FAO en République centrafricaine

Histoires de réussite

Plus de 14 500 ménages soutenus par la FAO en République centrafricaine grâce au Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies

 

Depuis plusieurs années, la République centrafricaine est touchée par de multiples conflits, dont militaro-politiques, les conséquences des effets du changement climatique (inondations et sécheresses) et les répercussions de la crise en Ukraine, qui ont exacerbé les conditions de vie de populations déjà vulnérables. Ces facteurs ont entraîné une baisse de la production agricole, débouchant sur de nouveaux taux d’insécurité alimentaire dans certaines régions du pays. De plus, l’importation de produits de première nécessité a été fortement perturbée par les effets du conflit russo-ukrainien. Face à ces enjeux, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a soutenu les priorités du gouvernement centrafricain et de ses partenaires, afin d’améliorer la sécurité alimentaire des populations et réduire la pauvreté, notamment par la mise en place de services de vulgarisation agricole, l’introduction de nouvelles technologies et l’amélioration de l’accès aux intrants agricoles.

Le projet intitulé «Assistance d’urgence au renforcement des capacités de production alimentaire des populations vulnérables centrafricaines touchées par l’impact des conflits internes et de la crise en Ukraine», financé par le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies pour un montant de 3,5 millions d’USD, a pour objectif de restaurer les moyens de subsistance et améliorer la sécurité alimentaire de 100 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire et touchées par les conséquences des conflits, dont des personnes déplacées internes, des retournés, des familles d’accueil et des personnes en situation de handicap. Les ménages identifiés des sous-préfectures de Bocaranga, Koui, Kaga-Bandoro, Dékoa, Kouango, Ippy et Alindao, ont bénéficié notamment d’activités de transferts monétaires afin de réduire leur vulnérabilité face aux chocs et de leur permettre de subvenir à leurs besoins alimentaires.

« Grâce à ce projet, la FAO a injecté plus de 870,6 millions d’XAF dans l’économie des villes bénéficiaires à travers la distribution de transferts monétaires à 14 511 ménages. Ces transferts en espèces apportent un soutien dont les populations rurales ont grand besoin. Nous sommes convaincus qu’ils peuvent avoir un impact immédiat et significatif sur les ménages bénéficiaires ainsi que sur leurs communautés.» affirme Walter De Oliveira, Représentant de la FAO en République centrafricaine.

En effet, grâce aux transferts monétaires directs, les ménages bénéficiaires ont pu acheter des produits de première nécessité, tels que des vivres, des médicaments, des vêtements ou des fournitures scolaires pour leurs enfants. Ceux-ci ont également permis d’améliorer leur accès aux soins de santé, à l’éducation et aux activités génératrices de revenus. «Avant ces crises, nous vivions bien dans notre ville, avec quelques têtes de bétail, un grand champ pour mon mari et un pour moi. Lorsque notre ville a été attaquée par des hommes armés, nous avons tout perdu. Nous avons fui notre maison pour nous réfugier sur le site de l’église catholique pendant presque cinq ans. Pendant ce temps notre maison est tombée en ruine, nos champs envahis par les mauvaises herbes et nos bétails emportés. Quand nous avons décidé de quitter le site, il a fallu tout recommencer à zéro. Pendant plusieurs mois, nous avons survécu grâce aux ramassages de bois. Aujourd’hui grâce à l’aide de 60 000 XAF que j’ai reçue, une nouvelle vie vient de commencer pour moi, mes six enfants et toute la famille. J’ai déjà investi une partie dans la production d’huile de palme et la fabrication de savon traditionnel et une partie va me permettre de cultiver un nouveau champ. J’ai aussi prévu d’inscrire deux de mes enfants à l’école. Les bénéfices que je vais récolter de la vente de l’huile et du savon vont nous permettre de nous nourrir afin d’avoir la force d’aller au champ.» témoigne Amina Sidonie bénéficiaire des transferts monétaires à Alindao.  

Pour Djénaba, présidente de l’Association des veuves d’Alindao, ce projet est une bénédiction pour toutes les femmes qui ont perdu leurs maris pendant la période de crise: «La guerre et les maladies ont emporté nos maris et nos braves garçons. Depuis plusieurs années, nous nous battons nous-mêmes pour subvenir à nos besoins et ceux de nos familles dont nous sommes désormais les responsables. Beaucoup d’entre nous vivent dans des maisons en piteux états. Cet argent va nous aider à réparer nos maisons, une bonne partie va être utilisée pour augmenter la quantité de nos animaux pour le petit élevage, pour nos cultures maraîchères et pour nos champs.» 

La réussite des activités de transferts monétaire du présent projet a également reposé sur une innovation apportée à travers l’outil Identification, Delivery and Empowerment Application (IDEA), développé par la FAO pour l’enregistrement biométrique et la reconnaissance faciale des bénéficiaires de projets, lors des distributions de transferts monétaires, d’intrants agricoles ou de foires aux animaux. L’outil IDEA permet ainsi d’identifier de manière fiable et rapide les personnes éligibles à recevoir une assistance de la FAO, tout en minimisant le risque de fraude ou de doublons.

«L’enregistrement biométrique des bénéficiaires, permet de détecter les cas de doublons et les fraudes, et assure que l’aide est distribuée de manière équitable aux personnes qui en ont réellement besoin. Les données collectées par IDEA, sont stockées de manière sécurisée et confidentielle sur un serveur. IDEA est simple à paramétrer et peut être utilisé sur des smartphones ou des tablettes. Cet outil permet de faire une reconnaissance faciale biométrique des bénéficiaires, au moment de la distribution des transferts monétaires, des intrants agricoles ou des foires aux animaux. L’outil est également doté de fonctionnalités d’analyse de données qui permettent de suivre les progrès d’un projet et de prendre des décisions éclairées en temps réel.» explique l’Expert en transferts monétaires de la FAO en République centrafricaine.

