La gestion durable des pâturages offre un avenir meilleur aux éleveurs de la province du Qinghai

Une nouvelle méthodologie permet d'améliorer les moyens de subsistance des éleveurs et de renforcer la résilience au changement climatique.

Points clés

La Chine a fait des progrès considérables en vue d’améliorer la sécurité alimentaire de sa population, même si cela s’est parfois fait au détriment de l'environnement dans certaines régions. Confrontés à l'absence d’une méthodologie peu coûteuse de comptabilisation des émissions de carbone, la FAO, en collaboration avec l'Académie chinoise des sciences agricoles, le Centre international pour la recherche en agroforesterie et le Northwest Institute of Plateau Biology ont développé une "méthodologie, la Norme carbone vérifiée (VCS)" afin de donner aux agriculteurs chinois des outils leur permettant de gérer leurs animaux et leurs pâturages de façon plus durable dans les années à venir. La méthodologie VCS quantifie la réduction des émissions de GES obtenue grâce à différentes pratiques, notamment l'amélioration de la rotation des animaux à l’herbage entre les pâturages d'été et d'hiver, la limitation de leur nombre à l’herbage et du temps qu’ils passent sur les pâturages dégradés, et la restauration des pâturages fortement dégradés. Cette méthodologie est actuellement appliquée sur le Projet de promotion des pâturages durables dans la région des trois fleuves (Projet des trois fleuves), qui vise à restaurer les pâturages dégradés dans la province du Qinghai, dans le nord de la Chine. Le potentiel moyen d'atténuation annuelle pendant les 10 premières années de mise en œuvre est estimé à 63 000 tonnes d’équivalent CO2 par an.

Jusqu'à présent, les projets portant sur la fixation du carbone dans les pâturages étaient entravés par les coûts élevés des activités de mesure et de surveillance. En se concentrant sur la surveillance des pratiques, la méthodologie VCS surmonte cet obstacle majeur, et permet ainsi aux agriculteurs d'accéder à de nouvelles sources de financement pour restaurer les pâturages, accroître leur production et leurs revenus et contribuer à la sécurité alimentaire.

Compte tenu de la diversité des causes de la dégradation des prairies, cette nouvelle méthodologie quantifie la réduction des émissions obtenue grâce à diverses activités, notamment l'amélioration de la rotation des animaux à l’herbage entre les pâturages d'été et d'hiver, la limitation de leur nombre à l’herbage et du temps qu’ils passent sur les pâturages dégradés, et la restauration des pâturages fortement dégradés. Cette méthodologie comprend également un module complet qui permet de quantifier les déplacements des émissions liées au bétail qui quitte la zone du projet.

La méthodologie VCS à l’œuvre
Une surabondance de bétail peut aboutir à une situation de surpâturage, qui peut à son tour entraîner une dégradation des terres. C’est le dilemme auquel sont confrontés les éleveurs dans la province du Qinghai, où à l'heure actuelle 38 pour cent des pâturages sont dégradés.

L'objectif du Projet des trois fleuves, qui repose sur la nouvelle méthodologie VCS, est à la fois de restaurer les pâturages dégradés et de fixer le carbone du sol, tout en augmentant la productivité, en renforçant la résilience et en améliorant les moyens de subsistance des communautés de petits éleveurs. Dans le cadre du projet pilote, les éleveurs de yaks et de moutons ont choisi une combinaison de possibilités de gestion relatives à l'intensité de pâturage, à l’entretien des pâturages et aux pratiques d’élevage, qui correspondent à l’utilisation qu’ils font des terres. En outre, ils ont également accès à un ensemble de mesures complémentaires, telles que l'introduction de fourrage amélioré, des abris hivernaux et des activités de transformation et de commercialisation hors-exploitation.

Aider les éleveurs durant la phase d’ajustement
Pour ce faire, il est nécessaire que les personnes concernées pensent à long terme. En effet, pendant les dix premières années, les éleveurs risquent de posséder moins de bétail mais celui-ci sera plus productif. Cependant, étant donné qu’actuellement, le taux de surexploitation des parcours est d’environ 48 pour cent, on peut s’attendre à une baisse des revenus significative pendant les premières phases, revenus qui devraient recommencer à croître au cours des années suivantes. Au départ, les éleveurs seront indemnisés pour leurs pertes, tout en sachant que ces indemnisations diminueront progressivement jusqu'à la dixième année.

Après les 10 premières années, les ménages seront en mesure d'accroître leurs troupeaux au-delà des niveaux préliminaires sans risque de surpâturage. De cette façon, la disponibilité accrue de fourrage contribuera à accroître les revenus et la productivité des éleveurs, et les incitera à pratiquer une  gestion durable à long terme.

Renforcer la résilience au changement climatique est rentable
En améliorant l'humidité des sols et la rétention des nutriments dans le sol, la restauration des pâturages joue un rôle important en vue de renforcer la résilience au changement climatique. Le Projet des trois fleuves devrait réduire la quantité d’équivalent dioxyde de carbone (équivalent-CO2) dans la région de 63 000 tonnes par an. C’est de cette manière que le projet s’autofinancera: les coûts d'investissement, y compris l’indemnisation des éleveurs, la plantation d'herbages, les clôtures et les abris pour animaux, seront financés par l’intermédiaire du marché volontaire du carbone.

Cette méthodologie peut être appliquée dans le monde entier, en particulier dans les pays qui disposent de beaucoup de pâturages, en vue de nourrir durablement une population croissante tout en réduisant leur empreinte carbone.

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