Photo: © FAO / Ethiopie

14 novembre 2016, Addis Abeba – L’Éthiopie a achevé une campagne de distribution de semences, qui a été la plus grande et la plus spectaculaire campagne jamais entreprise en période d’urgence dans l’histoire du pays. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et plus de 25 ONG et agences ont procédé à une distribution record de 32 000 tonnes de semences à 377 woredas dans six régions. Les semences ont permis de restaurer les approvisionnements des ménages appauvris après une crise catastrophique provoquée par le phénomène El Niño en 2015 et 2016. Grâce à cette campagne, le Gouvernement éthiopien et la communauté humanitaire ont économisé près de un milliard de dollars des États-Unis en aidant les ménages agricoles à cultiver leur propre nourriture pour ne pas dépendre de l’aide.

Les semences vivrières fournies par la FAO, les ONG et d’autres organisations, à raison de 30 kg par ménage en moyenne, peuvent permettre à une famille de 5 personnes de produire de la nourriture entre 10 et 11 mois et à un rendement de 1 à 1,1 tonne par demi-hectare de culture. Il en coûterait environ 864 dollars É.U. pour fournir le même volume de produits alimentaires à chaque ménage alors que les semences fournies, plus les frais de production, ont coûté juste une fraction de ce montant: seulement 230 dollars É.U. Cela signifie des économies potentielles de 634 dollars É.U. par famille. Les économies totales de l’ensemble de l’intervention d’urgence en matière de semences meher, ayant atteint 1,5 million de ménages éthiopiens pendant 10 à 11 mois, s’élèvent à plus de 950 millions de dollars É.U. Vingt-trois millions de morceaux de boutures (de cultures telles que la pomme de terre et la patate douce) ont également été largement distribués.

L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a contribué le plus dans cet effort international pour fournir des semences, ayant fourni environ 13 100 tonnes de semences de secours et 8 millions de boutures par l’intermédiaire des ONG américaines et organisations internationales partenaires. D’autres principaux donateurs incluent, entre autres, l’Union européenne et les gouvernements des Pays-Bas et du Royaume-Uni.

Certains des ménages éthiopiens les plus touchés disposent maintenant des semences et boutures dont ils ont vraiment besoin pour relancer leur production de céréales, de légumes et d’autres cultures pendant la saison critique d’été, ou meher, saison durant laquelle l’Éthiopie assure normalement jusqu’à 85 pour cent de sa production alimentaire locale. La distribution des semences a été essentielle pour permettre aux ménages de s’approvisionner de nouveau en semences et pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle à la suite de la pire sécheresse ayant survenu depuis des décennies.

Les semences et les boutures ont été distribuées par diverses organisations partenaires sous l’égide du Groupe de travail sur les semences de secours, présidé par la FAO et le Gouvernement éthiopien. Ce Groupe de travail vient compléter le Groupe de travail agricole sur la gestion des risques de catastrophes (DRM-ATF) que la FAO co-préside également avec le gouvernement fédéral par l’intermédiaire de la Commission nationale de gestion des risques de catastrophes.

En cas d’urgence telle que la sécheresse induite par le phénomène El Niño en 2015/2016, le DRM-ATF a pour rôle de coordonner les interventions et les mesures de relèvement et veiller à ce que les activités ne se chevauchent pas mais plutôt se complètent. Le DRM-ATF est composé d’agences du gouvernement et des Nations Unies, d’ONG et de partenaires de ressources, tels que des agences donatrices gouvernementales.

Le niveau de satisfaction des communautés évalué

La FAO et ses partenaires ont récemment publié les résultats d’une évaluation mesurant l’efficacité et le niveau de satisfaction des communautés en ce qui concerne les interventions en matière des semences de secours. Environ 820 ménages ont été interviewés et 207 discussions de groupe menées entre août et septembre.

