Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

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Dr. Kouakou Valentin KRA

Organization: Université Alassane Ouattara (Côte d'Ivoire)
Country: Côte d'Ivoire
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L'urbanisation et ses impacts sur la problématique foncière et l'agriculture urbaine
La problématique foncière et le développement rural.

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    • English translation below

      Question 1 : Quels sont les principaux défis que doivent relever les femmes et les filles rurales ?

      Thème : Stratégies de résilience des femmes face à leur exclusion de la gestion foncière rurale : cas des productrices de beurre de karité et des potières dans la zone septentrionale ivoirienne.

                A travers le monde et principalement en Afrique, le genre est un principe fondamental de l’organisation des sociétés, notamment sur le plan de la répartition du travail et sur le marché. En imposant des limites aussi bien aux hommes et aux femmes, les rôles de genre sont plus répressifs sur les femmes. Dans le domaine agricole, et principalement dans les régions nord de la Côte d’Ivoire, cette situation est plus marquée en ce qui concerne l’accès des femmes au foncier dans une économie de plus en plus dominée par les cultures de rente (coton, anacarde). De fait, si les femmes et les hommes effectuent les travaux agricoles aussi bien pour les cultures de rentes que pour les cultures de subsistance, force est de constater que leurs fonctions et leurs responsabilités sont différentes. Ainsi, l’accès ou le contrôle du foncier et des cultures de rente par la gente féminine reste une des problématiques essentielles auxquelles est confronté le développement rural. Pourtant, en Afrique les femmes représentent 52% de la population et contribuent à 75% des travaux agricoles (GUILLET L. et al, 2013, p20)[1].

               En effet, cultures de rente et propriété foncière sont liés, complémentaires et associées au pouvoir dans nos sociétés africaines. Or culturellement, il est difficilement acceptable pour les hommes de partager le même pouvoir que leurs épouses et leurs progénitures (les jeunes) ; quoi que dans ces sociétés le rôle de la femme est essentiel. Dans ces conditions, les femmes sont défavorisées dans la mesure où la gestion du pouvoir leur échappe et leurs droits fonciers sont véritablement entravés. Les parcelles auxquelles elles ont accès et sur lesquelles elles exploitent les cultures de subsistance sont en général exigües, de moindre qualité et donc impropres aux cultures de rente. Face à cette situation de vulnérabilité, quelle est la capacité de résilience des femmes du monde rurale ? Comment se servent-elles de leur statut d’exclues du champ foncier pour se positionner comme de véritables leaders dans d’autres domaines d’activités du monde rurale ?

                  Dans la zone septentrionale de la Côte d’Ivoire, la capacité de résilience des femmes du monde rural est remarquable. Ainsi, de leur exclusion du foncier, elles se sont investies dans des filières porteuses ; à savoir la production du beurre de karité et l’artisanat. La production du beurre de Karité est devenue la principale occupation des femmes du nord ivoirien. Selon l’USAID, au cours de l’année 2007 la production du beurre de karité en Côte d’Ivoire était d’environ 200000 tonnes.  En plus du beurre de karité, la gente féminin s’y positionne également à travers l’artisanat.  A cet effet, l’exemple des potières Mangoro[2] dans la région de Hambol[3] est révélateur.  

                  Toutes la production issue de ces activités féminines (beurre de karité et pots) est écoulés vers les grands centres urbains et constitue un relais important dans les relations villes-campagnes. Ces activités sus-mentionnées sont de véritables moyens d’autonomisation de la femme et une source de revenu leur permettant répondre efficacement aux besoins familiaux surtout durant les périodes de soudure. D’ailleurs, avec l’instabilité des prix des matières premières agricoles, ainsi que la périodicité à laquelle elles sont soumises, ces activités permettent aux femmes de se positionner comme les principales actrices de l’économie rurale qu’elles contrôlent dans ces localités. Au-delà, de l’aspect économique, ces activités féminines s’imposent comme une indenté culturelle et une spécificité du grand nord ivoirien. Bien plus, il y a un changement ou encore une transformation,  du lien social dans une société marquée par la domination des valeurs masculines. Ce changement se perçoit de par le rôle nouveau que joue la femme dans ces sociétés naguère dominées par les valeurs masculines.

