Partenariat mondial sur les sols

Partenariat mondial sur les sols: dix années au service de la promotion des fondements des systèmes agroalimentaires mondiaux

Lancement de la carte mondiale des sols noirs et nouveaux objectifs clés pour 2030

Rome – Les représentants de plus de 500 partenaires, dont les Membres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), se réunissent cette semaine à l’occasion de la dixième assemblée plénière du Partenariat mondial sur les sols, qui, depuis sa création il y a dix ans, œuvre en faveur d’une sensibilisation mondiale et locale quant à l’importance que revêt la gestion durable des sols et oriente les politiques dans la recherche de solutions à des problèmes tels que l’érosion, la salinisation, la pollution ou la conservation de la biodiversité, le piégeage du carbone et les déséquilibres des éléments nutritifs.

25/05/2022

«Le rôle que jouent les sols ainsi que leur fertilité est plus important que jamais afin de garantir la sécurité alimentaire pour tous et de permettre la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, dans une allocution prononcée à l’ouverture de l’assemblée. Saluant les réalisations menées, à ce jour, par le Partenariat mondial sur les sols en matière de plaidoyer, de développement des capacités, de données et de cartographie, ainsi que de mobilisation des investissements, il a exhorté les participants à mener des actions visant à catalyser et à transposer à plus grande échelle les solutions de gestion durable des sols appliquées sur le terrain.

«Notre objectif pour l’avenir est d’améliorer et de maintenir la santé de 50 pour cent au moins des sols de la planète d’ici à 2030, ce qui ne sera possible qu’avec votre appui ferme et votre solidarité», a ajouté le Directeur général.

Cet objectif est présenté dans le nouveau Cadre d’action du Partenariat sur les sols 2022-2030, qui sera adopté au cours de la plénière, et revêt un caractère urgent dans la mesure où un tiers des sols de la planète se trouve aujourd’hui dans un état jugé mauvais ou très mauvais et subit des dégradations du fait de pratiques de gestion non durables.

La santé des sols ne peut être mesurée uniquement par la fertilité agricole. Selon le Groupe technique intergouvernemental sur les sols, mis en place lors de la première assemblée plénière du Partenariat mondial sur les sols et composé de 27 experts de haut niveau venus du monde entier afin de fournir des avis scientifiques, les sols sains sont ceux «qui ont la capacité de soutenir la productivité, la diversité et les services environnementaux des écosystèmes terrestres».

Ces services sont multiples: ils permettent aux paysages de fonctionner en tant que réserve planétaire de carbone la plus importante après les océans, de retenir l’eau qui permet à la vie d’exister même pendant les périodes de sécheresse, d’amortir les effets des inondations et de réguler les cycles de l’eau à grande échelle. Ils favorisent également la biodiversité qui contribue à limiter l’apparition des organismes nuisibles et des maladies, et constituent même une source de produits pharmaceutiques.

«Les sols sains fournissent des aliments sains et nutritifs et contribuent à la santé des populations et des écosystèmes», a déclaré M. Ronald Vargas, secrétaire du Partenariat mondial sur les sols. Les sols en mauvaise santé ont non seulement perdu leurs niveaux naturels de biodiversité et de productivité, mais sont aussi moins résilients et donc susceptibles de se dégrader davantage, a-t-il ajouté.

L’intérêt du public pour la santé des sols s’est accru depuis l’instauration par la FAO de l’Année internationale des sols 2015 et de la Journée mondiale des sols depuis 2014, et du fait des nombreuses initiatives menées dans le cadre du Partenariat mondial sur les sols. Mais cet intérêt n’est pas suffisamment ancré dans divers engagements internationaux. Le nouveau Cadre d’action comprend des objectifs de performance mesurables et propose d’établir un indice mondial de la santé des sols, ce qui permettra au Partenariat mondial sur les sols de faire entendre une voix encore plus forte au niveau mondial et de veiller à ce que les accords se traduisent par des actions concrètes sur le terrain. Le Cadre d’action vise également à assurer une meilleure coordination avec les trois conventions de Rio, afin que le rôle que jouent les sols dans la préservation d’un environnement sain puisse être reconnu comme il se doit.