Le projet a eu un impact positif sur la vie des populations assistées, en leur permettant de recouvrir leurs capacités productives et leurs moyens d’existence afin de subvenir à leurs besoins alimentaires et participer activement à la vie économique et sociale de leurs communautés. Les transferts monétaires fournis ont ainsi permis d’améliorer le niveau de vie des ménages et réduire leur vulnérabilité.

27/10/2022

République centrafricaine : Atténuer les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Enclavée au cœur de l’Afrique, la République centrafricaine connait des défis économique, social et sécuritaire importants. Parmi ceux, l’insécurité alimentaire reste étendue sur le territoire. Le pays fait face régulièrement à des chocs climatiques et à des catastrophes qui accroissent l’insécurité alimentaire, exacerbant ainsi les vulnérabilités de sa population.

Face à l’impact des chocs économiques induits par les conflits récurrents, la pandémie de COVID-19, la hausse des prix et les inondations récurrentes sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle en République centrafricaine, la Banque mondiale a répondu favorablement en finançant entre juillet 2021 et avril 2022 un projet d’urgence intitulé « Projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique » (PRUCAC). L’objectif de ce projet est d’accroître la production alimentaire et d’améliorer la résilience des petits exploitants agricoles et des ménages en situation d'insécurité alimentaire dans les zones touchées.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en République centrafricaine s’est vue confiée la mise en œuvre de la Composante « Soutien à la production agricole et la nutrition des ménages ». Il s’agit pour la FAO de soutenir la production agricole à travers la fourniture d’intrants agricoles (semences vivrières et maraîchères, engrais, outils agricoles et kits de petit élevage), par le biais d’un appui à la campagne vivrière 2021, au maraîchage et au petit élevage dans les préfectures de la Nana-Gribizi, l’Ouham, la Ouaka, la Basse-Kotto, la Haute-Kotto, la Mambéré-Kadei.

Pour Perpetua Katepa Kalala, Représentante de la FAO en Centrafrique, « ce projet a permis l’atténuation des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle en République centrafricaine. Les moyens de production de 20 000 ménages vulnérables affectés par les impacts de cette pandémie sont renforcés à travers un appui en intrants agricoles, telles que des semences vivrières et maraîchères, des fertilisants ou des kits de petit élevage, pour améliorer leur situation alimentaire et nutritionnelle ».

En effet, au cours de la campagne vivrière de 2021, 10 000 ménages bénéficiaires, répartis dans la zone du projet, ont réussi à cultiver près de 7 000 ha de terre pour produire près de 7 500 tonnes de produits vivriers. Ceci grâce à la distribution de 40 000 pièces de houes et 370 tonnes de semences vivrières dont l’arachide, le maïs, le riz, le sorgho, le haricot rouge ou la courge.

Outre les activités maraîchères du projet, le volet « Petit élevage » a été également développé par ce Projet de réponse urgente à la crise alimentaire en Centrafrique. Ce volet s’articule autour de la formation des bénéficiaires sur les bonnes pratiques de l’élevage, l’achat et la distribution des kits de petit élevage, à savoir les reproducteurs, les produits vétérinaires, les aliments de démarrage, etc. Plus de 2 300 porcins, 5 200 volailles et 4 200 caprins ont été distribués aux bénéficiaires regroupés dans 1000 groupements dans les différentes localités. De ces distributions, plus de 540 000 têtes de bétails ont été produites.

La mise en œuvre de ce projet a eu un impact positif direct sur la population comme témoigne Igor Tabissa, l’un des bénéficiaires de la ville de Bossangoa. Igor est cultivateur, père de famille et en même temps président du groupement maraîcher « Dè sè tèrè yong », Produisons pour Manger en Gbaya, la langue locale. « Nous avons reçu des semences de légumes, des outils et de l’engrais de la FAO. Grâce à cette aide, notre production a vraiment augmenté. Nous produisons et approvisionnons désormais les marchés de Bossangoa avec des légumes comme l’amarante, le concombre, le gombo, les épinards, la tomate, la pastèque, etc. Nous nous occupons maintenant mieux de nos familles et comptons ouvrir un compte bancaire pour nos épargnes car nous voulons élargir notre unité de petit élevage de cochons et de cabris, mise en place grâce à l’appui de la FAO ».

« Au-delà de la remise de ces kits à nos bénéficiaires, avec l’appui des partenaires dont le Ministère de l’agriculture et du développement rural, le Ministère de l’élevage et de la santé animale, l’Agence centrafricaine de développement agricole et l’Agence nationale de développement de l’élevage, nous avons offert des formations à ces personnes, notamment dans la gestion des récoltes. C’est ainsi que, 60% de toutes les récoltes sont destinées à la consommation directe des ménages bénéficiaires, 30% vendues pour générer des revenus et 10% stockées pour les semences de la saison de cultures suivante. Le revenu moyen généré par chaque ménage grâce à la vente d’une partie de sa production était estimé à environ 226 000 francs CFA. Cela a permis aux bénéficiaires de subvenir à d’autres besoins, ainsi qu’à améliorer la qualité et la quantité de leur alimentation. Les familles ont également pu constituer des stocks de semences et de vivres », conclut la représentante de la FAO en Centrafrique.