Plus de 90 pour cent des membres des communautés se sont déclarés très satisfaits des semences et/ou des boutures qu’ils ont reçues, qu’ils ont été livrés à temps pour la campagne et qu’ils ont planté toutes les graines qu’ils ont reçues. Près de la moitié des ménages ont indiqué que, sans les semences fournies, leurs moyens de subsistance auraient été sérieusement touchés, ce qui souligne le caractère critique de l’intervention.

Par le biais de plusieurs réunions et discussions bilatérales, la FAO a contribué à rationaliser les besoins du secteur de l’agriculture et de l’élevage et à mobiliser un financement mondial pour les semences en Éthiopie. L’Organisation a mobilisé 14 millions de dollars É.U. pour intervenir dans les domaines des cultures et de l’élevage. Dans le secteur des cultures, la FAO a distribué 4 000 tonnes de semences dans six régions, en ciblant les communautés les plus touchées et où d’autres partenaires d’exécution n’intervenaient pas. Afin de soutenir les moyens de subsistance basés sur le bétail dans les régions d’Afar et de Somali, l’Organisation a procédé au traitement des animaux, la vaccination, l’appui à la production de fourrage et la distribution de produits d’alimentation animale en 2015 et 2016. Près de 1,3 million d’agriculteurs et de propriétaires de bétail ont bénéficié des interventions de la FAO en période de sécheresse depuis 2015.

« Grâce à une coordination efficace entre la communauté humanitaire et le gouvernement, des millions d’agriculteurs ont pu recevoir l’aide dont ils avaient besoin au bon moment », a déclaré Amadou Allahoury, Représentant de la FAO en Éthiopie. « En dépit de nos récents progrès, nous ne devons jamais perdre de vue que l’Éthiopie est exposée à la sécheresse et cette réalité ne fera qu’empirer avec le changement climatique. La FAO continuera de collaborer avec le gouvernement pour mettre en œuvre des pratiques d’adaptation qui garantiront la résilience des moyens de subsistance basés sur l’agriculture en faveur des communautés rurales, » a déclaré M. Allahoury.

L’Éthiopie a besoin d’un soutien supplémentaire pour protéger les acquis d’une récolte meher qui s’annonce bonne. Les ravageurs et maladies des végétaux tels que les criquets et la rouille noire du blé sont une source d’inquiétude, surtout dans le Sud. D’autres problèmes en rapport avec les pertes post-récolte, y compris la mauvaise qualité des installations de stockage et la mauvaise manipulation des récoltes, persistent dans tout le pays. De plus, la FAO lance un appel pour des actions plus accrues pour appuyer les moyens de subsistance basés sur l’élevage puisque plus de 2,4 millions de propriétaires de bétail ont d’urgence besoin d’aide pour améliorer leur production de viande et de lait – la pierre angulaire de leur alimentation et de leurs revenus. L’Organisation lance actuellement un appel de fond d’un montant de 14 millions de dollars É.U. pour répondre aux besoins immédiats des communautés les plus touchées.

Les partenaires dans la distribution des semences sont les suivants: Action Contre la Faim, CARE Éthiopie, Catholic Relief Services, le Centre pour les initiatives de développement, CONCERN World Wide, Dan Church Aid, la Commission pour le développement et les questions sociales de l’Église catholique en Éthiopie (Hossana, Meki, Soddo et EWNRA) la FAO, Food for the Hungry International, GOAL Ethiopia, International Medical Corps, ORDA, OXFAM, PLAN International, REST, l’Alliance internationale Save the Children et World Vision.

Les principaux donateurs dans cette intervention pour les semences de secours sont: l’USAID, l’Union européenne et ECHO, l’Agence autrichienne de développement, Appeal Fund, la Fondation Barr, la Fondation Bill et Melinda Gates, le Ministère des affaires étrangères, du commerce et du développement du Canada, le Comité des griefs des Forces canadiennes (CGFC), le Fonds norvégien de développement, le Ministère britannique du développement international (DFID), Affaires mondiales Canada, Irish Aid, la Coopération italienne pour le développement, l’Agence japonaise de coopération internationale, les Pays-Bas et le Ministère allemand des affaires étrangères.