L'agriculture de conservation

Kazakhstan

Des agriculteurs cessent de labourer dans la steppe du Kazakhstan

Le zéro labour, la couverture du sol et la rotation des cultures aideraient de nombreux pays à enrayer la dégradation des terres et à produire davantage de nourriture. Les producteurs de blé du Kazakhstan sont déjà bien avancés dans la transition vers une agriculture de conservation généralisée.

Le Kazakhstan est l'un des premiers pays au monde à adopter l'agriculture de conservation. Les terres non labourées à semis direct produisent des rendements en blé plus élevés que les terres labourées, et entraînent des coûts de production plus réduits. La rotation du blé avec d'autres cultures génère des revenus supplémentaires et laisse des résidus qui conservent l'humidité du sol et éliminent les mauvaises herbes.

La superficie des terres avec zéro labour est passée de zéro en 2000 à 1,4 million d'hectares en 2008. Cette augmentation est attribuée aux taux d'adoption très élevés dans les grandes exploitations agricoles de plus de 50 000 ha, où les gestionnaires s'efforcent d'augmenter la production tout en réduisant les coûts. Toutefois, l'approche a également été adoptée par les petites et moyennes exploitations, une catégorie qui, au Kazakhstan, pays peu peuplé, couvre de 500 à 2 500 ha. Le taux d'adoption a été particulièrement élevé dans les exploitations dotées de sols noirs riches, où les rendements élevés permettent de dégager le capital nécessaire à l'investissement dans les machines de l'agriculture de conservation.

Dans les zones de zéro labour, les mauvaises herbes sont souvent combattues avec des herbicides. Cependant, de nombreux agriculteurs ont constaté que la combinaison du zéro labour et de la couverture permanente du sol permet également de supprimer les mauvaises herbes. Sans travail du sol, le stock naturel de graines de mauvaises herbes dans le sol diminue avec le temps, et les résidus en décomposition libèrent des acides humiques qui bloquent la germination des graines. Si le zéro labour nécessite généralement une utilisation accrue d'herbicides au cours des premières années d'adoption, après quatre ou cinq ans, l'incidence des mauvaises herbes – et l'utilisation d'herbicides - diminue considérablement.

Un autre avantage de la conservation des résidus de culture dans le nord du Kazakhstan est qu'elle augmente la disponibilité de l'eau pour la culture du blé. Les précipitations annuelles varient entre 250 et 350 mm, et la neige hivernale représente environ 40% de celles-ci ; lorsque la neige est emportée par le vent, la surface du sol est laissée à nu et sèche. Le fait de conserver les chaumes de la culture de blé précédente permet de retenir la neige qui, lorsque le temps se réchauffe, fond dans le sol. Cela présente deux avantages : une plus grande humidité est disponible le long du profil du sol et l'érosion est réduite, voire éliminée. Des recherches menées dans les exploitations ont montré que l'utilisation des résidus pour capturer la neige, associée à un zéro labour, peut augmenter les rendements de 58%.

Les progrès dans l'adoption du troisième pilier de l'agriculture de conservation, à savoir les rotations de cultures diversifiées, qui permettraient d'accroître la productivité des terres et d'aider les agriculteurs à mieux gérer les parasites et les maladies du blé, ont été plus lents. La période de végétation estivale dans les steppes du nord est courte, avec une fréquence élevée d'années sèches. Cependant, les zones de jachères traditionnelles diminuent, car les agriculteurs profitent des précipitations disponibles – et parfois abondantes - pour cultiver de l'avoine, du tournesol et du colza. Des études ont montré le fort potentiel d'autres cultures de rotation, notamment les pois fourragers, les lentilles, le sarrasin et le lin. Une étude de trois ans a révélé que le sorgho fourrager semé fin mai et récolté en août fournissait non seulement du fourrage à vendre ou à ensiler, mais laissait également des chaumes durables après la récolte, très efficace pour piéger cette précieuse neige.