Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Monsieur ou Madame, je vous fais parvenir, ci-joint, la contribution de  l’ADACO relative aux Orientations sur le renforcement au niveau national des interfaces entre science et politiques au service des systèmes agroalimentaires - Projet de rapport
Cordialement.
Pouaty Nzembialéla Davy, Président du Bureau Exécutif de l’ADACO
 
1- Lorsque vous envisagez de développer une interface entre science et politiques pour les systèmes agroalimentaires dans votre pays, quel est le plus grand défi que les orientations de la FAO, telles qu'elles sont présentées ici, peuvent vous aider à relever ? 
 
Le principal défi ici est de réunir l’ensemble des acteurs ou des parties prenantes (les secteurs public et privé, les instituts scientifiques, les organisations de la société civile (associations, fondations, ONG et les organisations autochtones etc). Ces acteurs doivent adhérer à l’approche qui consiste à développer une ou des interfaces entre la science et les politiques publiques liées aux systèmes agroalimentaires. Dans certains pays africains, les décideurs ne tiennent pas souvent compte des points de vue de la société civile ou des organisations des peuples autochtones en ce qui concerne l’élaboration des politiques publiques. Les données scientifiques agricoles ne sont valables que si elles aboutissent à des données probantes qui associent les connaissances scientifiques et les connaissances implicites ou traditionnelles. Ainsi, les orientations de la FAO doivent aussi privilégier le renforcement de la coopération étroite entre la FAO et les organisations de la société civile des pays concernés. Car, la production des données factuelles doit mettre en exergue les données citoyennes collaboratives prévues dans le cadre de Copenhague sur les données citoyennes. De plus, ADACO a apprécié le fait que l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et le Conseil Scientifique International (ISC) aient uni leurs forces dans le but d'accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable. Grâce à un nouveau partenariat, les deux organisations se concentreront sur l’intégration de la science dans l’élaboration des politiques et sur la promotion de l’innovation dans les systèmes agroalimentaires. 
 
Quelles sont vos suggestions pour rendre ces orientations plus pratiques et plus facilement applicables au niveau national ? 
Nos suggestions portent sur ce qui suit : - Appliquer une théorie du changement qui prend en compte toutes les parties prenantes (secteurs public et privé, OSC, ONG etc) ; - Renforcer étroitement la collaboration entre la FAO et les Organisations de la Société Civile (OSC) ; Partage - Proposer aux pays membres de la FAO et aux OSC des outils de mise en œuvre des interfaces entre la science et les politiques publiques nationales inclusives ; - Soutenir la production ou l’échange des donnés citoyennes collaboratives dans le domaine agricole en fonction du cadre de Copenhague sur les données citoyennes ; - Soutenir et renforcer les innovations agricoles basées sur la nature dans le secteur privé de chaque pays etc. 
 
2- Les rubriques/éléments identifiés dans le projet d'orientation sont-ils les plus importants pour renforcer les interfaces entre science et politiques au niveau national ? 
 
Les rubriques identifiées dans le projet d’orientation sont indispensables pour renforcer les interfaces entre la science et les politiques nationales. Cependant, les éléments identifiés doivent tenir compte des contraintes réelles de chaque pays et du caractère inclusif des politiques qui seront mis en œuvre. Il est nécessaire que les décideurs changent leur manière d’élaborer les politiques publiques et qu’ils s’inscrivent dans une approche inclusive et globale. Les politiques sont faites pour les populations qui expriment leurs besoins à travers la société civile ou d’autres canaux de communication. 
 
Dans la négative, quels sont les autres éléments à prendre en considération ? 
 
Les autres éléments à prendre en considérations sont : - les contraintes politiques, sociales, économiques, culturelles et environnementales etc ; - la prise en compte par les décideurs d’un changement de paradigmes dans l’élaboration des politiques etc. 
Y-a-t-il d'autres questions qui n'ont pas été suffisamment abordées dans le projet d'orientations ? Les autres questions concernent : - la problématique des prix des produits agroalimentaires ; - la maitrise des coûts (coûts cachés) de facteurs de production liés à l’activité agricole (transport, intrants agricoles, emballages, la chaine d’approvisionnement etc) ; - l’équilibre entre l’agroécologie et l’agro-industrie etc ; - la prise en compte de la spécificité des systèmes alimentaires des peuples autochtones et des communautés locales ; - les conflits homme-faune et la sécurisation des terres agricoles des communautés locales et des peuples autochtones ; - la limitation des terres agricoles au détriment de la préservation des écosystèmes naturels etc. 
Y-a-t-il des sections/thèmes sous représentés ou surreprésentés au regard de leur importance ? Les sections ou thèmes sous représentés sont : - La prise en compte des petits producteurs agricoles dans chaque pays ; - Les contraintes liées aux changements climatiques et à la préservation des systèmes alimentaires des peuples autochtones ou des communautés locales ; - Soutenir ou renforcer les capacités des parties prenantes dans la mise en œuvre des interfaces entre la science et les politiques publiques etc. 
 
3- Afin de rendre les orientations aussi concrètes que possible, nous incluons un grand nombre d'encadrés/études de cas sur des exemples concrets d'utilisation. Dans ce contexte, veuillez fournir une contribution de 300 à 450 mots portant sur des exemples, des réussites ou des enseignements tirés de pays qui ont renforcé ou renforcent les interfaces entre science et politiques au service des systèmes agroalimentaires, notamment en s'attaquant aux asymétries de pouvoir, à la collaboration entre les systèmes de connaissances, à la connexion entre les différentes échelles, aux activités de développement des capacités et à l'encouragement de l'apprentissage entre les interfaces entre science et politiques. 
 
