Les systèmes d’élevage de petits ruminants en Tunisie Centrale : stratégies différenciées et adaptations aux transformations du territoire
En Tunisie centrale, l’élevage ovin reste très présent, malgré les nombreuses perturbations auxquelles il fait face depuis les années 1970 : aléas climatiques, évolutions socio-économiques et culturelles, développement des cultures. Ces évolutions entraînent une diminution des ressources issues des parcours. Il s’agit de comprendre comment des familles maintiennent une activité d’élevage dans ce contexte. L’étude a été menée grâce à une enquête réalisée en 2012-2013 chez 60 éleveurs. Quatre systèmes d’élevage ont été identifiés. Trois systèmes reposent sur l’élevage de brebis et la production d’agneaux plus ou moins finis. Les « pasteurs transhumants » utilisent la mobilité à grande distance pour accéder à des parcours de végétation spontanée, gérés par l’État. Les « agriculteurs-éleveurs » utilisent le pâturage des chaumes et d’autres ressources issues des terres cultivées, ce qui leur donne une plus grande capacité d’adaptation face aux changements. Les « pluriactifs » se révèlent les plus affectés par l’occupation des terres par les cultures, au détriment des parcours dont leur élevage dépend encore. Dans ces systèmes naisseurs, une forte proportion d’éleveurs pense diminuer leurs effectifs, voire même abandonner l’activité d’élevage, face aux difficultés qu’ils rencontrent. Un quatrième système, les « négociants-engraisseurs », s’est fortement développé, fondé sur l’engraissement au grain d’agneaux achetés, sans élevage de brebis. Cette activité est rentable à court terme, mais s’avère toutefois vulnérable face aux variations des prix des compléments alimentaires.