Action contre la désertification

La FAO et CIFOR-ICRAF s’associent pour générer des connaissances afin d’accélérer la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte

Lancement du projet ‘’Knowledge for action in implementing the Great Green Wall’’ ou “K4GGWA” à l’Union africaine à l’occasion de la semaine sur la Grande Muraille Verte


06/11/2023

Addis Abeba. L’Union européenne et la FAO ont renouvelé leur engagement à accélérer la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte (GMV) à travers un nouveau projet intitulé ‘’Knowledge for Great Green Wall Action (ou “K4GGWA”). Le lancement de ce projet a eu lieu au cours de la Semaine de la Grande Muraille Verte qui s’est déroulée au siège de l’Union africaine à Addis Abeba, du 6 au 10 novembre dernier.

L’Union africaine a initié la GMV en 2007 afin d’apporter une réponse urgente aux effets de la désertification, de la sécheresse et du changement climatique dans le Sahel. Aujourd’hui, il s’agit de la plus grande entreprise de restauration des terres à grande échelle, avec pour objectifs la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées, la création de 10 millions d’emplois ruraux, la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone, et l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour 20 millions de personnes d’ici 2030.

Après avoir déjà invesit dans les projets Action Contre la Désertification (2014-2020) de la FAO et Regreening Africa (2017-2023) de l’ICRAF, l’UE a choisi de consolider ces résultats, d’évaluer les lacunes et de développer des outils de connaissance et renforcer les capacités pour accélérer l’appui et l’atteinte des objectifs de la GMV. Le projet K4GGWA propose une réponse directe à certains des défis dans l’évaluation de la GMV et de ses impacts réalisée en 2020. Le projet K4GGWA est conçu de manière à assurer la continuité, la coordination et la complémentarité avec les autres interventions en faveur de la GMV, par l’apport d’outils de connaissance et le renforcement des capacités pour accélérer la mise en œuvre de la GMV. De manière plus spécifique, le projet permettra d’évaluer les besoins et lacunes en apprentissage et renforcement des capacités, d’organiser des échanges de connaissance, de produire des cartes des terres et de la végétation pour suivre les progrès, et d’améliorer le cadre politique et institutionnel par un plaidoyer ciblé à l’intention des décideurs. La FAO et CIFOR-ICRAF mettent en oeuvre K4GGWA dans onze pays de l’Agence panafricaine de la GMV, et les activités vont également s’étendre au Bénin, au Cap Vert, au Cameroun, au Ghana, à la Gambie, à la Somalie et au Soudan du Sud.

La Semaine sur la GMV 2023 a également donné l’opportunité aux acteurs et partenaires clés de la GMV de participer, de manière physique ou virtuelle, à une série de sessions pour permettre un dialogue entre programmes régionaux, assurer une bonne communication et améliorer les synergies. Parmis les participants étaient présents des directeurs d’agences nationales, l’Agence panafricaine, les partenaires techniques et financiers à l’échelle régionale et internationale, la Commission de l’Union africaine, les ONG et des représentants de la société civile. L’APGMV a rapporté que des travaux de plantation avaient été réalisés sur 295 000 hectares de terres pour leur restauration en 2022, soit 34% de l’objectif prévu. Les partenaires techniques et financiers ont souligné que sous l’Accélérateur, 80% des 19 milliards annoncés en 2021 au cours du One Planet Summit ont été matérialisés bien qu’essentiellement à travers de l’aide budgétaire aux gouvernements. La semaine a également offert l’occasion pour la CUA de tenir son huitième Comité de Pilotage Régional de l’initiative de la GMV, au cours duquel un projet de nouvelle Stratégie Cadre de la GMV à l’échelle continentale, c’est-à-dire pour les trois régions du Sahel, l’Afrique du Nord, et l’Afrique australe autour des déserts du Kalahari et du Namib dans la région SADC. La réunion a également permis de mettre en évidence la reprise d’une meilleure organisation du système des Nations Unies en appui à la GMV établi en septembre 2020.

En tant qu’un des principaux partenaires techniques de la GMV depuis la dernière décennie, la FAO a rapporté que de depuis la mise en place en 2014 du programme Action Contre la Désertification (ACD) d’appui à la mise en œuvre de la GMV sur le terrain, plus de 100 000 hectares de terres agro-sylvo-pastorales sévèrement dégradées ont depuis été préparées et reboisées pour leur restauration, ce qui a permis d’améliorer les moyens d’existence de 100 000 ménages au cours des six dernières années et ce dans dix pays. Des espèces locales ont été priorisées et le matériel de reproduction correspondant, dont 150 tonnes de semences, a été récolté et utilisé à cet effet. Les données collectées sur le terrain peuvent à présent être visualisées dans l’Application de suivi de restauration des terres de la GMV, également accessible aux communautés rurales qui mettent en œuvre les actions. Le modèle est centré sur les communautés rurales : leurs terres, fermes et priorités en termes d’amélioration des conditions d’existence, sécurité alimentaire et nutritionelle. La contribution de la FAO est essentiellement orientée autour du renforcement des capacités techniques afin d’améliorer  la durabilité et les impacts de la GMV sur le terrain.

Africa Open DEAL, ou Données en Accès Libre sur l’Environnement, l’Agriculture et les Terres est une situation panoramique des besoins en restauration des terres au sein du corridor de la GMV et de l’utilisation des terres en Afrique. Ces données serviront comme situation de référence afin d’apporter une vision complète des utilisations des terres et des opportunités de restauration des terres dans chacune des trois régions de la GMV : au Sahel, en Afrique du Nord et en Afrique Australe. Ces points de données intégrés et aggrégés sont accessibles à tous les pays membres et vont permettre de continuer à appuyer la prise de décision, améliorer l’allocation des ressources, suivre les progrès et faire le rapport sur les impacts de la mise en œuvre de la GMV et d’autres initiatives de restauration des terres en Afrique telles que l’Initiative Africaine pour la Restauration des Terres ou AFR100.

La GMV reste une initiative transformatrice qui contribue de manière significative à 15 des 17 Objectifs de Développement Durable dans les terres arides d'Afrique. Elle aborde particulièrement les objectifs de réduction de la pauvreté, d'éradication de la faim, d'atténuation du changement climatique, de protection et de restauration de la vie sur terre et de promotion des partenariats. La FAO a développé et mis en œuvre un modèle de restauration des terres qui s'attaque efficacement à de vastes zones de terres dégradées pour répondre aux besoins massifs de restauration dans les terres arides, conformément à l'objectif de restaurer 100 millions d'hectares d'ici 2030 au Sahel. Enfin, la FAO dirige une proposition collaborative multi-pays visant à « Renforcer la résilience dans la Grande Muraille verte d’Afrique », qui a été soumise en septembre 2023 pour financement au Fonds Vert pour le Climat. Cette initiative vise à restaurer 1,4 million d'hectares sur dix années, au profit de plus de 3 millions de bénéficiaires directs, ainsi que d’appuyer le suivi régional dans les 11 pays de la Grande Muraille Verte, en collaboration avec des agences nationales et panafricaines et d'autres partenaires.