FAO au Sénégal

Sénégal: La FAO lance un projet d’assistance aux éleveurs transhumants affectés par la COVID-19

(c)FAO/Sylvain Cherkaoui
30/07/2020

Renforcer la résilience de 3 000 ménages pastoraux vulnérables

La situation pastorale 2019-2020, est particulièrement difficile au Sénégal notamment dans la zone septentrionale du fait du déficit de pâturage. Un départ précoce et massif des éleveurs en transhumance vers les zones d’accueil des régions du centre et du sud-est a été constaté. Dans les zones de productions agro-pastorales, les produits agricoles et d’élevage ne pouvaient plus atteindre les marchés en raison des mesures de restrictions de mouvements qui ont été prises par le Gouvernement pour freiner la propagation du virus de la COVID-19. 

La fermeture des marchés hebdomadaires a également occasionné des difficultés pour la commercialisation du bétail, principale source de revenus des éleveurs, pour acheter des denrées alimentaires et de l’aliment pour leur bétail. 

Pour faire face à cette situation d’insécurité alimentaire et socio-économique, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a décidé d’apporter une réponse à travers le projet «Assistance d’urgence pour renforcer la résilience des éleveurs pastoraux impactés par la pandémie de la COVID-19». Cette initiative, qui entre dans le cadre de la contribution de la FAO au Programme de résilience économique et sociale du Gouvernement, est aussi une réponse à une requête du Ministère de l’Elevage et des productions animales (MEPA) pour soutenir les ménages pastoraux fortement impactés par la pandémie. En mars 2020, le MEPA avait émis une note sur les effets de la COVID-19 au niveau des principales filières animales et des propositions d’appui aux acteurs. 

Lancé officiellement le lundi, 27 juillet 2020, le projet d’assistance aux ménages pastoraux, d’un budget de 400 000 dollars US (230 464 000 FCFA), vise à améliorer le pouvoir d'achat, les moyens de subsistance et les conditions nutritionnelles des éleveurs vulnérables grâce à un transfert monétaire. 

«Cet appui de la FAO qui concerne 3 000 éleveurs, qui recevront chacun 50 000 FCFA pour un kit alimentaire, vient s’ajouter à une longue liste d’actions initiées par cette institution pour soutenir le secteur de l’Elevage du Sénégal» a souligné le ministre de l’Elevage et des Productions animales, Samba Ndiobène Ka. 

Le ministre a salué «l’engagement de la FAO pour accompagner son département pour une promotion durable des cultures fourragères et pour l’élaboration du Programme national de Développement intégré de l’Elevage du Sénégal». 

Soutenir les filières pastorales et sensibiliser aux gestes barrières 

La FAO compte apporter un soutien aux filières pastorales face aux contraintes engendrées par la pandémie du COVID-19. C’est pourquoi, dans la phase d’assistance d’urgence, 5 000 tonnes d’aliments de bétail vont être mis à la disposition de 10 000 ménages pastoraux vulnérables, soit environ 80 000 éleveurs localisés dans les départements les plus touchés par le déficit fourrager. La phase d’appui consistera à renforcer et à redynamiser le mécanisme de sauvegarde du bétail pour améliorer la résilience des exploitations pastorales face aux crises et aux chocs. 

Avec l’augmentation des cas de contamination communautaire, la sensibilisation sera poursuivie afin de stopper la propagation du virus par la mobilisation sociale. Les agents de terrain du MEPA, particulièrement les chefs de services régionaux et départementaux de l’Elevage et les chefs de poste vétérinaire, vont assurer ce volet, compte tenu des actions déjà engagées dans la lutte contre la pandémie. Ils s’appuieront sur les radios communautaires pour transmettre des messages sur les gestes barrières et les mesures préventives ainsi que sur les causes, les manifestations de la COVID-19. Pour accompagner ces actions, des kits de lavage des mains seront distribués aux ménages pastoraux.

Prévenir et contrôler la fièvre hémorragique de Crimée Congo (FHCC) 

En plus de la situation d’insécurité alimentaire constatée chez les éleveurs, les cas de Fièvre hémorragique Crimée Congo (FHCC), récemment observés en Mauritanie, accentuent le risque d’introduction et de diffusion de la maladie dans le pays, à travers les communautés d’éleveurs transhumants qui se déplacent d’un pays à l’autre avec leurs animaux surtout à l’approche de la fête de la Tabaski. 

La FAO va appuyer le Sénégal à inclure la FHCC dans son plan national de préparation et de réponse en accompagnant les services vétérinaires nationaux dans l’évaluation et la cartographie des risques de la maladie. Ce, pour élaborer et mettre à jour un plan de surveillance basé sur les risques d’introduction et de diffusion de la maladie dans le pays. 

«Le projet va permettre de renforcer la prévention et le contrôle de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) au Sénégal dans un cadre sous régional en même temps que la Mauritanie et le Mali», a déclaré le Représentant de la FAO au Sénégal, Gouantoueu Robert Guei. 

«Il nous faut alors absolument mener des actions de prévention, de détection et de contrôle de la maladie en vue de protéger les communautés d’éleveurs (transhumants et nomades) contre cette zoonose qui peut affecter l’homme avec une létalité pouvant être supérieur à 30%», a-t-il estimé. 

Les éleveurs seront sensibilisés à la FHCC et l’attitude à adopter en cas d’apparition des premiers signes. Le projet va aussi aider à élaborer ou mettre à jour les procédures opérationnelles standard (POS) pour la collecte d'échantillons, y compris les tiques et leur transport, et à appliquer les mesures de biosécurité sur le terrain, dans les laboratoires et tout au long de la chaîne de valeur des ruminants. Au niveau frontalier, le projet soutiendra la collaboration entre les services vétérinaires du Sénégal et de la Mauritanie afin de minimiser les conflits humains et les impacts sur la santé publique et de faciliter le contrôle des mouvements et du commerce des animaux. Il va également appuyer la fourniture de matériel (réactifs et consommables) pour le diagnostic de laboratoire (y compris le diagnostic moléculaire) pour la FHCC.