Haute Asie

La région de la Haute Asie s’étend sur les hautes terres de l’Asie du Sud et de l’Asie centrale, situées entre 2 000 et 8 800 mètres d’altitude. D’un point de vue socioéconomique traditionnel, cette région est connue pour l’élevage de yacks, un type de pastoralisme qui n’existe nulle part ailleurs, est spécialement adapté à l’environnement froid, rude et fragile de cette région et est pratiqué à une altitude comprise entre 2 000 et 5 500 mètres. La population mondiale de yacks se trouve essentiellement sur le plateau tibétain (Chine). Le yack est un animal robuste et polyvalent, qui est une source de nourriture (viande, lait et sang), sert de moyen de transport et fournit du combustible, des fibres et des peaux. Dans les basses altitudes de la Haute Asie, les pasteurs élèvent aussi des animaux hybrides issus du croisement spécialisé d’un yack et d’un bovin, qu’on appelle zopiok, ou encore dzo dans le contexte tibétain, hainag en Mongolie et chauris au Népal. Ces bêtes sont élevées pour remplir des fonctions spécialisées, notamment comme animaux de trait et de bât. Malgré cela, la filière du yack est surtout confinée aux limites nationales et n’a que peu de liens avec les marchés, bien que quelques avancées aient été réalisées ces dernières années, en particulier en ce qui concerne la production de laine de yack en Chine et en Mongolie.

La Plateforme des connaissances pastorales a aidé l’association YURTA à créer l’Association mondiale des éleveurs de yacks et a financé le programme des «Dialogues communautaires en Haute Asie» entre 2016 et 2018, lequel a été déployé au Népal, en Mongolie, au Tadjikistan, au Kirghizistan et en Inde. Dans ces pays, de nombreuses communautés et régions ont été appelées à se rassembler au titre de leur activité d’élevage de yacks et à s’organiser afin d’améliorer les perspectives de cette activité. Les dialogues communautaires s’adressaient aux populations, mais des efforts ont aussi été faits pour associer les parties prenantes institutionnelles en engageant des dialogues avec elles et en les invitant aux réunions des éleveurs de yacks. Prolongé jusqu’en 2021, ce programme compte s’étendre dans d’autres pays de la Haute Asie, notamment la Russie, la Chine, l’Afghanistan, le Pakistan et le Bhoutan, qui comptent d’importantes communautés d’éleveurs de yacks.

En août 2018, le Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’association YURTA, a facilité la participation d’éleveurs de yacks de plusieurs pays asiatiques à la 6^e Conférence internationale sur les yacks. Cette manifestation a permis des échanges de connaissances et d’idées et a favorisé les relations sociales entre les éleveurs de yacks. Au cours de la conférence, l’idée du réseau pastoral des hautes terres d’Asie (Asian Highland Pastoral Network [AHPN]) a été présentée et examinée. L’ICIMOD a par la suite organisé un atelier de consultation de ses pays membres régionaux afin de réfléchir à la possibilité de créer le Réseau du yack de l’Hindu Kouch-Himalaya (HKH).

Le Réseau du yack de l’HKH vise à protéger la culture de l’élevage et les ressources génétiques des yacks, à faciliter l’échange de connaissances et le transfert de technologies dans la région de l’Hindu Kouch-Himalaya, à relever les défis communs et à défendre les intérêts des communautés d’éleveurs de yacks. En promouvant la collaboration et les pratiques durables, ce réseau vise à garantir la viabilité à long terme des moyens d’existence qui reposent sur le yack dans cette région. La mise en place du Réseau du yack de l’HKH a été possible grâce à une approche décentralisée visant à mobiliser les éleveurs de yacks et à faciliter l’organisation d’associations et de fédérations locales, infranationales et nationales dans ce domaine. Ce processus a été mis en conformité avec les cadres réglementaires en vigueur dans chaque pays pour la formation de groupes d’agriculteurs, de coopératives et de fédérations.

En 2022, la Fédération du yack du Bhoutan) a été officiellement reconnue par le gouvernement de ce pays. Elle rassemble 12 coopératives d’éleveurs de yacks réparties dans 10 districts des hautes terres et compte plus de 500 pasteurs parmi ses membres. En 2023, la Fédération népalaise des éleveurs de yacks et de chauris a été officiellement créée, avec près de 4 500 membres venant de 25 districts répartis dans cinq provinces.

L’ICIMOD travaille actuellement avec des partenaires nationaux pour constituer l’association indienne des éleveurs de yacks de l’Himalaya (Indian Himalayan Yak Association), qui représentera les éleveurs de yacks des États du Sikkim, de l’Arunachal Pradesh et du territoire de l’Union du Ladakh, et collaborera avec des partenaires situés au Pakistan à la création d’une plateforme unifiée regroupant les éleveurs de yacks du nord de ce pays. L’objectif est de former un réseau du yack de l’HKH au niveau régional regroupant quatre pays du sud de l’Himalaya (Bhoutan, Népal, Inde et Pakistan) d’ici 2026, qui sera l’Année internationale du pastoralisme et des pâturages. L’ambition à long terme est d’étendre ce réseau pour en faire un réseau pastoral des hautes terres d’Asie (Asian Highland Pastoral Network [AHPN]), en partenariat avec les organisations pastorales d’Asie centrale et d’Asie de l’Est.

Le réseau AHPN se déclinera en principe en trois sous-composantes:

le Réseau du yack de l’HKH – il vise à protéger et à mettre en valeur les communautés d’éleveurs de yacks. Il inclura par la suite d’autres espèces d’animaux d’élevage, comme les moutons et les chèvres;
la Société des terrains de parcours de l’HKH – elle rassemble des universitaires, des décideurs et des praticiens qui se consacrent à la gestion durable des pâturages et à la préservation des écosystèmes de haute altitude;
le Réseau des entrepreneurs pastoraux de l’HKH – il s’agit d’un réseau d’entrepreneurs qui visent à renforcer les capacités entrepreneuriales des communautés pastorales grâce à des produits à valeur ajoutée et à des pratiques commerciales durables.