                  L’exclusion de la femme de  la gestion foncière dans le Nord ivoirien n’entame outre mesure leur rôle combien importe dans l’économie rurale. A travers des activités extra-agricoles comme la production et la commercialisation du beurre de karité et autres produits artisanaux (pots par exemple), ces femmes font preuve de leur capacité de résilience et à participer au changement social dans une société masculine. Cependant, elles sont souvent limitées dans leurs actions en raison de leur faible taux d’alphabétisation[4] mais également le manque d’organisation et de promotion de ces secteurs d’activités qu’elles contrôlent.

                  Les principaux défis que doivent relever ces femmes du milieu rural pour faire évoluer favorablement les inégalités entre les sexes s’expriment en termes d’éducation dans la mesure où c’est la base du développement. Ce module est axé sur  l’alphabétisation, la formation à la gestion financière[5], la santé de la reproduction[6], et le leadership. C’est à ce prix que les femmes africaines du monde rural pourraient survenir aux pesanteurs sociologiques qui constituent une entrave à leur épanouissement et à leur autonomisation. Par ailleurs, il s’avère important que celles-ci s’organisent en coopérative pour mieux défendre leurs intérêts socio-économiques. Se faisant, elles pourraient mieux défendre les prix de leurs productions et initier les politiques de financement de leurs projets (octroi de microcrédits par exemple). De plus, leurs activités doivent être valorisées à travers leur promotion et leur prise en compte dans les politiques nationales de développement.

       

      [1] GUILLET L. et al, 2013- Inclusion sociale et genre au niveau local : enjeux et appuis au Maghreb, AFCCRE

      [2] Les Mangôrô sont un groupe ethnique  du Nord ivoirien

      [3] La Région du Hambol fait partie du grand nord ivoirien dont le chef lieu est Katiola

      [4] Selon l’UNICEF (2006),  49% des filles vivant en Côte d’Ivoire ne sont pas scolarisées et la région du nord représente 78% de ce taux.

      [5][5] Dans la plupart  des sociétés africaines où dominent les valeurs masculines, les revenues des femmes sont en général gérés par les hommes.

      [6] Les femmes sont de plus en plus actives et épanouies dans leurs activités socio-économiques quand elles sont en bonne santé et parviennent à planifier les naisances.

       

      Question 1: What are the main challenges rural women and girls are facing today?

      Topic: Women’s strategies for resilience in the face of exclusion from rural landowning management: the case of the shea butter producers and the potters in the northern Ivorian region.

               Throughout the world and mainly in Africa, gender is a fundamental factor in the organization of societies, in particular regarding the division of work and the marketplace. Imposing limits both on men and women, the gender roles are more restrictive for women. In agriculture, and mainly in the northern regions of Ivory Coast, this situation is most evident where women´s access to land tenure is concerned in an economy more and more dominated by cash crops (cotton, cashew nuts). Indeed, even though women and men carry out agricultural work for cash crops as well as for subsistence crops, it must be noted that their functions and responsibilities are different. Thus the access of women to land control and cash crop production is still one of the fundamental problems facing rural development. In Africa, moreover, women represent 52% of the population and contribute 75% of agricultural labor (GUILLET L. et al, 2013, p20)[1].

               Actually, cash crops and land tenure are linked, complementary to and associated with power in our African societies, for culturally it is difficult for men to accept sharing the same power as their spouses and their offspring (the youth); even though the role of women in these societies is essential. In these conditions, women are disadvantaged to the extent that they have no authority and their rights to land are literally obstructed. The plots to which they have access and on which they produce the subsistence crops are generally hemmed in, of less quality and therefore not adequate for cash crops. In view of this vulnerable situation, what capacity for resilience do rural women have? How do they use their status as excluded from land tenure to position themselves as true leaders in other fields of activities in the rural sphere?

