Le miel comme priorité

17/05/2024

Patrick Uwingabire a commencé à s’initier à l’apiculture dès l’âge de 11 ans. Dans leur village de Huye, situé dans la Province du Sud au Rwanda, son oncle et son grand-père lui ont enseigné tout ce qu’ils savaient sur la fabrication des ruches et les soins à apporter à ces importantes créatures.

L’apiculture lui a ouvert une porte quand sa famille n’a plus été en mesure d’assumer ses frais de scolarité. «Je ne pouvais plus aller à l’école. Nous n’en avions pas les moyens. Les abeilles et le miel sont donc devenus mes planches de salut», explique cet homme de de 39 ans.

Aujourd’hui, Patrick dirige à Huye une coopérative de 15 apiculteurs, la Koperative Abavumvu b’ Umwuga ba Huye (KOPAHU), qui a bénéficié de l’aide fournie dans le cadre d’un projet financé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en vue de moderniser le secteur apicole au Rwanda.

Un volet essentiel du projet consistait à remplacer les ruches traditionnelles par 35 unités rectangulaires de conception contemporaine. Ces ruches modernes facilitent l’inspection et la récolte du miel, ce qui permet d’augmenter la production et de doubler ou tripler les revenus des apiculteurs.

Patrick et ses collègues apiculteurs ont également acquis de nouvelles compétences en matière de gestion des ruchers, de surveillance des ruches, de lutte contre les maladies et les parasites des abeilles, de commercialisation de leurs produits et de garantie d’une meilleure qualité du produit et d’une meilleure traçabilité de la ruche au client.

«Avant la formation dispensée par la FAO, nos connaissances étaient rudimentaires», explique Patrick. «Je récoltais alors 800 à 900 kilogrammes de miel par an. Aujourd’hui, j’en suis à plus de 2 tonnes».

La coopérative a également acquis plusieurs machines à filtrer le miel, jusqu’alors inconnues de ses membres, comme de la plupart des 120 000 apiculteurs du Rwanda. La FAO s’emploie activement à combler le retard technique en dispensant des formations sur les méthodes et les équipements modernes et elle a déjà formé 9 000 apiculteurs rwandais.

«Nous avons été frappés par l’efficacité de cette nouvelle technologie», affirme Patrick, «[avec l’augmentation de la production], j’ai pu construire une maison sur une partie du terrain que j’avais acheté grâce aux revenus du miel. Je subviens aux besoins de ma famille et je peux payer la scolarité de mes enfants».

Nguyen Van Son, apiculteur vivant dans les montagnes du Viet Nam, emprunte la même voie, mais dans une région reculée de l’autre bout du monde. Bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés, Patrick et lui ont en commun la même volonté d’innover. Son, un homme vif dont les cheveux argentés coiffent un visage juvénile, s’occupe de ses ruches dans le paysage tropical verdoyant de la région montagneuse du nord du Viet Nam.

Cet apiculteur chevronné, fort de 40 ans d’expérience, raconte: «L’apiculture nous permet à moi et aux miens de dégager un revenu stable. Elle apporte des avantages économiques à ma famille et des produits à base de miel à ma communauté».

Patrick et Son ont également en commun le fait que leurs pays respectifs participent activement à l’initiative «Un pays, un produit prioritaire» de la FAO, le miel étant le produit prioritaire choisi.

Cette initiative vise à améliorer l’ensemble de la chaîne de valeur d’un produit choisi par un pays dont le potentiel est jugé important. Dans le cas de ces projets concernant l’apiculture, la FAO apporte son soutien à l’amélioration des méthodes de production et de transformation du miel et à l’optimisation des bénéfices pour les producteurs et les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement.

Dans le cadre de l’initiative «Un pays, un produit prioritaire», la FAO met en avant l’adoption de pratiques écologiquement durables visant à réduire la dépendance à l’égard de produits chimiques toxiques et à cultiver un écosystème harmonisé. Parallèlement, des programmes d’information ont pour objet de sensibiliser les personnes qui vivent à proximité des ruchers à l’importance des abeilles et de la pollinisation et de les dissuader d’exterminer ces insectes, qui ne sont pas des parasites nuisibles.  

Le climat du Viet Nam et l’abondance de fleurs sauvages et de fruits tropicaux tels que le longan, qui est un cousin du litchi, en font un jardin des délices pour l’abeille asiatique, qui y produit un miel à la saveur légère et fruitée incomparable. L’un des principaux objectifs de l’initiative «Un pays, un produit prioritaire» est d’aider le Viet Nam à développer les marchés d’exportation du miel dans le monde entier.

Le pays étant activement engagé dans l’initiative, M. Son se réjouit «que le miel ait été choisi comme produit prioritaire pour l’exportation. Nous comptons bien développer encore l’apiculture afin de promouvoir le miel vietnamien dans le monde entier».

Depuis le lancement de l’initiative «Un pays, un produit prioritaire» de la FAO en septembre 2021, plus de 85 pays se sont engagés à promouvoir 54 produits agricoles.

Outre le Rwanda et le Viet Nam, le Bénin et le Chili ont également choisi le miel comme produit prioritaire, et la FAO a mis en place des programmes de formation et de soutien similaires afin de renforcer le secteur apicole de ces pays et de permettre aux producteurs de promouvoir le miel et ses produits dérivés sur les marchés régionaux et mondiaux. 

Liens utiles

Pour en savoir plus

• Site web: Initiative «Un pays, un produit prioritaire» de la FAO
• Site web: Journée mondiale des abeilles – 20 mai
• Site web: La FAO au Viet Nam (en anglais)
• Site web: La FAO au Rwanda (en anglais)
• Histoires: Articles thématiques de la FAO sur les abeilles