionné pour les plantes.»

C’est ainsi qu’il est devenu responsable de la sélection végétale et directeur de recherche senior par intérim de l’unité de recherche sur les plantes cultivées au centre de recherche public Bodles. Travaillant en étroite collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Alex et ses jeunes collègues ont la tâche énorme d’assurer la disponibilité de semences exemptes de maladies et d’organismes nuisibles.

«C’est important pour les agriculteurs de démarrer des cultures en utilisant le meilleur matériel végétal disponible. Cela donne un avantage pour augmenter la productivité agricole.» Il ne s’agit pas d’une solution miracle contre les organismes nuisibles, mais quand les ravageurs attaquent après la plantation, il y a plus de possibilités pour lutter contre l’infestation.

Produire des semences certifiées pour l’un des produits jamaïcains les plus recherchés à l’échelle nationale et internationale, à savoir les piments forts, est une mission importante du centre de recherche. Les piments forts jamaïcains sont reconnus dans le monde entier pour leur force et leur saveur. La Jamaïque se place environ au milieu du classement mondial des pays producteurs de piments forts. Sa production a rapidement augmenté ces dernières années et ce même malgré l’ouragan Beryl, qui a frappé le pays en juillet 2024.

Toutefois, des difficultés de production et la baisse de la qualité pèsent sur la demande et la compétitivité de ce produit emblématique.

«Le secteur semencier jamaïcain est actuellement très peu régulé. Cela permet à tout le monde de garder des semences qui peuvent être de faible qualité et de les faire entrer dans le circuit de distribution», explique Alex. Cela peut impacter à la fois le rendement et la qualité. Il en est de même quand les piments sont plantés trop près les uns des autres. En effet, cela accroît l’humidité et entrave la circulation de l’air, ce qui crée des conditions propices aux maladies fongiques et bactériennes.

La mise en place de pratiques optimales est l’un des points importants des formations menées par la FAO à destination des agriculteurs jamaïcains tels que Megan White. Megan White cultive des piments depuis 20 ans mais elle a tout de même appris des choses utiles sur la manière de planter et d’espacer les piments et de traiter plusieurs types de maladies. 

La FAO et ses partenaires forment les agriculteurs à de meilleurs méthodes de plantation et contribuent à assurer la disponibilité de semences exemptes de maladies et d’organismes nuisibles. À gauche/en haut: © Dainalyn Swaby. À droite/en bas: © FAO

Les phénomènes climatiques sont de plus en plus fréquents et extrêmes. Par exemple, d’après les agriculteurs de l’île, l’ouragan Beryl a anéanti jusqu’à 90 pour cent de la production de piments forts.

«Depuis Beryl, la [production] est extrêmement faible et vraiment difficile à cause des conditions météorologiques», explique Megan. Toutefois, elle raconte que grâce aux nouvelles techniques acquises, elle récolte trois à quatre fois plus de piments par arbre qu’auparavant.

«Nous vivons le changement climatique. La sélection et l’adaptation végétale impliquent de sélectionner les plantes cultivées présentant des caractères de résilience tels que la tolérance à la sécheresse, la tolérance à la chaleur, la tolérance au sel, etc.», explique Alex. «Les variétés sélectionnées ou améliorées comportant ces caractères donneront un avantage aux agriculteurs en termes de production, de productivité et de frais d’entretien.» 

Alex Sybron voulait autrefois devenir joueur de cricket professionnel. Il est désormais un membre essentiel du centre de recherche Bodles et travaille pour fournir des semences sûres et à haut rendement, ce qui contribue à améliorer la qualité des piments de Jamaïque et les revenus des agriculteurs. ©Javawney Crooks

Le travail d’équipe est sans doute le point commun avec la vie d’Alex sur les terrains de cricket. D’après lui, le rôle de son groupe est d’être «pionnier pour apporter des solutions à des problèmes agricoles». Grâce à leur collaboration avec la FAO, Alex et ses collègues espèrent surmonter de nombreuses difficultés pour atteindre la cible nationale, à savoir dépasser les 1 440 acres de piments forts de haute qualité.

Pour atteindre cet objectif, le projet de la FAO visant à améliorer la santé des végétaux, la sécurité sanitaire des aliments et les conditions d’accès aux marchés est mené en collaboration avec le Ministère de l’agriculture, de la pêche et des mines pour élaborer et mettre en œuvre un programme de certification de semences propres pour la production de piment.

Alex pense que cela changerait la donne en assurant la qualité et la pureté génétique des semences pour fournir aux agriculteurs des semences sûres et à haut rendement. Cela permettrait aussi d’augmenter la productivité agricole et d’améliorer la profitabilité des exploitations ainsi que leur potentiel d’exportation.

Il est également prévu dans le cadre de ce projet, soutenu par l’Institut de recherche et de développement agricoles des Caraïbes et financé par le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce, que soient mis à disposition une table densimétrique, un extracteur de semences et une machine d’immersion dans l’eau chaude pour remplacer le nettoyage manuel actuellement réalisé par 8 personnes. Les machines, plus rapides et plus efficaces, permettront d’obtenir une plus grande pureté génétique et d’augmenter le débit. Elles permettront aussi de mieux respecter les normes internationales, ce qui profitera à tous les acteurs de la chaîne de valeur: producteurs de semences, cultivateurs, agro-transformateurs et exportateurs.

C’est pourquoi, avec la FAO et d’autres partenaires dans leur équipe, Alex, l’ancien joueur de cricket reconverti dans l’agriculture, et les agriculteurs comme Megan, pourront tous progresser. Ainsi, les piments jamaïcains seront de meilleure qualité et les revenus des agriculteurs seront plus stables et plus résilients à l’avenir. 

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