                  In the northern region of Ivory Coast, rural women´s capacity for resistance is remarkable. Thus, given their exclusion to land tenure they have invested in remunerative sectors; namely the production of shea butter and handicrafts. The production of shea butter has become the main occupation for women in the north of Ivory Coast. According to USAID, in the course of 2007 the production of shea butter in Ivory Coast was around 200 000 tons.  As well as shea butter, women have positioned themselves also through handicrafts.  For instance, take the example of the Mangoro potters [2] in the Hambol region.[3]

                  All the production of these women’s activities (shea butter and pottery) is moved towards the large urban centers and makes an important link in the relationship between cities and villages. The activities mentioned above are true means of gaining autonomy for women and a source of revenue which allows them to meet the needs of the family efficiently, in particular during lean periods. Moreover, with the price instability of agricultural unprocessed products as well as the seasonal nature to which they are subject, these activities allow women to position themselves as the main actors of the rural economy which they control in their districts. Going beyond the purely economic aspect, these women’s activities establish themselves as a cultural identity and a particular feature of the great Ivorian north. Furthermore, there is a change or even a transformation of social relationships in a society marked by the domination of masculine values. This change is perceived in the new role that women play in these societies, not long ago dominated by masculine values.

                  The exclusion of women from land tenure management in the Ivorian north does not unduly configure how much their role contributes to the rural economy. Through these extra agricultural activities, like the production and commercialization of shea butter and other handmade products (pots for example), these women give proof of their capacity for resilience and participation in social change in a masculine society. Even so, their actions are often limited by their low literacy rate[4] and also by the lack of organization and promotion of the sectors of activities in which they are engaged.   

                  The main challenges that these rural women must overcome in order to secure a favorable evolution of the inequalities between the sexes is summed up as education since this is the basis of development. This module is centered on literacy, training in financial management[5], reproductive health[6], and leadership. It is at this price that African women in rural areas could overcome the sociological obstacles which constrain their fulfillment and empowerment. Furthermore, it appears to be important that they organize themselves in cooperatives to better defend their socio-economic interests. Doing this, they could better defend the prices of their products and introduce financing policies for their projects (provision of microcredits, for example). At the same time, their activities should be enhanced by their being promoted and taken into account in national development policies.

       

      [1] GUILLET L. et al, 2013- Inclusion sociale et genre au niveau local: enjeux et appuis au Maghreb, AFCCRE

      [2] The Mangoro is an ethnic group in the Ivorian north.

      [3] The Hambol region forms part of the great Ivorian north where the main place is Katiola.

      [4] According to UNICEF (2006), 49% of girls living in Ivory Coast are not schooled and the northern region represents 78% of this index.

      [5][5] In the majority of African societies where the masculine values dominate, the women´s income is generally managed by men.

      [6] Women are more and more active and comfortable in their socio-economic activities when they are healthy and manage birth control.

    • English translation below

      Kouakou Valentin KRA

      Université Alassane Ouattara

      Côte d’Ivoire




      ‘’Comment faire en sorte que les chaînes de valeur contribuent à améliorer la nutrition ?’’ : Le cas de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest.



      L’Afrique connaît une croissance démographique et une urbanisation rapides depuis la fin du XX e siècle. Dans ce contexte, les besoins alimentaires sont de plus en plus grandissants et le monde rural ne parvient plus à répondre efficacement à la problématique vivrière ; en raison des conditions bioclimatiques défavorables, l’exode rural et la question foncière. L’agriculture intra-urbaine et singulièrement le maraîchage se présente dès lors comme une alternative importante pour garantir la sécurité alimentaire. Ce type d’agriculture et principalement le maraîchage intra-urbain occupe une place primordiale dans la chaîne de valeur favorable à la nutrition. Sa proximité avec la ville, son accessibilité à toute période de l’année, ses réponses adaptées aux habitudes alimentaires induites par l’urbanisation et l’occidentalisation des populations africaines font de ce type de maraîchage la plus importante chaine de valeur favorable à la nutrition.



