FAO au Sénégal

S’unir pour contribuer à l’autosuffisance en riz du Sénégal

(c) FAO/Olivier Asselin
13/12/2017

Les acteurs de la filière riz du Bassin de l’Anambé se réunissent pour mettre en place une plateforme multiacteurs

Réunir autour d’une même table tous les acteurs de la chaine de valeur du riz pluvial, c’est la mission que s’est assignée l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lors d’un atelier visant à jeter les bases de la création d’une plateforme multiacteurs riz, dans le bassin de l’Anambé, à Kolda.

Le 12 décembre 2017, la Fédération des Producteurs du Bassin de l’Anambé (FEPROBA), la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI), le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) et la FAO, ont lancé les prémices des discussions pour la mise en place d’un cadre d’échanges. A travers ce cadre, les professionnels de la filière pourront se concerter et accorder leurs violons sur les actions à mener pour faire face aux défis de la filière.  L’accès aux intrants agricoles de qualité et aux équipements de travail du sol et de transformation, l’accès au crédit, la production de riz paddy et de riz blanc de qualité  sont autant de chantiers auxquels la plateforme  devra s’attaquer.

L’un des premiers défis demeure la spécialisation des acteurs de la chaîne de valeur, constate El Hadji Aly Gano, président de la FEPROBA : «Actuellement, le paysan est à la fois producteur, transformateur et commerçant. Cette plateforme nous permettra de nous spécialiser et ne de plus avoir de problème pour écouler notre production ». Ainsi, avec la fragmentation  du travail, le producteur se limitera à la gestion de ses parcelles rizicoles, laissant le soin à l’agro-industriel de transformer le produit, qui lui-même donnera au commerçant la possibilité d’écouler le riz blanc.

Les avantages de la spécialisation sont nombreux. En effet, en se cantonnant aux domaines où ils sont meilleurs, les acteurs bénéficient d’avantages comparatifs, tout en évitant les coûts et le temps supplémentaires générés par des activités annexes. Pour le coordonnateur du PNAR, Dr Waly Diouf, «en limitant le stockage du riz paddy par le producteurs, ce dernier parvient à réduire les risques qui y sont liés, comme les incendies, les intempéries, les attaques d’insectes, les animaux en divagation et au final les difficultés liées à la commercialisation. Le magasinage a donc un coût, qui se répercute sur le prix final du riz.»

L’autre bénéfice non négligeable de la spécialisation est la réduction des facteurs de risques. En effet, moins de risques signifie plus de confiance des institutions financières qui seront plus enclines à octroyer des crédits d’investissement. Au final, la division de la chaine du travail constitue un aspect essentiel de la plateforme, car elle sera le point de départ d’un cercle vertueux, qui mènera à coup sûr à la professionnalisation des acteurs de la filière, dont le processus a commencé il y a quelques années, ainsi que l’exprime Thierno LY, Directeur technique de la SODAGRI: «C’est l’aboutissement d’un processus dont le premier pas fut le renforcement des capacités des producteurs au niveau des vallées de l’Anambé avec la mise en place des champs écoles paysans et la formation des formateurs. Après la formation des paysans aux bonnes pratiques agricoles, cette plateforme permettra une concertation entre les différents acteurs qui travaillent dans la filière riz.»

Pour mettre en place la plateforme, il a été nécessaire d’effectuer un voyage dans la sous-région ouest-africaine, afin de tirer des leçons des structures existantes.  Ainsi, une délégation, composée d’experts de la FAO, de la SODAGRI et du Gouvernement du Sénégal s’est rendue en Côte d’Ivoire, où elle a rencontré les acteurs de la chaîne de  valeur riz. Cette visite a été l’occasion de voir sur place les réalisations des trois plateformes multiacteurs ivoiriennes les plus avancées et de discuter avec leurs membres afin de connaître leur parcours et leur expérience.

A l’issue de ce voyage, il est apparu que deux éléments étaient essentiels pour la mise en place et la réussite d’une plateforme : la concertation des acteurs et leur sensibilisation. En effet, c’est par un exposé clair de ses avantages, et du bénéfice qu’ils peuvent y tirer, qu’on peut convaincre les acteurs à adhérer à une plateforme multiacteurs avec une approche chaîne de valeur.

Grâce à l’expérience accumulée dans la restructuration de la fédération des producteurs du bassin de l’Anambé, la plateforme multiacteurs riz qui sera mise sur pieds dans le bassin aura de beaux jours devant elle. Et parce qu’elle est une suite logique d’actions enclenchées depuis belle lurette, c’est une réelle aubaine pour les producteurs de l’Anambé, qui verront ainsi leurs rêves de « cultiver pour le Sénégal» se réaliser.