Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

John K. Cheburet

TOF Radio Manager
Kenya

>> English version below <<

Bonjour à tous, et un grand salut à tous ceux qui travaillent devant le micro pour apporter une valeur ajoutée à la vie des auditeurs.

Je suis directeur de radio dans le Programme de communication Biovision Farmer (FCP), au campus Duduville de l’icipe à Nairobi. Biovision FCP est une initiative qui a pour but de mettre à contribution et d'optimiser les synergies existantes entre différents canaux de communication d'informations afin de garantir le partage et la diffusion des informations et des connaissances relatives aux résultats des recherches et des innovations basées sur les pratiques des agriculteurs, dans des formats pratiques qui permettent leur transmission à de nombreux agriculteurs et d'autres usagers éventuels.  Le programme a été créé en 2010, avec le soutien de l’icipe, de Biovision Africa Trust et de la Biovision Foundation, qui est le donateur fondateur des projets FCP.

Les voies de communication des FCP sont la revue The Organic Farmer Magazine - un magazine agricole mensuel (www.theorganicfarmer.org) au Kenya, The Organic Farmer radio – programmes radiophoniques hebdomadaires, Farmer Communication Outreach – centres et formations utilisant des ressources d'agriculteurs sur le terrain et infonet-biovision – base de données en ligne (www.infonet-biovision.org). Toutes ces voies de communication ont pour but d'améliorer le bien-être des petits exploitants agricoles disposant de peu de ressources au Kenya et dans d'autres pays africains en promouvant et en améliorant leur accès à l'information sur les pratiques agricoles durables sur le plan environnemental et les innovations susceptibles de conduire à une meilleure rentabilité, gestion et qualité de vie.

Cette introduction est importante car les avis présentés ci-après sont basés sur mon expérience dans les projets en question. Le magazine TOF a été lancé en 2005 et Infornet-Biovision, en 2007. Peu après (2008), les agriculteurs ont demandé que soit organisé un programme radiophonique et, en 2009, que des agents sur le terrain soient envoyés pour faire la démonstration de ce qu'ils avaient lu dans le magazine et entendu à la radio. L'organisation a également créé une base de données en ligne pour recueillir l'information collectée au fil du temps. Une des leçons que nous avons apprise est que les différentes voies de communication fonctionnent mieux et sont plus efficaces lorsqu'elles sont utilisées ensemble, de façon complémentaire. Aucune ne fonctionne de façon isolée. Elles se complètent mutuellement et contribuent ainsi à renforcer la crédibilité, la pertinence, ainsi que la préférence des utilisateurs.

Dans ce contexte, je vais examiner de plus près le cas de la radio.

Le rôle de la radio

En premier lieu, la radio est un outil de formation au service du bien public. Elle est aussi utilisée pour transmettre l'information et, si le processus est bien mené, peut se transformer en voie de communication à double sens. Comme mentionné dans l'invitation à cette discussion, la radio parvient à ‘des zones éloignées et marginales grâce à son infrastructure bon marché et accessible’. Grâce à cela, la radio est un catalyseur du développement dans les zones rurales. Il est fréquent d'entendre les gens dire « j'ai entendu à la radio que…

À Biovision FCP, nous utilisons la radio pour recommander aux agriculteurs diverses pratiques agricoles écologiques et durables. Étant donné que la radio a une plus vaste couverture que le magazine, nous l'utilisons pour favoriser la prise de conscience, renforcer les messages, orienter, formuler et répondre à des requêtes, et établir des liens entre des groupes d'agriculteurs (pour promouvoir l'apprentissage entre agriculteurs), recevoir un retour d’information sur notre programmation et sur les technologies, qui est ensuite transmis aux scientifiques. La radio est un complément d’autres voies de communication.

Avec l’explosion des TIC, les radiodiffuseurs doivent comprendre que la radio n’est plus aujourd’hui le SEUL média disponible dans les zones rurales. L’une de ces technologies est la téléphonie mobile qui peut aider la radio à jouer un rôle plus significatif. Dans ce contexte, nous devons nous poser la question suivante : Quel est l’avenir de la radio face aux progrès de la téléphonie mobile ?