      Cependant, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, cette agriculture et donc le maraîchage intra-urbain reste encore dans l’informel, la précarité et n’est pas prises en compte dans les politiques de gestions des villes. Les agriculteurs ne disposent pas d’espace sécurisé pour leur activité et sont contraints de squatter les terrains laissés en friche dans les rares bas-fonds des villes. La question foncière urbaine se présente comme la véritable problématique à laquelle est confronté le maraîchage dans nos villes ivoiriennes. Ainsi ces espaces hydromorphes qui en principe sont des zones inconstructibles sont de plus en plus lotis, vendus à de nouveaux acquéreurs et construits. Dans certains cas, ils sont transformés en décharges pour ordures ménagères à ciel ouvert. Le maraîchage fait de plus en plus place aux constructions anarchiques et aux ordures ménagères. D’ailleurs ces dernières polluent les eaux d’arrosage et constituent des risques sanitaires énormes pour les consommateurs. Cette activité est rendue précaire et vulnérable en raison des politiques de gestion de nos villes africaines qui restent encore passives, voire indifférentes en ce qui concerne l’agriculture intra-urbaine.



      Les enjeux fonciers et urbanistiques sont contraignants et constituent des entraves sérieuses pour le maraîchage intra-urbain ; gage de la chaîne de valeur favorable à la nutrition dans nos villes africaines et ivoiriennes en particulier. Comment faire pour pérenniser et sécuriser ce type d’agriculture en Côte d’Ivoire? Il convient entre autres de :

      • sortir l’agriculture intra-urbaine de l’informel ;
      • sécuriser les espaces agricoles intra-urbains et singulièrement les bas-fonds maraîchers ; 
      • faire intervenir des structures de développement agricole en vue de l’encadrement des agriculteurs ;
      • prendre en compte l’agriculture intra-urbaine dans les politiques de gestion des villes ; 
      • subventionner cette activité.

      La prise en compte de ces propositions s’avère indiquée pour les pays africains au sud du Sahara et principalement la Côte d’Ivoire ; pays où nos recherches sont menées. Cela est important d’autant plus que l’agriculture intra-urbaine ; en plus d’être une chaîne de valeur favorable à la nutrition, se présente comme un secteur pourvoyeur d’emploi et de lutte contre la pauvreté.

      Kouakou Valentin KRA

      Université Alassane Ouattara [Alassane Outtara University]

      Ivory Coast

      How can value chains be shaped to improve nutrition? The case of Ivory Coast in West Africa.

      From the end of the 20th century, Africa has experienced rapid demographic growth and urbanization. In this context, the food requirements are growing ever more and the rural areas no longer provide an efficient response to the food-producing problem; due to unfavorable bio-climatic conditions, rural exodus and land tenure issues. Intra-urban agriculture and, in particular, market gardening now becomes an important alternative in order to guarantee food security. This type of agriculture and, mainly, intra-urban market gardening, occupies an important place in the value chain favorable to nutrition. Its proximity to the city, its accessibility at all times of the year, its responses adapted to the ways of feeding brought about by urbanization and westernization of the African population make this type of market garden the most important in the value chain favorable to nutrition.

      However, as for the Ivory Coast, this agriculture, and therefore, intra-urban market gardening is still informal, precarious and is not taken into account in the policies for management of the cities. The producers do not have areas reserved for their activity and are forced to squat on the land unfarmed in the infrequent low lying areas of the cities. The land tenure issue is the real problem faced by market gardening in our Ivorian cities.  Thus, these swampy areas which in principle are non-building areas, are more and more divided into plots, sold to new owners and built on. In some cases, they are turned into open air household garbage dumps.  Market gardens more and more give way to uncontrolled constructions and household waste. Moreover, the latter pollutes the irrigation water and are a grave sanitary risk for consumers. Market gardening is made insecure and vulnerable due to the management policies of our African cities which remain passive, let us say indifferent, with regard to intra-urban agriculture.

