Plateforme des Connaissances Pastorales 

L’Asie centrale compte environ 250 millions d’hectares de pâturages, répartis entre la Russie, la Mongolie et la Chine et s’étendant aussi sur plus de la moitié du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan, où beaucoup de personnes dépendent du pastoralisme. Les populations de ces pays sont relativement peu nombreuses, mais composées d’éleveurs pastoraux très spécialisés et nomades. C’est dans cette froide région désertique que vivent 90 pour cent des yacks du monde, ainsi que des chameaux, des chevaux, des chèvres et des moutons tibétains. Les éleveurs de la région entretiennent depuis longtemps des relations commerciales approfondies avec les populations agricoles voisines. Les animaux sont bien adaptés à l’altitude et au froid qui caractérisent cette région, la seule au monde où l’on trouve des chameaux de Bactriane. 

La région a subi l’influence des politiques de collectivisation soviétiques, et la chute de l’Union soviétique a entraîné un recul des initiatives publiques en faveur du pastoralisme. Cependant, en réponse à la demande croissante de laine et de fibre de yack et d’aliments d’origine animale provenant de cette région, le pastoralisme regagne du terrain. Dans de nombreuses zones, les pâturages sont cogérés par des conseils locaux et des éleveurs, par l’intermédiaire d’organisations telles que les groupes d’usagers des pâturages.  

Les éleveurs d’Asie centrale sont confrontés à plusieurs difficultés, dont l’insécurité foncière touchant l’accès aux ressources, l’altération des itinéraires de transhumance, les acquisitions de terres à grande échelle, en particulier pour les activités minières, la production d’hydroélectricité ou les gros projets de construction, et la dégradation des terres due à une utilisation inappropriée. En outre, la demande croissante de fibres animales, comme le cachemire, a engendré une augmentation importante de la taille des troupeaux. La région subit aussi des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des hivers très rudes, appelés dzuds, qui entraînent d’importantes pertes de bétail. 

On prévoit plusieurs besoins et priorités pour les éleveurs de la région, en particulier la garantie des droits fonciers et de l’accès aux pâturages traditionnels, car de nombreux pasteurs sont confrontés à des difficultés dues à l’évolution de l’utilisation des terres, à la privatisation et aux restrictions imposées aux frontières. L’adaptation aux effets du changement climatique est un problème urgent: les éleveurs pastoraux ont besoin d’aide pour faire face aux conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles et aux phénomènes extrêmes comme les dzuds. L’amélioration des infrastructures de transhumance, en particulier les routes et les points d’eau, est déterminante pour assurer le maintien des voies de transhumance traditionnelles. Il importe aussi de plus en plus d’améliorer l’accès aux marchés et de développer les filières de produits pastoraux, pour accompagner notamment la demande croissante de produits comme le cachemire. Le renforcement des capacités et l’éducation des jeunes éleveurs sont des priorités, car elles permettront d’assurer la continuité du savoir pastoral tout en favorisant l’adaptation de ces acteurs aux enjeux contemporains. Enfin, il est essentiel de mettre en place des processus inclusifs d’élaboration des politiques, qui donnent une voix aux communautés pastorales dans les décisions concernant leurs moyens de subsistance et leurs terres. Les réponses données à ces priorités seront décisives pour préserver la viabilité du pastoralisme en Asie centrale ainsi que sa portée culturelle et écologique. 

Consciente de l’importance des pâturages et du pastoralisme à l’échelle mondiale, la Mongolie a été un acteur central de l’initiative consistant à proposer aux Nations Unies l’instauration d’une Année internationale du pastoralisme et des pâturages. L’objectif était de faire mieux connaître le rôle fondamental des pâturages et du pastoralisme dans les écosystèmes, la sécurité alimentaire et l’héritage culturel du monde entier. Le Gouvernement mongol a présenté cette proposition à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2019, avec le soutien de ses communautés pastorales et de ses partenaires internationaux. La proposition a été appuyée par de nombreux pays et organisations, et l’Assemblée générale des Nations Unies a officiellement proclamé l’année 2026 Année internationale du pastoralisme et des pâturages. Cette proclamation devrait promouvoir la gestion durable des parcours, soutenir les moyens de subsistance pastoraux, et permettre de faire mieux comprendre les cultures et les pratiques pastorales dans le monde entier. 

La Plateforme a apporté son appui aux initiatives et groupes suivants:  

  • la consolidation des parties prenantes pastorales réunies au sein d’un réseau régional d’éleveurs pastoraux, par la facilitation de dialogues communautaires et d’une réunion régionale tenue à Oulan-Bator (Mongolie) en 2015;  
  • les pasteurs mongols, au moyen des groupes nationaux d’usagers des pâturages, lesquels mettront en œuvre le système de gestion des données piloté par les éleveurs pastoraux, financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA); 
  • la participation active du réseau régional des éleveurs pastoraux à des processus tels que le Programme mondial pour un élevage durable;  
  • d’autres initiatives de la FAO menées dans la région, notamment l’appui à l’équipe de la FAO chargée des régimes fonciers en vue de la mise en œuvre des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, et la révision d’un projet de loi relatif aux pâturages en Mongolie. La Fédération nationale des groupes d’usagers des pâturages de la Mongolie œuvre en faveur de l’amélioration du cadre juridique et politique de la gestion des parcours.  

La Plateforme a aussi participé à la réunion du groupe de travail sous-régional tenue à Tachkent en septembre 2019 afin de mettre en commun les enseignements tirés de l’expérience, les pratiques optimales et les résultats des travaux de la période triennale précédente, achevée en 2019, et de proposer des activités pour les trois années suivantes (2020-2022). L’initiative sur les parcours en Asie centrale, à laquelle participent des membres de la Coalition internationale pour l’accès à la terre et des partenaires de la région, est axée sur les systèmes de propriété des pâturages. À l’heure actuelle, Cette initiative modernise actuellement son réseau pour rejoindre l’Alliance pastorale d’Asie centrale (CAPA), en coopération avec la Plateforme. 

 


 

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Amérique latine  

Le pastoralisme en Amérique latine se caractérise avant tout par l’élevage de camélidés, comme les lamas, les alpagas, les vigognes et les guanacos, même si l’élevage d’ovins, de caprins et de bovins est également pratiqué. 

Afrique orientale et australe

Dans les zones arides et semi-arides d’Afrique orientale et australe, les populations vivent essentiellement du pastoralisme. Plus de 90 pour cent de la viande consommée en Afrique de l’Est et plus de la moitié du lait...