Au Costa Rica par exemple, la sécurité alimentaire est mesurée par les disponibilités et la production alimentaires par habitant et par des indicateurs directs du degré de sécurité alimentaire des ménages qui a régulièrement progressé. Ce succès s'explique en partie par la priorité donnée à la lutte contre la pauvreté. Malgré les problèmes macroéconomiques rencontrés et l'ajustement des politiques qui a réduit la production de quelques cultures traditionnelles, la réorientation vers une croissance tirée par les exportations a permis d'importer davantage pour maintenir le niveau des disponibilités alimentaires par habitant, actuellement proche de 3000 calories par jour. Ainsi, le Costa1 Rica fait figure de pionnier dans le domaine de l’enrichissement à grande échelle de nombreux produits alimentaires et condiments. Si le pays avait entrepris d’enrichir la farine de blé en fer dès 1958, c’est à partir des années 1990 qu’il a mené une campagne plus vigoureuse en faveur de l’enrichissement en fer. Le fer pulvérulent, fortifiant aux propriétés peu efficaces, a été remplacé par le bisglycinate ferreux dans la farine de maïs en 1999 ainsi que dans le lait liquide et en poudre en 2001, et le fumarate ferreux a été ajouté dans la farine de blé en 2002. Afin d’évaluer l’efficacité du programme d’enrichissement, on a procédé à un examen de la prévalence de l’anémie chez les femmes (de 15 à 45 ans) et chez les enfants (de 12 mois à 7 ans) avant (1996) et après (de 2008 à 2009) l’instauration de l’enrichissement obligatoire. Pour ce faire, on s’est appuyé sur les données issues d’une enquête nationale menée d’abord auprès de 910 femmes et 965 enfants puis auprès de 863 femmes et 403 enfants, respectivement avant et après l’introduction du programme. Pendant cette période, l’anémie est passée de 19,3 pour cent à 4 pour cent chez les enfants et de 18,4 pour cent à 10,2 pour cent au niveau national. Parallèlement, la carence en fer a reculé-passant de 26,9 pour cent à 6,8 pour cent chez les enfants-de même que l’anémie ferriprive qui est passée de 6,2 pour cent à un niveau indétectable. 
 
4- Souhaitez-vous ajouter des informations supplémentaires ? 
 
En 2022, la société civile a été convoquée pour l’élaboration du Plan-Cadre de Coopération Gabon-Nations Unies (2023-2027). L’ADACO a pris part à ce processus puis, notre rôle s’est arrêté à cette étape. Soulignons aussi que lors de cette concertation, toutes les parties prenantes n’étaient pas représentées. Nous aurions voulu voir les représentants des entreprises, les universitaires, les centres de recherches, et les représentants des collectivités locales etc. Cependant, il n’existe pas au Gabon de cadre de concertation juridiquement reconnu par un décret ou une loi. La déclaration des nations unies sur les droits des peuples autochtones prévoie que les Etats doivent reconnaitre dans leur cadre juridique interne le Consentement Libre, Eclairé et Préalable, ce qui n’est pas le cas. Bien que certains pays appliquent les recommandations de la Banque Mondiale sur les Directives Opérationnelles sur les peuples autochtones, cette application est d’ordre générale ou globale. Nous pensons que lors des consultations multipartites, les peuples autochtones sont considérés comme les autres communautés car certains Etats en Afrique ne reconnaissent pas ce terme ou cette appellation de « Peuple Autochtone ». Ce qui a pour conséquence de les tenir à l’écart de toute décision qui les concerne car, le plus souvent le processus de consultation s’impose à eux. Par ailleurs, la République Gabonaise a amorcé un tournant de changement depuis la prise du pouvoir par les militaires le 30 août 2023, et plusieurs réformes sont en cours. Nous espérons que les nouvelles autorités prendront en compte les orientations de la FAO en matière d’élaboration des politiques publiques. Nous avons aussi constaté qu’un Plan National de Développement de la Transition 2024-2026 (PNDT2024-2026) est en cours d’élaboration. Dans son élaboration, ce Plan n’a pas inclus toutes les parties prenantes excepté les Administrations techniques et certaines entités du secteur privé. 
 
Existe-t-il des références clés, des publications ou des connaissances traditionnelles ou différentes qui sont absentes du projet et dont il faudrait tenir compte ? 
Les références clés, les publications ou les connaissances traditionnelles sont : - http://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2012-3-page-51.htm; - http://recherche.afd.fr; - FAOlex.fao.org/docs/pdf/Gab172637.pdf ; - 10-Gab165018%20PNSA.pdf ; - GUIDANCE ON STRENGTHENING NATIONAL SCIENCE-POLICY INTERFACES FOR AGRIFOOD SYSTEMS DRAFT FOR REVIEW – APRIL 2024 ; - Stratégie de la FAO en matière de science et d’innovation, FAO, Rome, 2022 ; - Renforcement des interfaces entre science et politiques au service des systèmes agroalimentaires, Cent trente-septième session, Rome, 6-10 novembre 2023 ; - Grandes lignes et feuille de route de la stratégie de la FAO en matière de science et d’innovation, Cent soixante-huitième session, 29 novembre - 3 décembre 2021 ; - RAPPORT DU GROUPE D’EXPERTS DE HAUT NIVEAU INTITULÉ « SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION : ÉNONCÉ D'UNE VISION GLOBALE À L'HORIZON 2030 », Quarante-septième session « Sécurité alimentaire et nutrition – faire la différence », 8-11 février 2021.