L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont des régions considérées comme pastorales, environ 13 pour cent de leurs habitants étant nomades ou semi-nomades, parmi lesquels les Touaregs, les Fulani, les Peuls, les Maures et d’autres groupes ethniques. Le Sahel couvre environ 5,7 millions d’hectares entre le Sahara et la savane humide au sud. Il se caractérise par l’alternance entre une longue saison sèche (de 8 à 9 mois) et une courte saison des pluies (de 3 à 4 mois), qui a des effets directs sur la végétation disponible et les ressources fourragères. Les pasteurs de cette région empruntent de longues routes de mobilité, traversant plusieurs pays depuis la bande du Sahara jusqu’aux pays côtiers.
Les systèmes de production pastoraux et agropastoraux de cette région permettent l’élevage de chameaux, de bovins, d’ovins et de caprins. La production animale représente au moins 25 pour cent du PIB du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, par exemple. Les produits d’origine animale sont le principal produit dans le commerce de l’industrie alimentaire et le deuxième dans le commerce global au Sahel. Ils fournissent des emplois à 80 pour cent de la population, de la viande et d’autres produits, ainsi qu’une force de traction. Le secteur génère également une valeur ajoutée qui se chiffre en dizaines de milliards de francs CFA dans les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, parmi lesquels le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo.
Ces derniers temps, on constate dans le Sahel un regain de conflits entre pasteurs et agriculteurs dans les zones agropastorales. La perturbation des itinéraires de mobilité, l’acquisition de terres pour des projets agro-industriels, l’accroissement des fluctuations climatiques et les politiques défavorables ont accru la vulnérabilité des communautés pastorales et la concentration dans certaines zones de ressources, ce qui a avivé la menace de violence. Ces conflits ont souvent tendance, aussi, à être associés à l’extrémisme religieux et à la violence ethnique. De nombreux jeunes des zones pastorales migrent désormais vers les villes ou d’autres pays, notamment en Europe.
Les pasteurs de la région ont plusieurs priorités, notamment assurer et faciliter la mobilité pastorale, essentielle pour suivre les cycles de pâturage saisonnier et éviter les conflits. Le soutien économique et social, notamment l’inclusion dans les processus décisionnels et l’accès à la microfinance, est crucial pour les communautés pastorales marginalisées. L’adaptation au changement climatique est, elle aussi, vitale et nécessite des initiatives visant à promouvoir des pratiques résilientes et durables. Les problèmes de sécurité, tels que les menaces des groupes armés et le vol de bétail, doivent être résolus pour protéger les pasteurs et leurs troupeaux. L’innovation et la technologie, par exemple les systèmes de suivi du bétail et les applications mobiles, peuvent jouer un rôle clé dans la modernisation du pastoralisme. L’amélioration de l’accès à la santé, à l’éducation et aux services vétérinaires est nécessaire au bien-être des pasteurs. En outre, les pouvoirs publics doivent adopter des politiques et apporter un soutien aux fins de la gestion des ressources naturelles, de la formation et de l’aide financière. Il est essentiel de répondre à ces priorités au moyen de cadres, tels que les dialogues transfrontières et les programmes de développement communautaire, pour garantir la durabilité du pastoralisme et améliorer les conditions de vie des pasteurs dans la région.
