FAO au Sénégal

Restitution de l’évaluation du Plan national de riposte (PNR 2015) à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition

31/01/2018

Préserver les moyens d’existence des communautés les plus vulnérables pour renforcer leur résilience

Le Plan national de riposte (PNR 2015) à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition a été élaboré par le Gouvernement du Sénégal suite aux résultats du Cadre Harmonisé tenu en novembre 2014. Il s’est révélé que «927 416 personnes, soit 7% de la population sénégalaise, pourraient être confrontées à des difficultés alimentaires au cours de la période de soudure de juin à août 2015 dans 43 départements du pays.

Ce plan, élargi à 2016, a été mis en œuvre avec l’appui des partenaires techniques et financiers (PTF) du Gouvernement (Agences du Système des Nations-Unies, Organisation non gouvernementales (ONG) nationales et internationales) réunis au sein des différents groupes thématiques sectoriels : Groupe Sectoriel Développement Rural et Sécurité Alimentaire (GTDRSA) et Groupe sectoriel Nutrition.

Une évaluation de ce PNR 2015 a été réalisée sous l’égide du Secrétariat Exécutif du Conseil National de Sécurité Alimentaire (SE/CNSA), avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers le projet «Renforcement de la gouvernance de la sécurité alimentaire et de la nutrition» (Pro-Act) financé par  l’Union européenne (UE). Cette évaluation vise, entre autres, à apprécier de manière globale et par secteur (agriculture, élevage, nutrition) le processus d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi-évaluation ainsi que les effets et les impacts du PNR auprès des bénéficiaires.

Lors de l’atelier de restitution de l’évaluation, tenu le lundi 27 novembre 2017 avec les représentants du Gouvernement, des secteurs concernés et des PTF -UE, Canada, Coopération espagnole, FAO, Programme Alimentaire Mondial (PAM)-, le Conseiller Spécial du Premier ministre en Agriculture et Président du Comité de Pilotage du Pro-Act, M. Fallou Dieye, a souligné que «l’assistance humanitaire est importante et même très importante en ce sens qu’elle permet de préserver les moyens d’existence des nécessiteux et parfois de sauver des vies».

«Toutefois, il devient fondamental de s’orienter résolument vers le renforcement de la résilience des communautés, c’est-à-dire, leurs capacités à anticiper les chocs, à résister, à donner la riposte appropriée, à récupérer et à s’adapter de manière durable» a-t-il estimé. 

Une approche multisectorielle pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable des ménages les plus pauvres

Soulignant «la récurrence de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans certaines régions du Sénégal», le Chargé de Programme de la FAO, M. Cheikh Gueye, a soutenu que cette récurrence «devrait obliger tous les acteurs à fédérer leurs efforts pour combattre plus efficacement cette situation et renforcer durablement la résilience des populations».

Selon lui, la promotion et le renforcement du dialogue intersectoriel autour du Comité Technique National du Système d’Alerte Rapide «permettra d’identifier les opportunités de collaboration et de planification opérationnelle autour d’objectifs communs, visant à apporter des réponses conjointes face aux chocs multiformes, corroborés par le changement climatique».

Le PRN 2015 était articulé autour de trois volets (assistance alimentaire, nutrition et agropastoralisme ou assistance au bétail en péril) pour un budget total exécuté de 14 milliards sur les 36,2 milliards de FCFA prévus, soit 43,6 % du budget exécuté dont 61% mobilisé par le Gouvernement via les fonds ARC (Mutuelle panafricaine de gestion des risques). En effet, ce niveau de mobilisation financière avait poussé à une révision des objectifs initiaux mais également à une revue à la baisse des quantités à distribuer.

L’évaluation du PNR 2015 a montré une atteinte globale des objectifs initiaux notamment pour les volets assistance alimentaire, appui en intrants maraichers et en aliments pour bétail même si ces interventions se sont étalés sur deux années consécutives sur l’ensemble du territoire.

Deux points forts entre autres ont été notés :

- L’élaboration consensuelle et participative (SE/CNSA, Direction de l’Élevage (DIREL), Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM), Division de l’Alimentation et de la Nutrition (DAN), PTF et ONG) du document du PNR 2015 ;

- L’élaboration de rapports bilan pour les différents volets.

Deux contraintes ont été relevées :

- Des faiblesses de ciblage, de pilotage et de suivi-évaluation du PNR notamment sur l’analyse financière détaillée et de ses effets ;

- Un retard de mobilisation des fonds des partenaires (dû au retard de validation du PRN 2015) et un retard important de mise en œuvre des réponses sur le terrain.

Pour améliorer l’efficacité et l’efficience des prochains plans nationaux de riposte le nouveau Secrétaire exécutif du SE/CNSA, M. Jean Pierre Senghor, a fait un plaidoyer pour des interventions renforçant davantage la résilience des populations afin que ces plans de ripostes deviennent des exceptions. Notant le retard de réponse en 2017, Fallou Dieye a, quant à lui, souligné la nécessité d’interventions plus efficaces et surtout plus précoces à travers notamment des lettres de conforts pouvant réduire le temps de mobilisation des fonds.