Mécanisme pour la restauration des forêts et des paysages

Un groupe d’experts dévoile les 10 principes directeurs de la campagne visant à faire revivre la Terre

13/09/2021


Cette année, la Journée mondiale de l’environnement a marqué le lancement de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui vise à mobiliser des centaines de millions de personnes dans un effort historique pour guérir la planète.

À ce jour, 115 pays ont rejoint la campagne et se sont engagés à restaurer des écosystèmes cruciaux tels que les forêts, les rivières et les prairies. Ensemble, ces engagements permettraient de revitaliser plus d’un milliard d’hectares, soit une superficie supérieure à celle de la Chine. Des millions de personnes ont également apporté leur soutien à la Décennie des Nations Unies.

« L’enthousiasme pour la restauration ne cesse d’augmenter. Nous voyons des pays, des citoyens et des entreprises rejoindre Génération Restauration », déclare Tim Christophersen, coordinateur de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes au sein du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). « Mais il est maintenant temps d’agir. Et de faire en sorte que la restauration soit bien faite. »

Pour y parvenir, le groupe de travail sur les meilleures pratiques de la Décennie des Nations Unies a publié la semaine passé dix principes directeurs destinés à orienter les initiatives de restauration. Outre le PNUE et la FAO (la coordinatrice du groupe de travail), les agences chefs de file de la Décennie, la Société pour la restauration écologique (SER) et la Commission de la gestion des écosystèmes (CGE) de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont été les principales organisatrices, en collaboration avec le WWF, le CIFOR-ICRAF et le réseau Ecohealth.

Ces principes, publiés lors du Congrès mondial de la nature à Marseille, en France, détaillent ce qui définit les bonnes pratiques de restauration des écosystèmes. Ils sont le fruit de l’expérience de centaines d’experts et de praticiens de la restauration, notamment des responsables gouvernementaux, des chercheurs, des ONG, des entreprises, des populations autochtones et des chefs religieux.

« C’était formidable de voir à quel point les gens se sont engagés sur le sujet, mais surtout, la consultation ouverte nous a donné des pistes pour renforcer les principes », a déclaré l’une des coordinatrices du groupe de travail, Vera Boerger, de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture.

« Cela inclut la prise de conscience que pour guérir la Terre, nous devons nous appuyer sur toutes sortes de connaissances, y compris les sources traditionnelles et autochtones. »

Voici les dix principes dévoilés par le groupe de travail.

Principe 1: contribution mondiale
Des écosystèmes sains sont à la base des 17 Objectifs de développement durable (ODD) et sont essentiels pour prévenir les catastrophes climatiques et les extinctions massives. Une restauration réussie des écosystèmes contribue à la réalisation des ODD et rassemble les objectifs des trois conventions de Rio en s’attaquant simultanément au changement climatique, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols.

Principe 2: un large engagement
Les populations sont au cœur de la restauration. Actuellement, plus de 40 % de la population mondiale souffre de l’assèchement des sols, de l’insécurité de l'eau et d'autres effets néfastes de la dégradation des écosystèmes. Les responsables de la mise en œuvre de la restauration doivent inclure les personnes concernées tout au long du processus - et accorder une attention particulière aux voix des groupes sous-représentés et marginalisés tels que les peuples autochtones, les minorités ethniques, les femmes, les jeunes et les personnes LGBTIQ+.

Principe 3: continuum d'activités
Il n’existe pas d’approche unique pour la tâche difficile de redonner vie à ce qui a été perdu. Parfois, il suffit de donner de l’espace à la nature : les mangroves, par exemple, repoussent souvent d’elles-mêmes une fois que les perturbations ont disparu. Mais les écosystèmes gravement dégradés peuvent nécessiter davantage d’efforts, comme la plantation d’arbres à grande échelle. Il existe cependant un point commun à toutes les bonnes activités de restauration : elles se traduisent par un gain net pour la biodiversité et la santé des écosystèmes, tout en profitant aux populations.

Principe 4: avantages pour la nature et les personnes
Si les activités de restauration des écosystèmes peuvent aller de la plantation d’arbres fruitiers dans les jardins scolaires à la renaissance des récifs coralliens, elles doivent aussi viser les plus grands bénéfices possibles. En aucun cas la restauration ne doit conduire à une dégradation supplémentaire de l’environnement ou des personnes qui en dépendent.

Principe 5: s’attaquer aux causes de la dégradation
La restauration des écosystèmes ne remplace pas la conservation. De même, dans le cas de l’action climatique, l’augmentation des puits de carbone naturels doit aller de pair avec la décarbonisation de l’économie. Une restauration efficace doit donc s’attaquer aux facteurs de dégradation, depuis les contributeurs directs, comme l’extraction des ressources, jusqu’aux facteurs indirects, comme le changement climatique.

Principe 6: intégration des connaissances
L’idée que l’Homme peut restaurer des écosystèmes dégradés a une longue histoire dans le monde universitaire et dans la pratique. Pour réussir, la restauration des écosystèmes doit intégrer différents types de connaissances. Cela inclut les travaux scientifiques, mais aussi les connaissances indigènes et traditionnelles et l’expérience des communautés locales. Les meilleures pratiques et les innovations doivent également être saisies, évaluées et largement diffusées.

Principe 7: objectifs mesurables
Au début de chaque parcours de restauration, les personnes chargées de la mise en œuvre et celles concernées par la restauration doivent décider où elles veulent aller. Cela devrait inclure la fixation d’objectifs définis - comme le nombre d’arbres à replanter, par exemple - ainsi que des objectifs économiques et sociaux. Tous les objectifs doivent être mesurés par rapport à une base de référence afin de déterminer l’impact de la restauration.  

Principe 8: contexte local et de la terre/du paysage terrestre
La restauration est une mission mondiale. Pour faire revivre la Terre d’ici 2030, les actions doivent couvrir tous les continents et les océans. Mais la restauration se joue également au niveau local. Les mesures qui sont bénéfiques à un endroit peuvent avoir des effets négatifs ailleurs. Par exemple, l’intégration d’arbres et d’autres espèces qui ne sont pas indigènes à l’environnement peut entraîner une dégradation supplémentaire. La restauration doit être adaptée aux contextes locaux.  

Principe 9: suivi et gestion
La restauration est complexe et les impacts réels des initiatives sont difficiles à prévoir. Un suivi continu est essentiel pour s’assurer que les mesures progressent vers les objectifs d’un projet. Mais tout ne peut pas être contrôlé. Les initiatives de restauration doivent donc suivre des pratiques de gestion adaptatives et ajuster les interventions en fonction des besoins.

Principe 10: intégration des politiques
La restauration ne se fait pas de manière isolée. Un certain nombre de facteurs, dont le financement, peuvent déterminer le succès à long terme d’une initiative. Les instruments de gouvernance, tels que les lois et les politiques, sont essentiels pour soutenir la renaissance des écosystèmes.

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