Chaque année, environ 14 pour cent des aliments produits sont perdus au cours des phases de production et de distribution, et 17 pour cent supplémentaires sont jetés par les magasins et les consommateurs. ©FAO/Miguel Schincariol
Les aliments. Ils sont cultivés, récoltés, transformés, emballés, transportés, distribués, commercialisés, achetés, cuisinés et... jetés.
Chaque année, environ 14 pour cent de la production alimentaire est perdue entre le moment de la récolte et celui de la livraison sur le lieu de vente au détail. Ensuite, 17 pour cent des produits alimentaires sont jetés par les magasins et les consommateurs.
Les pertes et gaspillages de nourriture contribuent fortement à la crise climatique car ils représentent jusqu’à 10 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dans certains pays, la chaîne d’approvisionnement alimentaire est déjà en passe de détrôner l’agriculture et l’utilisation des terres en tant que premier émetteur de gaz à effet de serre, ce qui vient renforcer l’instabilité du climat et les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations. Cela a des conséquences sur le rendement des cultures et leur qualité, aggrave les pertes de nourriture et accentue la menace pesant sur la sécurité alimentaire et la nutrition.
Bien que la production alimentaire soit suffisante pour nourrir la population à l’échelle mondiale, près de 830 millions de personnes ne mangent toujours pas à leur faim chaque jour. Les raisons du décalage entre l’offre et la demande sont multiples et symptomatiques de profonds facteurs d’inefficacité dans les chaînes de valeur agroalimentaires – c’est-à-dire dans l’ensemble de la filière qui va du producteur d’aliments au consommateur – et ailleurs.
Lutter contre ces problèmes et sortir du cercle vicieux des pertes et gaspillages de nourriture et du changement climatique est donc une priorité absolue, encore plus au moment où les prix alimentaires flambent.
En haut à gauche: Les mangues fraîches, comme beaucoup d’autres fruits, se gâtent rapidement car elles sont délicates et contiennent beaucoup d’eau. © FAO/Miguel Schincariol. En bas à droite: Les caisses en plastique sont préférables aux filets ou aux cagettes en bois pour limiter les pertes de nourriture pendant le transport. Un projet de la FAO promouvant leur usage a permis de réduire les pertes de tomates de 98 pour cent. © FAO/Heba Khamis
Des solutions simples
La FAO a mis en œuvre plusieurs projets visant à réduire les pertes de nourriture et à rendre les systèmes agroalimentaires plus efficaces. Certains projets aux résultats prometteurs concernent la production de fruits et de légumes en Asie du Sud, où la mangue tient une place importante.
La mangue a de nombreuses utilisations possibles. Elle peut être consommée fraîche ou rentrer dans la préparation de confiseries, de glaces, de sorbets et de pâtisseries. Sa pulpe est riche en fibres alimentaires, en vitamine C, en provitamine A, en caroténoïdes et en antioxidants.
Cependant, les mangues fraîches, comme d’autres fruits, se gâtent rapidement du fait de leur forte teneur en eau et de leur nature délicate. Si les fruits ne sont pas cueillis à maturité, ni manipulés correctement tout au long de la chaîne de distribution, leur quantité et leur qualité seront moindres, ce qui se traduira par des pertes de produit et par une baisse de revenus pour tous les acteurs intervenant dans leur production et dans la manutention après récolte. De plus, une manipulation inadaptée et des infestations réduisent la durée de conservation des mangues, ce qui limite donc leur vente et génère des pertes économiques.
En Asie du Sud, les experts de la FAO ont constaté que les agriculteurs locaux manquaient souvent de connaissances pour bien s'occuper des fruits et des légumes après la récolte, ainsi que de ressources pour résoudre les problèmes de qualité. Cela peut provoquer la perte de plus de la moitié des récoltes de légumes.
Les principales causes des pertes après récolte sont les maladies, les infestations, les techniques de récolte inadaptées, une manutention imprudente, un conditionnement peu satisfaisant et de mauvaises conditions de transport.
Mais, quand la FAO a formé les agriculteurs aux bonnes pratiques de gestion après récolte et à l’emploi de cagettes en plastique réutilisables plutôt que de filets à usage unique pour transporter leur production, l’amélioration a été très nette.
La FAO a formé au moins 5 000 petits producteurs dans divers pays d’Asie à la production et à la vente de fruits et de légumes frais. © FAO/Dan White
Des résultats impressionnants
La FAO a introduit de bonnes pratiques et des solutions durables peu coûteuses visant à améliorer la qualité et la durée de conservation des mangues au Bangladesh. Les faits montrent que, malgré leur faible coût, ces mesures ont un fort impact.
Par exemple, l'utilisation de caisses en plastique pour le transport de produits en vrac réduit à un niveau minimal les pertes durant le transport, et les mangues traitées à l’eau chaude pour lutter contre les maladies après récolte ont une durée de vie supérieure en rayon et sur les étals. L’utilisation de nouveaux outils, tels que de meilleurs cueille-fruits qui évitent d'abîmer les fruits, et le changement des techniques de récolte – par exemple couper une partie du pédoncule des fruits avec un sécateur et des gants au lieu de détacher les fruits à la main afin qu’ils aient moins de tâches de latex quand ils sont placés dans des cagettes – permettent de proposer de plus beaux produits aux consommateurs.
Dans l’ensemble, l’amélioration de la manutention après récolte, associée au traitement à l’eau chaude, a permis d'obtenir des mangues de meilleure qualité ayant une plus longue durée de conservation. Ainsi, sur une période de cinq jours, la quantité de mangues jetées car dégradées a diminué d’environ 70 à 80 pour cent. Cette diminution du gaspillage de nourriture, conjuguée à une plus longue durée de vie, s’est traduite par d'importants gains financiers pour les agriculteurs et les commerçants.
«Ces fantastiques améliorations montrent que de petits changements dans les pratiques de gestion après récolte, ainsi que l’utilisation de matériel peu coûteux, peuvent avoir un grand impact sur la qualité et la durée de vie des fruits et légumes frais et ainsi lutter contre les pertes et gaspillages de nourriture», explique Rosa Rolle, Fonctionnaire principale de la FAO chargée du développement des entreprises.
La FAO promeut ces résultats et ces pratiques dans le monde entier. À ce jour, au moins 5 000 petits producteurs de plusieurs pays d’Asie ont été formés à la production et à la vente de fruits et de légumes frais.
Face à la montée des prix alimentaires, aux effets croissants du changement climatique et à la persistance de la faim au niveau mondial, les pertes et gaspillages de nourriture sont inacceptables, quels qu'ils soient. Cliquez ici pour découvrir ce que vous pouvez faire chez vous, à votre niveau.
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