FAO au Sénégal

Myiases à larves bouchères : « Le Sénégal confirme ses premiers cas, totalisant plusieurs centaines d'incidents lors du dernier hivernage »

@FAO/Lala NDIAYE
25/03/2024

Dakar, Sénégal -La découverte récente de cas de Myiases à larves bouchères au Sénégal a été signalée suite des alertes émises par les techniciens des services vétérinaires. Ces derniers avaient remarqué plusieurs cas de myiases traumatiques sur des animaux (chiens, chats, moutons). « Les asticots, différents des vers que l’on a l’habitude de voir sur les plaies, avaient gagné la queue de l’animal. C’était du jamais vu !". Ce témoignage a été recueilli par l'équipe de l'Unité de Gestion des Urgences (EMC) de la FAO, en collaboration avec des experts du Centre d'Urgence pour les Maladies Animales (FAO-ECTAD) au Sénégal, des représentants du Ministère de l’Élevage et des Productions Animales (Direction des Services Vétérinaires), du Laboratoire National de l’Élevage et de Recherches Vétérinaires de Dakar (LNERV), de la Direction des Parcs Nationaux et de l'Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) qui ont entamé un mission conjointe sur le terrain pour investiguer ce foyer. Dans le cadre du projet Global Health Security (GHS), financé par l’USAID, la mission s’est rendue dans les régions de Dakar, Thiès, Fatick et Tambacounda pour le contrôle de cette infestation, qui fait son apparition pour la première fois au Sénégal.  

Le LNERV a d’abord suspecté la mouche américaine, nommée Lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax), avant de découvrir qu’il s’agissait de Chrysomya bezziana, « sa cousine de l’ancien monde ». La mouche Chrysomya bezziana est un parasite des mammifères, y compris les humains, durant ses stades larvaires. Ces larves se nourrissent de la peau et des tissus sous-jacents, causant la myiase, une affection potentiellement mortelle si non traitée. Les infestations surviennent généralement sur des blessures fraîches, et les mouches peuvent également pondre des œufs dans les muqueuses irritées. Les femelles déposent en moyenne 175 œufs près des blessures, et les larves émergent rapidement pour se nourrir en s'enfonçant dans la chair.

Au Sénégal, des investigations sont menées par les Services Vétérinaires et le LNERV, qui ont permis de détecter 16 cas à Dakar, Yarakh, Bayakh (Thiès), Bandia, au Lac Rose, à Dioffior, Foundiougne, Koumpentoum, Bignona. La mission mixte de la FAO, services vétérinaires, LNERV et direction des parc nationaux a permis d’identifier des centaines de cas à travers le pays, a titre d’exemple : « Plus d’une centaine de cas à Keur Samba Dia », a été répertoriée comme en témoigne le Chef de poste vétérinaire local. Au total 1 918 cas de myiases à larves bouchères apparues entre juillet 2023 et janvier 2024 ont été observés par les éleveurs et les vétérinaires et ce uniquement sur les cinq départements visités par l’équipe de la mission.

A titre préventif, les éleveurs doivent veiller à soigner et désinfecter toute blessure sur leur cheptel en particulier la cicatrice ombilicale du bétail nouveau-nés.  Le traitement des myiases requiert l’application d’insecticides sur les plaies infestées, et l’extractions des larves (asticots). Des traitements préventifs, tels que la pulvérisation ou le trempage du bétail sensible avec des composés organophosphorés, sont possibles.  Les autorités sénégalaises envisagent également l'utilisation d'ivermectines, notamment la doramectine, sous forme d'injections sous-cutanées chez les animaux à risque.

Ce développement récent et l’apparition d’un parasite absent depuis au moins 60 ans, souligne l'importance d’une surveillance continue des maladies animales et de la coopération internationale pour lutter contre les menaces émergentes pour la santé publique et la sécurité alimentaire. Un nouvel épisode de myiases lors du prochain hivernage n’est malheureusement pas exclu et le pays doit s‎‎’y préparer.