Dans l’ensemble du monde, les forêts sont en danger. Les informations sur les forêts peuvent nous aider à mieux mesurer ce qui est en jeu, freiner la déforestation et améliorer la gestion des forêts. ©FAO/Adriane Tobias
Chacun sait que les bonnes décisions sont subordonnées à l’exploitation de données de bonne qualité. Cela est évident dans notre vie de tous les jours. Comment choisir les vêtements que nous allons porter le matin sans savoir s’il va pleuvoir ou non? Comment trouver sans carte l’itinéraire vers son lieu de travail? Pourquoi irions-nous faire les courses si nous ne savions pas que le réfrigérateur est vide?
Pour prendre des décisions, il nous faut des informations, et ce tout particulièrement lorsque nous cherchons des solutions à des problèmes complexes. Les forêts abritent la majeure partie de la biodiversité de la planète et nous fournissent en eau, nous procurent des moyens d’existence et de la nourriture. Et cependant, la déforestation et la dégradation des forêts se poursuivent à un rythme alarmant. La réduction des taux de déforestation et la gestion durable des ressources forestières mondiales figurent parmi les plus grands défis de notre temps. Tout comme pour les décisions simples que nous prenons chaque jour, des informations sont nécessaires pour nous rendre conscients de ce qui est en jeu et nous permettre de résoudre le problème. La FAO fournit aux pays un appui technique et des outils innovants qui les aident à recueillir les données dont ils ont besoin pour surveiller l’état de leurs forêts et protéger celles-ci.
Voici un certain nombre de réalisations majeures qui prouvent que des progrès réels sont possibles grâce à de meilleures informations sur les forêts:
Les données de surveillance de l’état des forêts ont permis aux pays d’améliorer leur gestion et de réduire la déforestation
L’Institut national brésilien de recherche spatiale observe la déforestation de manière suivie dans la vaste Amazonie depuis les années 1980. Au début des années 2000, lorsque les données ont fait apparaître que la déforestation atteignait des seuils critiques, la société civile s’en est émue, tant au Brésil qu’au niveau international. Le gouvernement a décidé d’agir, et les années suivantes ont vu se produire une réforme juridique, un changement dans l’application des lois, l’instauration de nouvelles incitations fiscales, la création de zones protégées et un engagement d’une dynamique nouvelle avec le secteur privé. Dans nombre de ces activités, des décisions ont été prises qui découlaient de l’exploitation directe des données d’observation des forêts brésiliennes. Entre 2005 et 2014, les taux de déforestation ont été réduits de 70 pour cent environ.
Le Viet Nam a lui aussi réorienté son secteur forestier lors de sa transition vers une économie de marché. Au début des années 1990, le couvert forestier du pays était en diminution depuis des décennies, jusqu’à ce que le Viet Nam fasse le choix d’une plus grande prudence en matière d’exploitation forestière. Des quotas d’exploitation ont été fixés en fonction des données de l’inventaire forestier. Depuis lors, la FAO prête son appui aux travaux vietnamiens d’inventaire forestier à travers une série de programmes d’assistance technique. Le Viet Nam a aussi lancé de vastes programmes de plantation d’arbres en ayant recours, pour la détermination des sites des plantations et le suivi des travaux, aux mêmes moyens techniques que pour les inventaires forestiers. La perte nette de couvert forestier a cessé, et la superficie forestière du Viet Nam ne fait qu’augmenter depuis lors.
Gérées avec soin, les forêts peuvent être une source pérenne de bois d’œuvre. Pour ce faire, il faut disposer de données sur les surfaces forestières, les espèces, leur croissance et leur productivité. En-haut/gauche:©EnvatoElements À droite/en-bas: ©UN-R
Des données ciblées aident les pays à protéger les forêts et atténuer le changement climatique
Pour être productrice d’effets, l’observation suivie des forêts suppose l’exactitude des données qu’elle recueille, mais pas seulement. Les informations recueillies doivent aussi répondre à des besoins spécifiques et être communiquées avec clarté à ceux qui prennent les décisions. Les informations ne nous sont utiles que lorsqu’elles nous sont communiquées avec pertinence et de manière spécifique.
