Amérique latine

Le pastoralisme en Amérique latine se caractérise avant tout par l’élevage de camélidés, comme les lamas, les alpagas, les vigognes et les guanacos, même si l’élevage d’ovins, de caprins et de bovins est également pratiqué. Le pastoralisme de montagne se limite essentiellement aux régions semi-arides des Andes, dans un habitat connu sous le nom de puna ou altiplano, qui se situe entre 3 700 et 5 000 mètres d’altitude. Une grande partie de l’activité pastorale en Amérique latine est concentrée dans cette région et dans quatre pays: l’Argentine, la Bolivie, le Chili et le Pérou.

Les zones arides importantes recouvrent la majeure partie du nord du Mexique, la péninsule de Guajira en Colombie et au Venezuela, le cerrado et la caatinga brésiliens, la brousse sèche du Chaco entre l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay, et la steppe froide de Patagonie à cheval entre l’Argentine et le Chili. Les zones périodiquement inondées sont aussi le foyer de cultures pastorales spéciales, d’une grande importance écologique et culturelle, comme les llanos partagés par le Venezuela et la Colombie, les zones inondables (bañados) des bassins du Bermejo et du Pilcomayo au Paraguay et en Argentine, et le Pantanal au Brésil. Près de 86 pour cent des Andes péruviennes et des hauts plateaux boliviens sont exclusivement utilisés comme parcours, les terres étant principalement affectées au pastoralisme, qui a une importance historique, culturelle et géographique particulière en Bolivie et au Pérou.

Les activités pastorales menées en Amérique latine sont en grande partie liées au marché de la laine. La laine de vigogne est la marchandise la plus précieuse des hauts plateaux andins. Malgré cela, les ovins représentent maintenant le premier cheptel par tête. On compte ainsi environ 20 millions de moutons dans les Andes centrales, contre 7 millions de camélidés, car la viande et la laine des premiers sont faciles à commercialiser. En Argentine, les moutons servent principalement à la production de laine, dont 50 pour cent est exportée. D’autres systèmes pastoraux traditionnels et originaux pratiqués sur le continent bénéficient d’une visibilité moindre, car ils concernent du bétail plus conventionnel (bovins, ovins ou caprins). Dans de nombreuses régions de ce continent, d’importantes cultures pastorales intègrent des éléments autochtones et criollos.

En Amérique latine, l’une des difficultés est due au fait que les éleveurs ne s’identifient pas assez comme tels. Comme le pastoralisme est mal perçu, beaucoup d’éleveurs préfèrent se définir comme des agriculteurs. Il existe aussi des conflits entre éleveurs autochtones et criollos. De plus, les pasteurs sont exposés à l’acquisition de terres à grande échelle pour l’exploitation minière ou l’agriculture commerciale, qui se traduit par la privatisation des terres pastorales. En outre, on constate un manque de statistiques actualisées sur les animaux d’élevage, un accès restreint aux marchés et une mauvaise prestation de services dans les zones pastorales, où les services de santé et d’éducation sont souvent défaillants.

La Plateforme des connaissances pastorales a contribué aux activités suivantes:

initiatives de communication en Amérique latine:

élaboration d’un réseau régional d’organisations de la société civile, appelé Pastoramericas, qui mène des activités en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Paraguay et au Pérou dans le cadre de plusieurs initiatives de renforcement des capacités et de plaidoyer;
par l’intermédiaire de cette organisation, NATIVA (Naturaleza, Tierra y Vida [nature, terre et vie]) a prêté son concours à l’organisation de dialogues communautaires visant à informer et à sensibiliser les collectifs pastoraux. NATIVA a également organisé une réunion régionale rassemblant des organisations de la société civile pastorale en Bolivie et a jeté les bases du réseau régional;

2. activités de production de connaissances en Amérique latine:

partenariat avec la Fondation Gran Chaco, membre du réseau, visant à mettre en œuvre en Argentine le projet de système de gestion des données conçu pour répondre aux besoins des éleveurs pastoraux (Pastoralist Driven Data Management System), financé par le FIDA;
réalisation d’une étude sur l’aménagement intégré du territoire pour les pâturages d’Amérique latine, en collaboration avec l’Université nationale de Salta et l’Institut national de technologie agricole (INTA).

Le réseau Pastoramericas fait partie du réseau mondial des éleveurs pastoraux, l’Alliance mondiale des peuples autochtones transhumants (WAMIP). Dans le cadre de la WAMIP, les représentants de Pastoramericas ont porté la voix des éleveurs au sein du Mécanisme de la société civile du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Le réseau est aussi présent dans des instances telles que le Programme mondial pour un élevage durable, le Partenariat pour l’évaluation et la performance environnementales de l’élevage et l’Initiative mondiale des parcours de la Coalition internationale pour l’accès à la terre. Avec le soutien de la Plateforme, le réseau a représenté les intérêts pastoraux auprès d’instances de politique générale, comme la Conférence régionale de la FAO pour l’Amérique latine, la Convention sur la biodiversité, le Comité de l’agriculture, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, la Conférence du prix Prince Mahidol et d’autres.