No.1 juin 2006 | ||
Perspectives de l'alimentation | ||
Analyse des marchés mondiaux | ||
|
MANIOC
Les cours internationaux des produits du manioc, qui avaient été fermes pendant une bonne partie de l’année 2005, ont baissé durant les quatre premiers mois de 2006. Les prix de la farine et de la fécule de manioc (f.o.b. Bangkok) ont chuté d’environ 9 pour cent par rapport à la même période en 2005, tandis que ceux des cossettes de manioc (destinées à la Chine) ont reculé de 12 pour cent. Toutefois, 2005 a été une année exceptionnelle pour les prix du manioc, les cours de la farine et des cossettes ayant atteint des niveaux historiques. Par conséquent, l’évolution des prix de 2006 devrait être vue dans ce contexte. Les cours des agglomérés destinés à l’Europe (f.o.b. Rotterdam) ne sont pas du domaine du public depuis juillet 2005, ce qui montre le manque d’intérêt pour les ingrédients d’aliments pour animaux à base de manioc sur le marché de l’UE. Les perspectives en ce qui concerne les prix du manioc pendant le reste de l’année 2006 dépendront surtout des pays de l’Asie, en particulier de la Chine et du Japon, dont les achats internationaux restent importants.
Les perspectives concernant la production mondiale de manioc de 2006, bien que toujours très incertaines, sont dans l’ensemble favorables et les résultats pourraient avoisiner le niveau record de l’an dernier, à savoir, 208 millions de tonnes. En Afrique, principale région productrice, où cette culture continue de jouer un rôle capital dans la sécurité alimentaire, principalement du fait de sa résistance à la sécheresse, les estimations préliminaires de la récolte dans certains grands pays producteurs font état de résultats généralement satisfaisants, proches du niveau record de 2005, qui était de 115 millions de tonnes. Le soutien de l’État en faveur de la commercialisation de cette récolte, en particulier au Ghana et au Nigéria, ainsi que des mesures prises par des organismes nationaux et internationaux qui ont contribué à renforcer la sécurité alimentaire grâce à la diffusion de plants et semences à haut rendement et résistants aux maladies, sont en grande partie responsables de ces perspectives encourageantes pour la région. La production de manioc devrait enregistrer une reprise en Asie, un retour à des conditions climatiques normales étant escompté, en particulier après l’enquête annuelle sur les semis menée en Thaïlande, qui fait état d’un accroissement de 12 pour cent de la production en 2006. Cette reprise sera également probablement favorisée par des prix intérieurs attrayants en Thaïlande et une hausse de la demande en éthanol et en fécule dans la région. Ce dernier facteur devrait aussi relancer la production pendant l’année en cours en Indonésie et au Viet Nam, autres grands producteurs de la région. En Amérique latine et dans les Caraïbes, la production s’annonce également bonne en 2006, reflétant des perspectives favorables au Brésil. L’appui solide et continu du gouvernement en faveur du secteur du manioc pourrait voir la production du Brésil dépasser les résultats exceptionnels de l’an dernier, soit 27 millions de tonnes. En ce qui concerne la Colombie et le Paraguay, les autres grands pays producteurs de manioc de la région, la situation actuelle reste floue, mais la production de manioc de ces deux pays a connu une forte croissance ces dernières années.