Lorsque les experts de la FAO qui suivent l’état des forêts fournissent une assistance technique aux pays membres, ils commencent par consulter les parties prenantes afin de prendre connaissance de leurs besoins. La lutte contre le changement climatique étant une priorité mondiale, le suivi des émissions de gaz à effet de serre dans les massifs forestiers fait l’objet d’une forte demande.
La FAO a aidé plus de 45 pays à élaborer des systèmes nationaux de surveillance des forêts (SNSF), en leur procurant des données et des informations destinées à l’amélioration de la gestion des forêts, à la réduction de la déforestation et de la dégradation et afin de permettre l’atténuation du changement climatique, ce qui constitue une urgence. La fixation du carbone des forêts, les émissions de gaz à effet de serre et les prélèvements de carbone résultant de la croissance des forêts doivent être quantifiés. Les experts techniques de la FAO travaillent côte à côte avec les experts des pays à la planification de la collecte de données, à l’analyse des résultats des inventaires forestiers, au traitement des images satellitaires, à l’estimation des émissions et à l’organisation de la communication des données.
À titre d’exemple, la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est fortement investie dans la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Depuis 2011, la FAO apporte son appui à l’élaboration d’un système national de gestion des forêts destiné à suivre les progrès de manière fiable. Le pays n’a pas seulement élaboré une stratégie d’atténuation des émissions dans les massifs forestiers, il a également réduit ses émissions de plus de neuf millions de tonnes en 2014 et 2015.
Les satellites nous permettent de recueillir une quantité phénoménale d’informations sur les forêts. Sur cette image du Kalimantan Est (Indonésie) prise en 2019, la déforestation apparaît nettement dans les taches marron clair qui correspondent aux espaces fraîchement déboisés. Le vert foncé qui les entoure est la forêt ombrophile. ©ESA
Disponibilité accrue d’outils d’observation suivie des forêts abordables et performants grâce à des solutions libres de droits
L’internet a démocratisé le partage et la diffusion des informations. L’observation suivie est désormais plus aisée et davantage disponible pour les pays et autres parties intéressées grâce à des solutions libres de droits. La FAO offre aux pays un éventail d’outils de suivi environnemental bénéfique à leurs forêts.
Par exemple, l’initiative Open Foris de la FAO met à disposition gratuitement des outils et des plateformes en ligne libres de droit qui ont déjà permis à plus de 30 000 personnes dans 180 pays de collecter, d’analyser et de communiquer des données sur les forêts. Open Foris comprend le SEPAL, plateforme nuagique innovante qui permet de générer des informations essentielles sur les couverts forestiers et la couverture terrestre à partir d’images satellitaires. Ce système est mis au service du suivi de la modification des paysages, de la surveillance de la déforestation, ainsi que de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à celui-ci.
Dans une nouvelle publication, «Better data, better decisions – towards impactful forest monitoring» («De meilleures données pour de meilleures décisions - vers une surveillance forestière efficace», en anglais), la FAO a rassemblé des dizaines d’exemples de pays où les données de surveillance forestière ont catalysé une meilleure gestion des forêts et la remise en état de massifs. Les exemples réunis ici contribueront à aider les pays à prendre leurs décisions concernant les forêts dans de meilleures conditions.
«Il est désormais temps de transposer ces expériences positives, d’affiner nos démarches en matière de surveillance de l’état des forêts et de donner à nos efforts un rôle de catalyseur des mesures qui s’imposent pour les forêts et le climat», déclare Julian Fox, chef d’équipe de la FAO pour la surveillance nationale des forêts.
Si nous voulons préserver les forêts du monde, il est indispensable d’assurer une surveillance exacte de leur l’état. Nous sommes entrés dans la dernière décennie qui nous reste pour concrétiser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, et selon l’Évaluation des ressources forestières mondiales de la FAO, le chemin à parcourir pour concrétiser l’indicateur 15.2.1 des ODD - la gestion durable des forêts est encore long. Les apports d’informations peuvent toutefois nous aider à nous maintenir sur la bonne voie. La FAO s’est engagée à aider les pays à recueillir des données, à les rendre accessibles et à mettre en œuvre les bonnes stratégies de gestion des forêts, étayées par des données scientifiques. Mettre un terme à la déforestation fait partie de la construction d’un monde meilleur, non seulement pour notre génération mais aussi pour les générations à venir.
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