Renforcer les coopératives féminines à travers la promotion du partage d’expérience
En Afrique de l’Ouest, près de 50 pour cent des travailleurs agricoles sont des femmes. Il existe toutefois un fossé hommes-femmes dans l’accès aux terres, à la connaissance, aux intrants et au crédit, et les femmes sont pour autant moins à même de conduire une activité agricole durable et performante.
La FAO, à travers le programme Gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD), contribue à l’intensification agricole durable et à l’autonomisation des communautés rurales, notamment à travers l’amélioration des techniques de culture et la sensibilisation des petits exploitants sur les alternatives aux produits chimiques toxiques.
Dans le cadre du programme GIPD, le projet «Renforcement de la sécurité alimentaire dans les Niayes et la Casamance», lancé en 2011 et financé par l’Agence de Coopération au Développement Canadienne, est intervenu dans les Niayes (sur les cultures maraîchères) et en Casamance, dans le bassin de l’Anambé (en riziculture) en appui aux initiatives de renforcement de la sécurité alimentaire développées par le Projet Italien pour la Sécurité Alimentaire (PISA).
Le projet a organisé une visite d’échange dans les Niayes au profit des productrices maraichères de l’Anambé du 20 au 26 mai 2012. Cette visite naissait d’un besoin exprimé par les femmes productrices bénéficiaires du projet de partager des expériences entre femmes d’origines ethniques et d’horizons différents, mais ayant en commun l’agriculture et le fait d’être femme.
Binta Diao, née en 1978 à Souture, dans le bassin de l’Anambé en Casamance, est l’une des 36 femmes membres du Groupement de Promotion Féminin «Femmes Modernes», organisation partenaire du projet de Renforcement de la sécurité alimentaire. Binta est mariée et mère de quatre filles et d’un garçon. Elle est très engagée dans la vie de son Groupement et est l’adjointe à la Secrétaire du Groupement. Le Groupement «Femmes Modernes» font du maraîchage (surtout la tomate) pour revendre leur production. Elles n’ont pas de périmètre à elles mais cultivent sur des terrains qui leur sont prêtés. Cette année, elles ont bénéficié de la formation en GIPD à travers les champs écoles des producteurs (CEP), une approche qui propose une formation expérientielle le long d’une saison. Binta est devenue l’une des facilitatrices, c’est-à-dire qu’elle-même conduit des champs écoles afin de partages ses connaissances avec d’autres femmes.
Binta faisait partie des vingt productrices du bassin de l’Anambé qui ont pris part à cette visite d’échange dans les Niayes. Après un long voyage de plus de 600 kilomètres en car rapide pendant une journée entière, les femmes sont arrivées avec joie pour rencontrer les femmes des Niayes. Les productrices de Casamance étaient accompagnées par deux agents de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal et par les animateurs de la FAO qui ont aussi partagé ces moments d’échange et qui ont ainsi pu renforcer leurs capacités en approche genre. Durant les cinq jours passés aux Niayes en compagnie des agricultrices qui les ont accueillies, les femmes ont beaucoup appris en termes d’organisation, de techniques de transformation, de conservation et de protection des végétaux avec des produits phytosanitaires naturels. «Ce qui m’a touché le plus c’était voir et écouter des femmes qui prennent la parole devant les hommes et disent ce qu’elles veulent… elles savent c’est quoi la parité…moi, je veux aussi devenir conseillère rurale» confie Binta Diao.
Les résultats de cette visite ont été probants: les productrices du bassin ont pris conscience de leur rôle et de leur place dans le développement socio-économique de leur région. Suivant l’exemple des femmes des Niayes qu’elles ont rencontré, elles ont pu renforcer leurs capacités en techniques de plaidoyer, notamment pour améliorer la position des femmes dans la société. Binta s’est distinguée positivement par ses interventions pendant les réunions, et également dans la formation des facilitateurs/trices au niveau des CEP. Depuis cette visite, les productrices se sentent plus impliquées, plus concernées et plus responsabilisées.