Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Aliou Bamba

facilitateur de la discussion, FAO
Ghana

Bonjour à tous

La question soulevée par Mr Georges Bazongo, Self Help Africa, Burkina Faso, relative à l’impact de l’utilisation de l’eau souterraines sur la nappes phréatiques est  très intéressante. C'est  d’ailleurs l’une des  raisons pour lesquelles des études très approfondies dans le domaine des eaux souterraines sont nécessaires. Je rappelle qu’ il ne s’agit pas de se focaliser seulement sur les nappes phréatiques tel que cela se fait actuellement à  partir de puits maraichers, mais il faut aller extraire l’eau dans les aquifères plus profonds, mais dont la ressource est annuellement renouvelable. Il est évident que si on fonde l’espoir de développer de la petite irrigation sur l’utilisation de la nappe phréatiques uniquement, cela ne saurait etre durable.

Pour le moment on ne  peut que  faire des hypothèses partant des chiffres provenant de  bases de données existantes. Mais quel est le niveau de précision de ces données ? En tout état de cause voici un schéma theorique ( je dis bien théorique) :

L’Afrique occidentale disposerait  de 358 milliards de m3  d’eau souterraine annuellement renouvelable(FAO Aquastat). Aujourd’hui  cette région a une population d’environ 250 millions d’habitants; et donc chaque habitant devrait  disposer de 3900 l/jour.

Avec la tendance actuelle de la croissance démographique, 700 millions d’habitants sont attendus en 2050. Si la région n’est pas trop affectée par le effets du changement climatique, chaque personne pourrait toujours disposer de 1400l /j . Cela ne concerne que l’eau souterraine.

Sur le même sujet je vous fait lire en encadré un extrait de l’article de Frédéric Julien,  « Maîtrise de l’eau et développement durable en Afrique de l’ouest : de la nécessité d’une coopération régionale autour des systèmes hydrologiques transfrontaliers »

Au sujet de la maîtrise de l’eau comme vecteur de développement, le Comité aviseur technique pour l’Afrique de l’Ouest du Partenariat mondial de l’eau se fait très clair : « The importance of water for socio-economic development cannot be over emphasized » (PME, 2000). L’Afrique de l’Ouest est relativement bien pourvue en ressources hydriques avec plus de mille milliards de mètres cubes d’eau douce renouvelés chaque année à travers le cycle hydrologique normal de la région (Niasse, 2005). Même en s’en tenant aux ressources renouvelables internes (i.e. celles générées à partir des précipitations endogènes) et donc en excluant le ruissellement entrant en Afrique de l’Ouest depuis, par exemple, la République centrafricaine et le Cameroun, chaque Ouest-africain disposait statistiquement en 2005 d’environ 4 059 m3/a. Or, il est largement admis qu’au-delà de 1 700 m3/a, le développement d’une société n’est théoriquement pas contraint par un problème d’accès à l’eau (Lasserre et Descroix, 2002). Au surplus, la pression sur la ressource est pour l’heure faible avec un taux d’utilisation (ratio entre les prélèvements annuels et la ressource renouvelable disponible) d’entre un et trois pourcent seulement. Ce taux pourrait par contre être multiplié par six à l’horizon 2025 en raison surtout de l’augmentation démographique (Niasse, 2005). À titre de comparaison, Peter Gleick (1993) du Pacific Institute for Studies in Development, Environment, and Security a placé le seuil d’inquiétude à un ratio demande/dotation d’un tiers.

Tout ceci pour dire qu’ il n y a pas de grand risques écologiques  si on parvient à adopter des « stratégies intelligentes » pour le développement durable dans ce domaine précis.

Il faut cependant comprendre que ce schéma est global et  n’est donc pas juste  pour chaque km2 de l'Afrique de l’Ouest. Mais ce qu’ il faut retenir, c’est la nécessité de mieux connaitre le secteur avant d’en faire usage. S’il est vérifié que ces quantités d’eau  sont  potentiellement disponibles pour l’afrique de l’ouest, il ne lui manquerait que des ressources techniques et financières pour les exploiter. Imaginez que ce soit le cas en Israël, ou dans le désert arabique, ce sont des programmes de transfert d’eau de bassin en bassin qui allaient etre mis en œuvre. Mais l’Afrique de l’Ouest se trouve etre la sous-région la plus démunie et vulnérable de la région Afrique la plus pauvre du monde.

Toutefois,  faisons le plaidoyer pour une coordination et une solidarité sous-régionale en vue de la mise à disposition aux populations de cette précieuse ressource naturelle.

Aliou  Bamba