La région bénéficie de plusieurs initiatives régionales qui soutiennent le pastoralisme, notamment en améliorant la sécurité alimentaire, la résilience économique et la coopération transfrontière. Parmi elles, l’initiative pour la sécurité alimentaire et la nutrition vise à renforcer les capacités des pasteurs s’agissant de la gestion durable des ressources et de la productivité animale. La FAO a contribué à la mise en place de systèmes de surveillance et d’alerte rapide pour aider les éleveurs à mieux anticiper les crises, tout en travaillant au renforcement des capacités institutionnelles en matière de gestion pastorale et de politique foncière. Le projet mené par le Fonds pour la consolidation de la paix dans le Liptako-Gourma se concentre sur le renforcement de la coopération transfrontière, la création d’emplois décents et la remise en état des infrastructures communautaires. Plusieurs réseaux régionaux, parmi lesquels l’Association pour la promotion de l’élevage dans le Sahel et la savane (APESS), le Réseau Billital Maroobé (RBM), la Confédération des organisations d’éleveurs traditionnels du Nigéria (CORET) ou encore le Réseau des peuples pasteurs du Sahel (RPPS), participent activement aux processus décisionnels et défendent les pasteurs en faisant valoir leurs droits et en exprimant leurs besoins. Ces initiatives sont complétées par des projets régionaux plus vastes, tels que le PRAPS (projet régional d’appui au pastoralisme dans le Sahel) et le PREDIP (projet régional de dialogue et d’investissement pour le pastoralisme et la transhumance dans le Sahel et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest), qui soutiennent le pastoralisme et la transhumance dans l’ensemble du Sahel.
À la 4e réunion de haut niveau en Afrique de l’Ouest, en 2017, le RBM et l’APESS ont proposé de mettre en œuvre des mécanismes et de faciliter la coordination entre les pays du Sahel et les pays côtiers pour une transhumance pacifique. Les pasteurs ont reçu des certificats de transhumance, qui les autorisent à se déplacer d’un pays à l’autre.
En octobre 2019, des experts en élevage de 17 pays de la zone CEDEAO-Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)-CILSS se sont réunis lors de la 6e réunion de haut niveau sur le thème «Transhumance pacifique et mobilité du bétail dans les pays côtiers du Sahel et de l’Afrique de l'Ouest». Plusieurs pays, parmi lesquels la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, élaborent actuellement des codes pastoraux pour réglementer l’accès aux ressources et la mobilité. Des représentants des réseaux régionaux de la société civile ont également participé à des processus stratégiques, tels que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ou le Programme mondial pour un élevage durable, ainsi qu’à des réunions techniques au niveau régional.
La Plateforme a beaucoup travaillé avec les réseaux régionaux de la société civile. Elle a soutenu:
- Le RBM lors de l’organisation d’une réunion régionale des représentants pastoraux à Bamako (Mali) en janvier 2015.
- Une étude sur les ressources fourragères pérennes avec l’Institut national de recherche agricole (INRAN) au Niger et une étude du système alimentaire indigène au Mali.
- Dans le cadre du projet financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA) sur le système de gestion de données piloté par les organisations pastorales et en partenariat avec le RBM, une étude nationale basée sur les données sur le pastoralisme au Tchad.
- Plusieurs initiatives de la FAO dans la région, telles que la mise en œuvre des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale et le renforcement des capacités, ainsi qu’une étude sur la migration des jeunes des zones pastorales au Tchad et au Burkina Faso.
- La mise en place de plateformes et de comités de transhumance multipartites ainsi que l’établissement de trois guides locaux, en concertation avec des organisations pastorales au Mali, en Mauritanie et au Niger, en vue d’organiser une transhumance plus sûre et plus pacifique.
- L’élaboration d’un livre blanc sur les avantages de la transhumance dans la région, pour soutenir les initiatives de plaidoyer en faveur de la mobilité transfrontière.
- Une étude sur la contribution économique des ménages pastoraux au PIB au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie et au Niger, qui souligne le rôle crucial du bétail pastoral dans la résilience économique des ménages.
Articles connexes:
Les réseaux de l’Afrique occidentale s’accordent à défendre le pastoralisme
Les organisations de pasteurs contribuent aux processus décisionnels fondés sur des données factuelles (en anglais)
Utiliser les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers pour une transhumance apaisée: le cas du Niger
Liens utiles:
Alliance mondiale des peuples autochtones transhumants
Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS)
Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en savane (APESS)
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Contacts régionaux:
Afrique centrale: Hindou Oumarou Ibrahim
Afrique de l’Ouest: Saoudata Walet Aboubacrine / Boubacar Soumare