La pêche est le secteur placé en tête de la plupart des listes de métiers mortels. Si le taux d'accidents mortels dans de nombreuses industries et secteurs diminue actuellement grâce à des mesures de sécurité strictes, cela ne semble pas être le cas dans la plupart des pêcheries. Des mesures doivent donc être prises par toutes les parties prenantes pour traiter la question de la sécurité en mer et de la santé au travail dans le secteur de la pêche.

Dans le cadre des accords MARPOL et SOLAS de l'OMI, un cadre pour la déclaration des accidents et des victimes a été établi pour les flottes marchandes, mais les navires de pêche ne sont pas inclus dans ces systèmes de déclaration officiels. La FAO cherche à aider les parties prenantes du secteur de la pêche, les pays membres de la FAO, les partenaires concernés et les ONG à combler cette lacune en matière de déclaration et à traiter les aspects critiques de la sécurité des opérations de pêche. Il est essentiel de mettre en place un système d'«apprentissage» qui permette d'informer en permanence les principaux acteurs des administrations publiques et du secteur privé sur les questions de sécurité.

Il est mondialement reconnu que la compilation et l'analyse des données sur les accidents liés à la pêche peuvent être un outil précieux pour sensibiliser davantage les administrations gouvernementales et susciter une volonté politique de s'attaquer aux problèmes de la sécurité dans le secteur de la pêche. Sans données et informations fiables, les lacunes en matière de sécurité en mer ne peuvent être identifiées avec clarté et les stratégies regardant la sécurité ne peuvent être mises en œuvre efficacement.

Des données fiables sur les accidents de pêche peuvent aider les pays à les identifier:

• les coûts associés aux accidents de pêche et si les ressources consacrées à la sécurité sont utilisées de manière efficace et efficiente;
• si les problèmes de sécurité dépendent de la compétence du personnel des navires de pêche, de la zone de pêche, des conditions météorologiques et de l'état de la mer, de la configuration du navire et du type d'engin de pêche ou d'opération de pêche;
• l'importance de toute cause ou type particulier d'accident de pêche.

Ces informations sont essentielles pour la formulation d'une législation efficace et l'élaboration de stratégies d'application de la sécurité dans le secteur de la pêche.

Si la plupart des pays développés disposent d'un système officiel de notification des accidents de pêche, souvent intégré dans les systèmes de déclaration des accidents maritimes, par exemple l'Agence européenne pour la sécurité maritime et le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) (l’Institut national pour la sécurité et la santé au travail), ce n'est pas le cas dans une majorité de pays en développement.

Les systèmes formels de notification sont basés sur des réglementations au niveau national. Les rapports sont adressés directement à l'autorité gouvernementale compétente (par ex., le Ministère de la pêche, l'autorité maritime, les garde-côtes). Lorsqu'un accident est survenu, le capitaine ou le propriétaire du navire doit signaler l'événement aux autorités compétentes dans les plus brefs délais. La plupart des autorités disposent d'une plateforme de notification sur papier, mais les déclarations numériques ou en ligne gagnent rapidement du terrain.

Des systèmes volontaires et confidentiels de signalement de quasi-accidents, d'incidents et/ou d'accidents sont également en place depuis un certain temps dans de nombreux secteurs, notamment dans les secteurs aérien et maritime. Dans certains pays, ces systèmes volontaires coexistent avec les systèmes formels de signalement et sont gérés par une organisation (indépendante), par les pêcheurs eux-mêmes, le personnel volontaire ou des représentants dévoués des communautés locales de pêcheurs.

Voici quelques exemples de programmes de déclaration volontaire confidentielle, axés sur les quasi-accidents ou incidents de pêche ou sur les accidents de pêche:

• le programme MARS de l’Institut nautique;
• le programme CHIRP (le Programme de déclaration confidentielle des accidents dangereux);
• le programme FISHER (Fishing Industry Safety & Health Event Reporting).

Les systèmes de déclaration confidentielle, tant formels que volontaires, ont pour but ultime d'enregistrer et d'analyser les incidents et accidents de pêche et les informations connexes sur la santé et la sécurité. Ils mettent à disposition les informations clés et les leçons apprises pour le développement et la promotion de mesures de santé et de sécurité visant à réduire les accidents et les décès dans le secteur de la pêche.