Nouvelle carte mondiale de répartition des sols noirs

L’un des temps forts de la première journée de la plénière est le lancement de la carte mondiale de répartition des sols noirs, fruit d’un effort mené sur plusieurs années selon une approche axée sur les pays et dirigée par le Partenariat mondial sur les sols.

Les sols noirs permettent aux populations qui y sont installées de subvenir à leurs besoins et fournissent également au reste du monde une part importante des exportations alimentaires, et ce en dépit du fait qu’ils ne représentent qu’une faible proportion des sols de la planète. De fait, ces sols assurent près des deux tiers de la production mondiale de graines de tournesol, 30 pour cent de la production de blé et 26 pour cent de la production de pommes de terre. Les sols noirs sont caractérisés par une forte teneur en matières végétales décomposées, riches en carbone et en nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium. Ils s’étendent sur 725 millions d’hectares environ, dont près de la moitié se situe en Fédération de Russie et représente 19 pour cent de la superficie totale du pays. Des superficies importantes de sols noirs sont également présentes en Argentine, en Chine, en Colombie, aux États-Unis d’Amérique, en Hongrie, en Indonésie, au Kazakhstan, en Pologne et en Ukraine.

Les sols noirs sont associés aux écosystèmes des prairies indigènes, mais on les trouve également dans les régions tropicales. Les plantes cultivées, les prairies et les forêts couvrent chacune environ un tiers des sols noirs du monde entier. «Les sols noirs jouent un rôle fondamental en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre le changement climatique mais ils sont également de plus en plus exposés aux processus de dégradation des sols. Il est donc absolument essentiel d’étudier les propriétés et la situation de ces sols aux échelles locale et mondiale», a déclaré M. Yuxin Tong, coordonnateur du Réseau international des sols noirs. Une surveillance plus étroite de la dynamique des sols noirs dans le cadre des différentes pratiques de gestion pourrait permettre de prendre des décisions en connaissance de cause.

Les sols noirs sont littéralement vivants, et ce grâce au travail herculéen effectué par le vaste éventail d’organismes qu’ils hébergent. Ceux-ci transforment les matières végétales et animales en acides humiques, qui catalysent de nouveaux cycles de vie en surface. La complexité de ces écosystèmes rend également les sols noirs sensibles aux interventions humaines qui les perturbent, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire et le changement climatique à l’échelle mondiale.

Perspectives

M. Cem Özdemir, Ministre fédéral allemand de l’alimentation et de l’agriculture, M. Chalermchai Sri‑on, Ministre thaïlandais de l’agriculture et des coopératives, M. Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen chargé de l’environnement et de la pêche, sont tous intervenus à l’occasion de l’ouverture de la séance plénière, témoignant d’un soutien large et intersectoriel en faveur de la mission du Partenariat mondial sur les sols.

Les participants aborderont et examineront également des initiatives telles que les Directives volontaires pour une gestion durable des sols, ainsi que le Code de conduite international sur l’utilisation et la gestion durables des engrais (SoiLEX), le Mécanisme de reconstitution du carbone organique des sols au niveau mondial (RECSOIL), la campagne de la Journée mondiale des sols 2022 et le programme «Médecins des sols».

Le Partenariat mondial sur les sols, hébergé par la FAO, fonctionne comme un «réseau de réseaux». Les activités menées par les partenariats régionaux sur les sols seront examinées, de même que les progrès accomplis par les divers réseaux techniques internationaux axés sur des thèmes spécifiques et soutenus par le Partenariat mondial sur les sols.

Les derniers préparatifs sont en cours en vue du Colloque international sur les sols au service de la nutrition, qui aura lieu du 26 au 29 juillet 2022. Les colloques précédents, organisés par le Partenariat mondial sur les sols de la FAO et le Groupe technique intergouvernemental sur les sols autour de thèmes tels que le carbone organique des sols, la pollution des sols, l’érosion des sols, la biodiversité des sols et la salinité des sols, ont réuni des milliers de participants venus de la plupart des pays du monde. Ces colloques internationaux, animés par des débats intégrant des dimensions à la fois scientifiques et politiques, ont permis de produire des documents de synthèse utiles à la mise en œuvre active des actions recommandées.