Problèmes qui se posent à la radio

Une série de nouveaux enjeux se posent à l’agriculture : la dégradation des sols, la réduction des terres, le changement climatique, la résistance aux maladies et aux ravageurs, entre autres. Il est indispensable d’attirer l’attention des agriculteurs sur ces problèmes et la radio peut contribuer à sensibiliser les gens sur les effets de leurs pratiques sur l’agriculture et sur les mesures à prendre pour atténuer les impacts du changement climatique et pour s’y adapter.

Les programmes radiophoniques traditionnels destinés aux agriculteurs ont tendance à fonctionner de façon isolée et à mettre l’accent sur la production et la commercialisation des biens et des services agricoles. Il est impérieux de faire le lien entre l’agriculture et d’autres secteurs, par exemple la santé et la nutrition, l’environnement, l’infrastructure, la jeunesse, la gouvernance, etc. Il s’agit de thèmes intéressants et relativement nouveaux pour notre public. Ce type d’approche contribue à mettre l’agriculture et la radio au centre du discours sur le développement.

Le rôle des jeunes radiodiffuseurs

Je pense que le rôle principal des jeunes radiodiffuseurs est de tirer parti du potentiel des TIC pour améliorer le service que la radio offre aux communautés. Ceci est possible à deux niveaux : celui des organisations, en les aidant à définir les outils les plus efficaces pour transmettre les messages aux auditeurs, et celui de la communauté, en formant les communautés à l’utilisation des TIC pour améliorer leurs entreprises agricoles.

Les jeunes entrepreneurs peuvent servir de modèles pour promouvoir l'entreprenariat social et économique, transmettre des compétences sur la façon de mener à bien des plans d'affaires, la comptabilité de base, l'élaboration de curricula, la rédaction de propositions et la commercialisation de leurs produits, entre autres éléments.

La radio peut servir à créer une prise de conscience parmi les jeunes sur les opportunités existantes dans la gestion des connaissances et des informations agricoles ; le développement de logiciels, les sites Web des organisations, la gestion du contenu en ligne, l'interaction avec les médias sociaux et les nouveaux médias, et autres types de soutien liés aux TIC.

Intensification et durabilité

Dans ce domaine, l'établissement de partenariats et de collaborations solides offre plus de possibilités que des programmes radiophoniques sur l'agriculture propres à chaque organisation. Ces partenariats peuvent être forgés ou être centrés sur différents aspects : l'acheminement de ressources, le développement de contenus, la mobilisation des auditeurs, etc.

Les partenariats sur le développement de contenus, en particulier lorsqu'ils sont conclus avec les institutions de recherche, aident les programmes radiophoniques sur l'agriculture à servir de passerelle entre les chercheurs et les agriculteurs, ainsi qu'à réduire les coûts. Ces partenariats aident également les radiodiffuseurs à former une réserve d'experts qui peuvent contribuer à répondre aux requêtes des agriculteurs. Cet élément doit être pris en compte dès la phase de planification d’un projet associé à la radio.

Le partage de contenu est un domaine fertile que les radiodiffuseurs doivent explorer davantage. Toutefois, un problème encore non résolu qui fait obstacle à ce partage de contenu est celui de la documentation et de l'archivage de programmes radiophoniques et de matériel afférent.  Par exemple, j'ai réalisé un bon programme sur l'alimentation des poulets. Je pourrais partager ce programme avec un autre producteur, par exemple dans une station de radio communautaire, mais celui-ci a des difficultés à utiliser mon produit final sous la forme présentée. Il pourrait être plus utile de lui faire parvenir mes entrevues et mes scripts à l'état brut, car cela lui permettrait d'avoir plus de liberté pour ajouter sa propre créativité au processus de production et d'adapter le produit final qu’il va radiodiffuser à son public.

