Centre d'investissement de la FAO

Trois passerelles vers une alimentation suffisante, abordable et nutritive pour les populations d’Afrique de l’Ouest

28/05/2021

Selon le Réseau de prévention des crises alimentaires, 18,6 millions de personnes, un chiffre record, ont actuellement besoin d’aide alimentaire en Afrique de l'Ouest. Alors qu’une action humanitaire urgente et immédiate s’impose pour protéger les populations vulnérables, une nouvelle publication conjointe FAO/Banque mondiale aborde de façon nouvelle la gestion des défis et des opportunités que pose l’accélération de tendances à long terme telles que le changement climatique, la croissance démographique, l’urbanisation, l’évolution des habitudes de consommation et les progrès technologiques.

Intitulé « A Blueprint for Strenghtening Food System Resilience in West Africa:Regional Priority Intervention Areas », ce rapport, dont les résultats sont la propriété collective d’institutions régionales majeures, notamment la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricole (CORAF) et le programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du CGIAR, reflète un large consensus entre les parties prenantes régionales. 

Le rapport identifie trois domaines d’ intervention régionale simultanée prioritaires et interdépendants, essentiels pour permettre aux populations d’Afrique de l’Ouest de bénéficier d’une alimentation suffisante, abordable et nutritive à moyen et long termes : renforcement de la base de production du système alimentaire grâce à la promotion de l'agriculture intelligente face au climat aux niveaux des exploitations et du paysage ; promotion d’un environnement favorable au développement d’une chaîne de valeur infrarégionale et à la facilitation du commerce ; renforcement de l’architecture nationale de gestion des risques et des outils d’aide à la décision à l’intention des agriculteurs.

« Dans l’avenir, les interventions devront non seulement continuer à inclure les investissements dans le système productif dont les exploitations ont considérablement besoin, mais aussi prêter davantage attention aux segments aval de la chaîne de valeur. L’adoption d’une approche intégrée des systèmes alimentaires ainsi que le renforcement des connaissances locales et de l’expérience de diverses catégories de parties prenantes, notamment les petits agriculteurs et leurs organisations ainsi que les micro, petites, moyennes et grandes entreprises, faciliteront l’obtention de gains de résilience plus durables » a déclaré Alberta Mascaretti, chef du service Investissement Centre Afrique de la FAO.

Pour chaque domaine d’intervention, le rapport propose un ensemble d’initiatives régionales phares assorties d’activités, de mécanismes d’exécution, de rôles pour les partenaires et d’autres aspects opérationnels. Une conférence virtuelle interactive des parties prenantes réunissant quatre cents participants de toute l’Afrique de l’Ouest a apporté une contribution cruciale à l’identification de ces initiatives, dont quelques exemples figurent ci-dessous : 

  • Accélération de l’évolution du système régional d’innovation agricole à partir des bases posées par le West African Agricultural Productivity Program (WAAPP) grâce au développement de l’expertise régionale dans des domaines transversaux tels que la mécanisation et la gestion des ressources naturelles afin de compléter le réseau existant d'institutions spécialisées.
  • Mise en place d’un mécanisme de carte de score régional sur la performance des pays en matière de mise en place de politiques commerciales au sein de la sous-région CEDEAO afin d'accroître la redevabilité mutuelle des pays et de fixer des incitations à réduire les obstacles existants au commerce agroalimentaire et à l’expansion des marchés auxquels se heurtent les producteurs et les marchands.
  • Renforcement des capacités institutionnelles et de l'engagement public-privé afin de fournir aux agriculteurs des conseils agronomiques sur mesure et des informations météorologiques grâce à l’explosion de la couverture des technologies numériques dans la région. 

« Le renforcement de la productivité agricole et de la résilience des systèmes alimentaires est essentiel pour atténuer les chocs futurs dans la région. Il nécessite : (i) des investissements substantiels dans les technologies, les intrants et les capitaux que requiert l'agriculture intelligente face au climat ; (ii) l'accélération de l'emploi d'innovations numériques susceptibles d'aider les petits agriculteurs à faire face aux crises futures ; (iii) le développement d’une infrastructure de marché permettant à la région de bénéficier d’une hausse de la production ; (iv) la mobilisation accrue des capitaux privés pour promouvoir l’industrie agroalimentaire et rendre possible la croissance à long terme durable de ce secteur » a affirmé Chakib Jenane, responsable des pratiques alimentaires et agricoles pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à la Banque mondiale.

Plusieurs initiatives phares sont déjà retenues pour bénéficier d’un éventuel financement par le biais d’opérations en préparation, notamment le financement par la Banque mondiale du West Africa Regional Food System Resilience Program (FSRP). D’autres partenaires devraient également financer d’autres initiatives phares régionales.

Photo credit ©FAO/Luis Tato