      The urbanization and land tenure issues are restrictive and amount to a serious hindrance for intra-urban market gardening; benchmark for the value chain favorable to nutrition in our African and in particular Ivorian cities. What can be done to sustain and protect this type of agriculture in Ivory Coast? It will be useful among other things:

      • to take intra-urban agriculture out of the informal sector;
      • to protect intra-urban agricultural areas and in particular market gardens in low- lying areas;
      • to involve agricultural development structures in order to organize the farmers into a system;
      • to take intra-urban agriculture into account in the management policies of our cities;
      • to give subsidies to this activity.

      Taking account of these propositions would seem to be indicated for the Sub-Saharan countries and especially for Ivory Coast; the country where our investigations have been carried out. What is all the more important than just intra-urban agriculture is that, as well as, being a value chain favorable to nutrition, it is a sector which provides employment and fights against poverty.

    • DE L’ESSOR DE L’ECONOMIE ANACARDIERE A LA PROBLEMATIQUE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LES ZONES DE SAVANE EN COTE D’IVOIRE : LE CAS DE LA REGION DU GBEKE.



      Par Kouakou Valentin KRA



      Cet article traite des mutations agricoles dans les zones rurales ainsi que leurs répercussions sur les villes. Ici, nous partons de l’exemple de l’expansion de l’anacardier pour montrer comment cette culture pérenne influence négativement la production vivrière pour induire une insécurité alimentaire et bouleverser à terme les rapports traditionnelles villes – campagnes. De façon singulière, l’analyse de la problématique de la sécurité alimentaire induite par l’essor de l’anacarde dans la région du Gbêkê constitue l’essentiel de cette étude.



      Du point de vue agricole, la Côte d’Ivoire se subdivise en deux grandes parties : la moitié sud (forestière) pour les cultures pérennes et le nord pour le vivrier. Dès son indépendance, le pays a mise en place une politique agricole en faveur des cultures d’exportation que son le café, le cacao, l’hévéa et le palmier à huile. Cette situation a eu pour impact le déplacement massif des populations du centre et du nord vers la zone forestière propice aux cultures de rente. Les zones de savane,quoi que souvent négligées ont été confinées dans la production vivrière et ont permis au pays d’être autosuffisant en vivrier. Les denrées alimentaires ainsi produites sont écoulées dans les centres urbains où les besoins alimentaires sont de plus en plus grandissants en raison de la croissance démographique. C’est à juste titre que ces zones de savanes sont souvent qualifiées de greniers du pays.



      Cependant, ces dernières années l’on observe des mutations importantes dans ces zones de savane, en raison du développement de la culture de l’anacarde. En effet, cette spéculation autrefois marginalisées, connaît une revalorisation sur le marché international. De la campagne 2013 à celle de 2017 les prix du kilogramme bord champs sont passés de 200 fcfa à 440 fcfa. Du coup, elle devient une culture commerciale au même titre que le café et le cacao des zones forestières. Dans ce contexte, le vivrier est relégué au second plan au profit de l’anacarde qui de plus en plus occupe, voire immobilise les terres vivrières sur plusieurs années.



      Comme conséquence, l’on observe une réduction des superficies et de la production vivrière ; ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire. A terme, l’on risque le ‘’ syndrome sud-est ivoirien’’ caractérisé par une insécurité alimentaire consécutive à l’occupation totale des terres agricoles par l’hévéa et le palmier à huile. Les campagnes qui traditionnellement fournissaient les denrées alimentaires aux villes sont aujourd’hui dans l’impossibilité de jouer ce rôle. D’ailleurs, les ruraux ont de plus en plus recours aux centres urbains pour s’approvisionner en vivriers venus d’autres localités du pays ou importés. Il y a dès lors un important bouleversement dans les rapports villes - campagnes. Dans la région du Gbêkê, les répercussions sur les centres urbains et singulièrement Bouaké sont remarquables et se traduisent par la flambée des prix et surtout des pénuries de certaines denrées alimentaires de grande consommation. Cette situation est surtout exacerbée par la croissance démographique de la ville et donc des besoins alimentaires.