La radio fournit un service public d'information. Le renforcement de la formation, des connaissances et des compétences doit être envisagé comme partie intégrante du développement de la communauté, et donc comme « Communication au service du développement ». Le travail avec le gouvernement est une façon d'assurer la pérennité à l'aide de subventions ou de remise sur le temps d'antenne, particulièrement dans le cas des organismes publics de radiodiffusion. Cela permet la création de partenariats publics-privés et évite les chevauchements de rôle..

Capacités et environnement politique favorable

La formation des journalistes et du personnel d'organisations qui participent directement aux projets et programmes de radio est un facteur prioritaire L'agriculture dispose aujourd'hui de beaucoup plus de temps d'antenne aussi bien sur la radio qu’à la télévision et d'espace de la presse écrite. Néanmoins, la capacité des journalistes des médias privés et commerciaux de couvrir des thèmes liés à l’agriculture reste limitée, ce qui contribue à la transmission de renseignements erronés. Les auditeurs et les lecteurs finissent par utiliser une information erronée pour prendre des décisions relatives à leur investissement.

Sur le plan politique, un meilleur accès aux services de TIC comme l'Internet et la téléphonie mobile dans les zones rurales permettra certainement aux éditeurs de radio de profiter des rôles complémentaires des différents outils et voies de communication.

Finalement, les gouvernements doivent protéger les intérêts des stations de radio communautaires dans l'évolution actuelle vers la radiodiffusion numérique. En effet, ces acteurs semblent avoir été oubliés et l’attention est accordée aux investisseurs étrangers et aux radiodiffuseurs commerciaux qui fonctionnent à l'échelle nationale.

John K. Cheburet

Directeur de radio TOF

Programme de communication Biovision Farmer

Greetings to you all and a shout out to all those who work behind the mics to add value to the lives of radio listeners.

I am a radio manager at Biovision Farmer Communication Programme (FCP) based at icipe’s Duduville Campus in Nairobi. Biovision FCP is an initiative that harnesses and optimizes synergies among various information communication channels to ensure information and knowledge about research findings and innovations based on farmers’ sound practices are shared and disseminated in practical formats to reach many farmers and other possible users. The programme was established in 2010 and is supported by icipe, Biovison Africa Trust and Biovision Foundation, which is the founding donor of the FCP projects.

The FCP pathways are The Organic Farmer Magazine - a monthly farmers’ magazine (www.theorganicfarmer.org) in Kenya, The Organic Farmer radio – weekly radio programs, Farmer Communication Outreach – field based utilizing farmer resource centres and trainings, and infonet-biovision – an online database (www.infonet-biovision.org). All these pathways aim to improve the welfare of resource limited small-holder farmers in Kenya and other African countries by advancing and improving their access to information on ecologically sustainable agriculture practices and innovations with potential to improve profitability, stewardship and quality of life.

This introduction is important because the insights I share below are based on my experience with the projects above. TOF Magazine was started in 2005 and Infonet-Biovision launched in 2007. After a while (2008) farmers demanded for a radio program and later on in 2009 they asked for field people who could demonstrate the things they read in the magazine and listen to on the radio program. The organization also created an online database to be repository for the information that has been gathered over time. One lesson we’ve learnt is that the different communication pathways work better and be more effective when used together; to support each other. None works in isolation. They complement each other thereby enhancing users’ perceived credibility, relevance and preference.  

It is in this context that I look more closely at radio.

Role of radio

Primarily, radio is an education tool for public good. It is used as a carrier of information and if done well, it becomes a channel for two way communication. As already mentioned in the invitation to this discussion, radio reaches ‘remote, marginal areas, thanks to a low-cost and accessible infrastructure.’ As such, radio is a catalyst for development in rural areas. It is common to hear people say, ‘I heard it on radio that…….’

At Biovision FCP, we use radio to educate farmers on recommended ecological and sustainable farming practices. Since radio has a wider coverage than magazine, we use it to create awareness, reinforce messages, make referrals, raise and attend to queries and link farmers to other farmers (to promote farmer-to-farmer learning), collect feedback on our programming and also on technologies and such feedback is transmitted to scientists. Radio acts in complimentarity with other communication channels.

