Protéger le bétail des familles soudanaises déplacées à l’intérieur du pays

La FAO livre des aliments et des vaccins pour le bétail aux personnes déplacées au Soudan occidental.

Points clés

Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Soudan abrite plus de déplacés internes que tout autre pays au monde : après de nombreuses années de conflit, leur nombre est estimé à près de 4,3 millions de personnes. La région du Darfour au Soudan occidental traverse une crise humanitaire, avec plus de 260 000 personnes déplacées en 2012 et environ 1,6 millions de déplacés hébergés dans des camps. L’agriculture, qui comprend l’élevage et la pêche, est le pilier de l’économie soudanaise : ce secteur représente environ un tiers du Produit intérieur brut (PIB) du pays et fournit un moyen d’existence à près des deux tiers de la population active. Avec un appui financier du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence (CERF), et en collaboration avec l’association caritative KSCS (Kebkabiya Smallholder Charitable Society) et l’organisation non gouvernementale locale (ONG) SAEKER, la FAO a fourni des vaccins ainsi qu’un volume total de 140  tonnes métriques d’aliments pour le bétail pour protéger le cheptel des personnes récemment déplacées dans les camps de Sortony et de Tawilla dans le Darfour-Nord. 

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), près de 76 000 personnes ont été déplacées dans tout le Darfour durant les six premiers mois de 2016. La grande majorité de ces déplacements a été déclenchée par le conflit  qui a éclaté en janvier 2016 dans la zone de Jebel Marra dans la région du Darfour. Depuis le début du conflit, plus de 52 000 personnes ont fui  la zone de Jebel Marra et sont arrivées  dans les camps de Sortony et de Tawila, dans le Darfour-Nord.

Distribution d’aliments et de vaccins pour les animaux
En juillet 2016, la FAO et la KSCS  ont commencé à distribuer 75 tonnes métriques de fourrage et d’autres aliments pour animaux à Sortony. En outre, la FAO et l’ONG locale  SAEKER ont distribué 65 tonnes métriques de fourrage et d’aliments pour animaux au camp de déplacés de Tawilla-Burgo. Les volumes distribués suffisent pour nourrir 9 500  animaux (chèvres et ânes).

Adam Ali, 55 ans, a souligné la nécessité de ces interventions pour sauver le bétail, en cette période difficile pour lui et pour sa famille.  « Les aliments sont arrivés à point nommé. Nos animaux, surtout nos ânes, n’ont plus que la peau sur les os et ils sont malades parce qu’ils mangent peu et mal.  Comme il n’y a pas de pâturages  et très peu de résidus agricoles, j’ai déjà perdu un âne  et deux chèvres.  Grâce aux aliments distribués par la FAO, nos bêtes pourront se reprendre et elles ne mourront pas, et nous pourrons  compléter la petite ration de sorgho que nous leur donnons  avec un peu de sel et de paille. »

Cette initiative a pu être réalisée grâce à un don de 400 000 USD  du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence (CERF), qui a permis de fournir  des compléments alimentaires et des vaccins  pour animaux  des personnes déplacées arrivées depuis peu à Sortony et Tawilla.  La distribution d’aliments pour animaux a été supervisée par les membres des comités des camps,  qui comprennent 10 PDI bénéficiaires des deux camps.

L’importance de la bonne santé des animaux
Un cheptel  en bonne santé  est un atout considérable pour améliorer les conditions de vie des personnes déplacées qui fuient la zone de Jebel Marra. « Le bétail des personnes déplacées  doit être considéré comme un de leurs actifs les plus précieux. Les familles déplacées  ont couru de gros risques pour amener ces animaux avec elles  et si elles ont décidé de le faire, c’était pour tenter de préserver leurs biens les plus précieux », dit  El Mardi Ibrhaim, technicien de la FAO et spécialiste de l’élevage résident. « L’efficacité d’une intervention humanitaire globale au Darfour-Nord dépend pour une large part  de la réponse aux  besoins des familles, dans le domaine de la santé et de la productivité de leurs animaux.»
Les ânes sont importants à la fois comme moyens de transport et comme sources de revenu, les familles s’en servent pour la corvée d’eau, le ramassage du bois de feu et la cueillette d’aliments sauvages et d’autres produits forestiers.  Les chèvres en bonne santé  produisent jusqu’à 60 pour cent de lait et de viande en plus, ce qui garantit l’accès des familles à la nourriture, notamment aux protéines et aux micronutriments. La production de lait en particulier  est une stratégie essentielle  qu’utilisent  les ménages les plus pauvres de  Jebel Marra pour protéger leurs enfants contre la malnutrition et compléter leurs régimes alimentaires.  

Dans les crises actuelles, un appui à la production animale peut réduire les retards de croissance car les animaux fournissent  aux ménages vulnérables  une source vitale  de protéines de haute qualité, à forte biodisponibilité  ainsi que des micronutriments essentiels  tels que le fer, le calcium, la vitamine B12 et le zinc. Ces interventions consolident et renforcent aussi les activités nutritionnelles en accroissant l’impact  et la portée des distributions alimentaires générales. 

Le droit à l’alimentation et la protection des moyens d’existence
Les populations victimes de catastrophes naturelles ont le droit de protéger leurs moyens d’existence. L’approche consistant à fournir aux  personnes déplacées  un appui à l’élevage  est  fondée sur le droit. Ces interventions satisfont le droit à l’alimentation  et le droit à un niveau de vie adéquat, conformément à la Charte humanitaire et les standards minimums de l 'intervention humanitaire.

Afin d’éviter le recours à des stratégies d’adaptation irréversibles, (ex : ventes forcées d’animaux productifs), il est essentiel de soutenir la population touchée.  Dans les opérations humanitaires programmées au Soudan, la vulnérabilité des ménages et des individus  qui vivent de l’élevage  est directement liée à l’état de leur cheptel.  Plus ces actifs ont de valeur, plus les ménages sont résilients pour absorber le choc de leur déplacement.

Franchir des étapes importantes
La FAO a franchi des étapes importantes  dans l’État du Darfour-Nord, grâce aux interventions décrites plus haut: 

  • 9 500 ânes ont été vaccinés, vermifugés et traités contre des  maladies épizootiques et enzootiques;
  • 11 000 petits ruminants ont été vaccinés contre la PPR, la clavelée et la septicémie hémorragique, vermifugés et traités contre des maladies enzootiques ;
  • 310 MT d’aliments concentrés pour animaux ont été achetées et distribuées;
  • 6 MT de pierres à lécher ont été achetées et distribuées; et      4 000 femmes ont reçu une formation sur la fabrication et l’utilisation de fours économes en énergie.

La FAO continue de faire campagne pour une expansion des interventions de santé animale afin que la communauté humanitaire puisse répondre aux besoins des familles pastorales du Darfour et du reste du Soudan. 

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