FAO au Sénégal

Des chercheurs et experts ouest-africains s’intéressent aux bénéfices environnementaux de l’intensification de l’élevage de ruminants

(c) FAO/ Sylvain Cherkaoui
21/01/2016

A Dakar, la première étape ouest-africaine d’un projet international sur la réduction des émissions de méthane entérique

Du 6 au 8 janvier 2016, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) ont réuni une vingtaine de chercheurs et experts, venus de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest à Dakar, Sénégal. Pendant ces trois jours, les participants à l’atelier ont travaillé à identifier des solutions d’intensification en élevage de ruminants pour améliorer la sécurité alimentaire, tout en réduisant les émissions de méthane entérique.

Dans un contexte de forte croissance démographique et de doublement de la demande en produits laitiers d’ici 2030 en Afrique de l’Ouest, l’enjeu de ces discussions portent en réalité sur les possibilités d’intensification écologique des productions animales. Elles interrogent les co-bénéfices climatiques qui pourraient résulter d’une augmentation de la productivité dans le secteur de l’élevage de ruminants. Pour Vincent Martin, Représentant de la FAO au Sénégal, ces réflexions font écho aux discussions portées par les acteurs lors de la Conférence de Paris sur le Climat (COP21). "Le défi du 21e siècle est de répondre aux enjeux de sécurité alimentaire et nutritionnelle face à une population croissance, tout en limitant notre impact sur l’environnement et notamment la production de gaz à effet de serre. Ceci est plus particulièrement vrai dans la région du Sahel où la population agro-pastorale est vulnérable face aux aléas climatiques", a-t-il noté en marge de la rencontre.

L’atelier est organisé dans le cadre du projet « Méthane Entérique » coordonné par la FAO et NZAGRC (Centre néo-zélandais de recherches sur les gaz à effet de serre en agriculture). Ce projet international, financé par la « Climate Clean Air Coalition » (CCAC), couvre quatre régions : Asie du sud, Amérique latine, Afrique de l’Est et de l’Ouest.

Dans sa première phase, prévue sur neuf mois et finissant mi 2016, le projet doit permettre de mener une évaluation des gains possibles en productivité et en réduction d’émissions, à partir d’une description des principaux systèmes de production et de choix d’options de changement de pratiques. La seconde phase, d’une durée de dix-huit mois, permettra ensuite de tester et d’évaluer ces options lors d’expérimentations et de tests en milieu réel, pour une initier une diffusion plus large.

"Il y a un potentiel important pour le développement de la production laitière en Afrique de l'Ouest dans des systèmes qui contribuent positivement à l'environnement" explique ainsi Anne Mottet, chargée de politique de l’élevage à la FAO. "En particulier, les émissions de méthane entérique peuvent être réduites, pour rendre la production plus efficiente".

Analyser des systèmes d’intensification laitière, dynamiques et prometteurs

L’atelier de Dakar fait suite à une rencontre préliminaire organisée pour l’Afrique de l’Est et de l’Ouest à Addis Abéba, Ethiopie, en septembre 2015. Les discussions avaient alors conduit à choisir les systèmes en intensification laitière (pastoraux et agropastoraux) comme cibles du projet, car ce sont actuellement  les plus dynamiques et prometteurs en termes d’améliorations potentielles.

L’étape suivante de cette première phase du projet consiste à analyser, commenter et valider les premières données collectées sur les systèmes de production laitière. C’est chose faite pour l’Afrique de l’Ouest, avec cet atelier qui a réuni chercheurs et experts du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Sénégal, mais aussi du CIRAD, de la FAO, du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et de l’Association pour la Promotion de l'Élevage au Sahel et en Savane (APESS).

"Ce projet permettra aux organisations de producteurs de diffuser les meilleures innovations en matière d'aliments bétail et d’accroitre de façon significative la production laitière. Il devrait donc permettre une augmentation sensible des revenus des ménages et une réduction de leur dépendance alimentaire", a déclaré Boubacar Barry, Coordonnateur du PREPP (Programme Régional d’Education des Populations Pastorales en zones transfrontalières) pour l’APESS. "Pour nous, cet atelier confirme une nouvelle fois la nécessité du partenariat entre les instituts de recherche et les organisations de producteurs, dans toutes les dynamiques de développement de l'Agriculture".

Pendant les travaux, les participants ont également débattus des options techniques susceptibles d’être testées sur le terrain, portant sur l’alimentation, la gestion des troupeaux, la gestion des parcours et la santé animale. Ces options seront ensuite modélisées pour être diffusées.

Prochaines étapes

La seconde phase du projet qui se concentrera sur la validation et la mise en œuvre des interventions identifiées sera construite en partenariat avec les acteurs du secteur de l’élevage dans les pays. Elle sera développée de façon spécifique dans chaque région en fonction des priorités et des partenariats existants et sera soumise à la CCAC pour cofinancement. Différents mécanismes de financements peuvent être envisagés, tels que le fonds pour les NAMA (Nationally Appropriate Mitigation Actions) ou le Fond Vert pour le Climat.

 

Plus d’informations :

http://www.ccacoalition.org/en/initiatives/agriculture

 

Contact : Guilaine Thébault Diagne, Communication, FAO Sénégal, [email protected]