With the ICT explosion, radio practitioners must realize that radio is now not the ONLY medium at work in rural areas. Mobile telephony is one such technology that can help radio play a more meaningful role. In this context, we must ask ourselves the question: what is the future of radio with advancement of mobile telephony?

Issues for radio

There are a host of emerging issues that are affecting agriculture; degraded soils, reducing land sizes, climate change, pest and disease resistance among others. Bringing these issues to the attention of farmers is crucial, and radio can help in creating awareness among people to start seeing how their actions affect farming and what measures to take to mitigate and adapt to impacts of climate change.

Traditional farmer radio programs have tended to approach farming programming in isolation, choosing to focus on production and marketing of agricultural goods and services. We need to make the linkages between agriculture and other sectors, for example, health and nutrition, environment, infrastructure, youth, governance and so on. These issues are interesting and somehow new to our audiences. Again, it helps situate agriculture and radio at the centre of the development discourse.

Role of young broadcasters

I think the biggest role for young broadcasters is to harness the potential of ICT to improve the service that radio offers to communities. This can happen both at the level of organizations – helping them to identify the best tools to deliver messages to listeners, and also at the community level educating communities on how to use ICT to improve their agribusinesses.

Enterprising young people can be used as role models in promoting social and economic entrepreneurship, by sharing skills on how to develop business plans, basic accounting, developing resumes, writing proposals and marketing their products amongst others.

Radio could be instrumental in creating awareness among youth on the opportunities in agriculture information and knowledge management; software development, organization websites, online content management, new and social media interaction, and other related ICT support.

Scaling up and sustainability

Here, forging solid partnerships and collaborations offers more promise as opposed to each organization starting its own farming radio program. These partnerships can happen or be focused on different issues; it could be on resource mobilization, content development, mobilization of listeners and so on.

Partnerships on content development particularly with research institutions helps a farming radio program to fulfill its role of being the bridge between researchers and farmers, and it cuts down on costs. It also helps the radio person to build a pool of experts who can help to address farmers’ queries. This is something that has to be factored into a radio project right from the planning stage.

Content sharing is one fertile area that radio practitioners need to explore more. However, documentation and archiving of radio programs and related material remains one big challenge that makes content sharing a difficult undertaking. For example, I have done a nice program on chicken feeding. I could share the same with a fellow producer in say a community radio station and he has difficulties using my final product in the form it is. Making available to him my raw interviews and scripts could do him more good because it gives him more latitude to input his own creativity into the production process and the final product he broadcasts will be tailored to his audience.

Radio provides a public information service. Information, knowledge and skills enhancement has to be viewed as an integral part of community development, hence ‘Communication for Development’. Working with government is one way to imbue sustainability through airtime subsidies or discounts particularly when using public owned broadcasters. It builds public-private partnerships and also avoids duplication of roles.

Capacities and enabling policy and frameworks

Training of journalists and people within organizations that are involved directly with radio projects and programs is a matter of priority. Agriculture is now getting a lot of airtime both on radio and TV as well as space on print media. However, the capacity of journalists in private and commercial media to cover agriculture stories remains low and contributes to misinformation. Listeners and readers end up using wrong information to make their investment decisions.

On the policy front, improving access to ICT services like internet and mobile telephone in rural areas will definitely help radio listeners benefit from the complementary roles of the different communication tools and pathways.

Lastly, governments should secure the interests of community radio stations in the current move to digital broadcasting. These players seem to have been forgotten as focus is given to foreign investors and commercial broadcasters operating at the national level.

John K. Cheburet

TOF Radio Manager 

Biovision Farmer Communication Programme

icipe - African Insect Science for Food and Health

P.O. Box 30772 - 00100 Nairobi, Kenya

Free Access to Farmer Information Services;

www.theorganicfarmer.org, www.infonet-biovision.org