Les échanges internationaux des produits dérivés du manioc en 2006 dépasseront probablement les chiffres atteints en 2005 (6,2 millions de tonnes (en équivalent agglomérés). Cette prévision est basée sur une hausse prévue des disponibilités exportables en Thaïlande, premier exportateur mondial, et correspond au rythme plus soutenu des expéditions du pays à ce jour. Pendant les quatre premiers mois de l’année, les exportations thaïlandaises d’agglomérés et de cossettes ont augmenté de plus de 25 pour cent par rapport à la même période l’an dernier, tandis que les expéditions de farine ont progressé de plus de 40 pour cent par rapport à la période correspondante en 2005. Dans l’ensemble, le pays devrait expédier 6,9 millions de tonnes de cossettes, d’agglomérés et de fécule de manioc en 2006, soit 11 pour cent de plus qu’en 2005. Les pays d’ Asie devraient continuer d’être les principaux destinataires des échanges internationaux de manioc. La Chine est apparue il y a peu comme le premier importateur de manioc. La création d’une zone de libre-échange entre la Chine et la Thaïlande, qui a permis l’élimination d’un droit de 6 pour cent sur les produits dérivés du manioc en provenance de la Thaïlande, a redynamisé les échanges de manioc entre les deux pays. En 2005, la Chine représentait 53 pour cent du marché mondial; elle devrait rester la principale destination des échanges de fécule et d’ingrédients d’aliments pour animaux à base de manioc en 2006. Malgré d’amples disponibilités intérieures en céréales fourragères, la Chine semble prête, selon les rapports, à acquérir de grandes quantités de cossettes de manioc destinées à une utilisation intérieure, afin de soutenir ses exportations de maïs. En revanche, la demande d’importation en aliments pour animaux à base de manioc sur d’autres marchés asiatiques reste faible, rendant compte de plusieurs initiatives gouvernementales, en particulier en République de Corée et au Japon, visant à réduire les réserves céréalières en remplaçant les aliments pour animaux importés tels que le manioc par le riz. Toutefois, la demande de fécule et de farine de manioc au Japon, ainsi qu’en Chine, en Indonésie et en Malaisie, devrait demeurer ferme. Le recul de l’ UE sur le marché des importations, autrefois la principale destination des expéditions internationales de manioc, montre peu de signes d’apaisement. Malgré un contingent tarifaire préférentiel peu élevé de plus de 6 millions de tonnes avec l’Indonésie et la Thaïlande, de janvier à la première semaine de mai 2006, l’UE a émis des certificats d’importation pour environ 56 000 tonnes d’agglomérés de manioc, soit moins de la moitié de la quantité importée en 2005 à la même période. Le renversement des perspectives d’importation de l’UE continue de refléter la baisse de compétitivité des prix des aliments pour animaux à base de manioc par rapport aux céréales de production intérieure. Tableau 5. Commerce du manioc en Thaïlande 1
Source: TTTA, FAO
1 En poids de cossettes et d’agglomérés du produit
L’accroissement de l’utilisation va essentiellement de pair avec la production, car des stocks appropriés de manioc ne sont détenus qu’en quantités relativement modestes et sous forme asséchée, le produit étant essentiellement gardé en terre sous forme de racines jusqu’à ce que l’on en ait besoin et qu’il soit récolté. L’utilisation mondiale du manioc comme denrée alimentaire, la majeure partie étant consommée en Afrique subsaharienne sous forme de racines fraîches et de produits transformés, devrait atteindre 115 millions de tonnes en 2006, soit 1 million de tonnes de plus environ qu’en 2005. Les gains de production en Afrique subsaharienne devraient dépasser au total la croissance démographique, entraînant un accroissement modéré des disponibilités alimentaires par habitant. Après la prise d’une mesure similaire par le Brésil, les autorités du Nigéria ont annoncé la mise en place d’une politique, à compter du 1er juillet 2006, qui exige d’inclure 10 pour cent de farine de manioc dans la production du pain. Cette initiative vise à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations de blé et à offrir un débouché commercial aux producteurs de manioc. L’utilisation du manioc pour l’ alimentation animale, sous la forme de cossettes et d’agglomérés secs, concerne essentiellement le Brésil et la Colombie (Amérique latine et Caraïbes), le Nigéria (Afrique), la Chine (Asie), et les Pays-Bas et l’Espagne (Europe). Selon les prévisions actuelles, l’utilisation mondiale dans l’alimentation animale se chiffrerait à quelque 59 millions de tonnes, soit un volume légèrement plus élevé que l’année précédente. Cette hausse reflèterait la robustesse de la demande en ingrédients d’aliments pour animaux autres que les céréales en Asie, laquelle devrait compenser une chute continue de l’utilisation du manioc dans l’alimentation du bétail dans l’UE. Les utilisations industrielles du manioc devraient enregistrer une hausse marquée en 2006, en particulier en Asie, où la rapidité de la croissance économique stimule la demande en fécule et en éthanol. Par exemple, en Thaïlande, une raffinerie de pétrole de premier plan mettrait en place, selon les rapports, une usine importante de production d’éthanol à base de manioc, en vue de produire jusqu’à 2 millions de litres de biocarburant par jour. |
SMIAR | système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture |