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Promouvoir l’autonomisation économique des femmes rurales pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition au Niger

15/03/2024

Au Niger, en milieu rural, les femmes jouent un rôle de premier plan dans la production agricole, la transformation, la distribution et la vente de produits alimentaires, et ce sont principalement elles qui s’occupent des repas familiaux. Malgré cela, elles ont un accès limité aux ressources productives, notamment à la terre, aux intrants agricoles, aux financements, au crédit, aux services de vulgarisation et à la technologie, ce qui limite leur production agricole. Par ailleurs, leur participation aux processus décisionnels à tous les niveaux est très réduite. Enfin, les corvées ménagères et les soins non rémunérés limitent leurs possibilités de travailler à la ferme et à l’extérieur, et de trouver de nouveaux débouchés. La pandémie mondiale de la covid-19 a encore amplifié les problèmes auxquels les femmes doivent faire face, tout comme les récentes crises économiques et financières ayant entraîné une flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Cette fiche de bonne pratique se concentre sur le projet "Accélérer les progrès vers l'autonomisation économique des femmes rurales" visant à garantir les moyens de subsistance et les droits des femmes rurales dans les régions de Dosso et Maradi au Niger. Ce projet a été mis en œuvre entre 2015 et 2021 par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en collaboration avec d'autres agences des Nations Unies, en accord avec les politiques et stratégies du gouvernement en lien avec la nutrition, la parité homme‑femme, et les systèmes alimentaires. Il a promu des approches intégrées et transformatrices en matière de genre axées sur des plateformes communautaires - Le projet a été mis en œuvre au moyen d’approches intégrées et de plateformes communautaires – en particulier les champs-écoles des producteurs (CEP), les Clubs Dimitra et les stations de radio locales - avec un fort accent sur les groupes de femmes, en particulier en ce qui concerne la génération de revenus, les connaissances et les pratiques.

POINTS CLÉS

  • Sur la programmation sensible à la nutrition: Le score de diversité alimentaire moyen des ménages, pour toutes les municipalités visées par le projet, est passé de 3,49 à 4,84 et le niveau de connaissance des bénéficiaires sur les causes et les moyens de prévention de la malnutrition est passé de 59 pour cent à 87 pour cent. L'éducation nutritionnelle a joué un rôle significatif dans cet impact positif sur la nutrition. Cependant, le changement de comportement et de pratiques liés à la nutrition prend du temps, en particulier lorsqu’il existe des tabous et des habitudes alimentaires profondément ancrés. D’où l’importance de promouvoir systématiquement les connaissances nutritionnelles et de faciliter les changements de comportement par différents moyens, dans le cadre d'une intervention sensible à la nutrition plus large.
  • Sur l'engagement communautaire: L'expérience a montré que les plateformes communautaires telles que les champs-écoles des producteurs et les Clubs Dimitra favorisent la production, le stockage, le commerce et la consommation alimentaires diversifiés. Cela est notamment le cas grâce à des sessions d'éducation alimentaire et nutritionnelle communautaires, au partage des connaissances, aux démonstrations culinaires communautaires, à une formation au traitement des aliments locaux, à la fourniture de divers actifs productifs et de technologies d'économie de main-d'œuvre, ainsi qu’à la vente de denrées alimentaires aux cantines scolaires. Les champs-écoles des producteurs peuvent réunir les agriculteurs, favoriser l'apprentissage sur une production agricole améliorée et fournir des intrants agricoles ainsi qu’un soutien aux agriculteurs tout au long du cycle de production. Pour améliorer la qualité des résultats, un suivi constant des agriculteurs et un soutien aux facilitateurs des champs-écoles des producteurs doivent être assurés au-delà de la durée de vie de l'intervention. L'utilisation des Clubs Dimitra dans la mise en œuvre du projet peut faciliter la participation des femmes et des hommes, y compris des jeunes, aux processus de prise de décision, à la planification et au développement communautaire, ainsi que fournir une plateforme pour partager des connaissances sur des questions telles que la nutrition et promouvoir des microentreprises collectives.
  • Sur le genre: Un programme transformatif en matière de genre autour de l'autonomisation économique des femmes rurales vise à aborder les inégalités et consiste à accroître l'accès des femmes aux ressources productives et à améliorer leurs connaissances et leurs compétences, tout en encourageant leur participation dans les sphères de prise de décision. Le projet a montré que des équipements multifonctionnels, notamment des décortiqueuses, des machines à farine et des téléphones, peuvent réduire la charge de travail pour les femmes au niveau des ménages et leur permettre de participer à davantage d'activités génératrices de revenus. 97 pour cent des 184 femmes interrogées lors de l'enquête de fin d'intervention ont déclaré que leurs conditions de vie quotidiennes s'étaient améliorées grâce aux interventions du projet, telles que le soutien en équipements permettant d'économiser le travail. Selon les discussions de groupe avec les bénéficiaires femmes, le temps passé à collecter l'eau a diminué : les femmes ont pu utiliser le temps supplémentaire pour accomplir d'autres tâches, telles que l'entretien du foyer, la garde d'enfants, les activités génératrices de revenus, l'hygiène domestique et la fréquentation des centres de santé.
  • Sur les chaînes de valeur alimentaire et les marchés: Une approche du développement des chaînes de valeur sensible au genre dans les contextes de crise alimentaire peut contribuer à améliorer la sécurité alimentaire au niveau des ménages et de la communauté, ainsi qu'à accroître l'autonomie et l'inclusion économique : le projet a soutenu la production diversifiée de cultures (arachide, niébé, sésame, mil) et l'élevage de petits animaux (principalement des chèvres), tout en facilitant l'accès aux marchés pour les femmes et les hommes grâce à un partenariat avec les programmes d'alimentation scolaire du PAM et à une formation aux capacités organisationnelles et à l'entrepreneuriat rural. En moyenne, 86 pour cent des productrices ont augmenté leur production agricole, tandis que la production animale a augmenté de 126 pour cent parmi les bénéficiaires. Le revenu total généré par les femmes rurales ciblées grâce à la vente de leur production pour approvisionner les cantines scolaires a été multiplié par huit. Les économies totales mobilisées au sein des associations villageoises d'épargne et de crédit ciblées sont passées de 0 francs CFA à 62 931 000 francs CFA (126 000 dollars américains).
  • Sur les partenariats: L'intervention a été mise en œuvre par la FAO en collaboration avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes) et le Programme alimentaire mondial (PAM). La création d'un mécanisme de coordination pour l'échange d'informations entre les quatre agences des Nations Unies et les partenaires de mise en œuvre (organisations non gouvernementales locales) peut permettre aux partenaires locaux de développer un plus grand sentiment de propriété du programme, renforçant ainsi son appropriation locale. De plus, renforcer l'engagement des leaders communautaires et administratifs peut contribuer à renforcer les comportements alimentaires et nutritionnels améliorés au niveau communautaire.
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