Cas d’utilisation d’AGROVOC par le Programme for Capacity Development in Africa

by Felix Kariuki, Programme for Capacity Development in Africa

Le Programme for Capacity Development in Africa (P4CDA)* est une organisation à but non lucratif qui s’emploie à soutenir et promouvoir la création et la mise en service de plateformes de données ouvertes et l’adoption de technologies et d’outils visant la croissance et la transformation agricoles de Sud à Sud dans la ligne de la Déclaration de Nairobi du GODAN (Global Open Data for Agriculture and Nutrition – Données ouvertes mondiales pour l’agriculture et la nutrition. GODAN Nairobi Declaration), signée par les ministres de 15 pays africains le 17 juin 2017.

Le Programme travaille directement avec des cultivateurs et des associations de cultivateurs, des universitaires, des administrations publiques et des entités privées du secteur de l’agriculture, décelant des lacunes et répondant aux besoins de capacités de l’écosystème, le but étant de parvenir à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les communautés.

Il travaille par l’intermédiaire de ses centres d’activités existants FarmHubs pour donner aux jeunes et aux femmes, au niveau des ménages, les moyens voulus pour assurer aux cultivateurs relevant de chaque centre des services de conseils et de valeur ajoutée. Les connaissances ainsi partagées proviennent de plateformes de données ouvertes telles qu’AGROVOC. La plateforme sert de centre polyvalent qui fournit les connaissances et les liens vers les informations de référence.

Les centres FarmHubs sont équipés d’ordinateurs avec une connexion Internet. Les jeunes et les femmes de chaque communauté passent par un programme d’acquisition de compétences numériques, Transformation Action Learning System (TALS) [Système d’apprentissage à l’action de transformation] qui comprend des cours de science des données et de systèmes d’information géographique, qui les aident à obtenir des données d’apprentissage expérientiel.

Le Programme a créé des groupes de travail de cultivateurs sur les pratiques de leur métier, par exemple sur l’élevage et les cultures, affectant des jeunes formés à l’obtention des données et des informations voulues et à l’adoption des outils technologiques nécessaires pour la transformation et la croissance.

AGROVOC et le Programme P4CDA

Le Groupe de travail des chèvres laitières Dairy Goat Farming working group a été le premier projet. Les informations sur l’élevage des chèvres laitières, visant l’apprentissage expérientiel, ont été prises d’AGROVOC et du lien vers AGRIS orientant vers des dépôts de données. L’apprentissage de départ a concerné plusieurs aspects de l’élevage caprin : races de chèvres, aliments, abris et maladies.

On est passé ensuite à la recherche sur la maximisation de la production par la zootechnie, et à la création d’une plateforme technologique de traçabilité. Il a été constaté que les croisements consanguins étaient la cause principale d’une production laitière médiocre. C’est donc grâce à la plateforme qu’on a pu définir une valeur repère pour une production maximale de lait de chèvre de qualité. On a par conséquent contrôlé l’insémination. Les boucs, les chèvres et les petits ont été séparés selon les besoins.

Les informations obtenues par AGROVOC ont offert des conseils sur des plans d’abris pour chèvres permettant une zootechnie contrôlée, sur l’alimentation, la sécurité et la récolte de fumier destiné à la production de carburant et à la culture d’aliments pour chèvres tels que luzerne, trèfle et autres cultures sources de protéine et d’énergie, comme le montre les photos ci-après.

La plateforme AGROVOC a également livré des informations sur des produits à valeur ajoutée de l’élevage caprin, tels que le yaourt de lait de chèvre, les fromages de chèvre et les savons au lait de chèvre. Un groupe de travail des chèvres laitières a tenté avec succès de fabriquer du yaourt au lait de chèvre à cinq parfums (nature, vanille, piña colada, chocolat et fraise), l’offrant sur le marché sous la marque YOGOAT. Ce groupe de travail prépare actuellement la production de fromage de chèvre et de savon au lait de chèvre.

Le deuxième groupe de travail du P4CDA tirant parti d’AGROVOC pour ses informations est le groupe de travail de production végétale. Il s’est concentré sur la maximisation du rendement par les profils pédologiques. La majorité des cultivateurs et propriétaires d’exploitation d’Afrique sont de petits producteurs âgés de 65 ans et plus qui pratiquent toujours des méthodes traditionnelles, surtout faute d’agents publics de vulgarisation. Manquant de connaissances, ces cultivateurs n’ont guère prêté attention à la détérioration progressive des sols. On estime qu’il y a 37% de cultivateurs qui vivent sur des exploitations aux sols dégradés, avec une baisse régulière du tonnage de produit de 9,2% par hectare. Ils utilisent aussi engrais et pesticides de manière erronée, les instructions figurant sur les emballages étant rédigées dans une langue inconnue de nombre d’entre eux. Le Kenya a importé en 2018 plus de 17 308 tonnes de pesticides, quantité quadruple de celle de 2015 (RTFI). Selon une étude réalisée dans l’ouest du Kenya par le Jameel Poverty Action Lab [Laboratoire Jameel d’action contre la pauvreté], seuls 24 pour cent des cultivateurs disaient connaître le dosage correct d’engrais à utiliser pour maximiser les bénéfices.

Une étude réalisée par Cropnuts Kenya a montré que s’ils ont des données exactes sur le sol et surveillent les cultures en continu, les exploitants peuvent réduire leurs frais d’engrais et de pesticides de 63% et obtenir des rendements allant jusqu’à 77% de plus. Le manque d’outils complets et abordables de collecte de données pédologiques a incité le Groupe de travail sur la production de cultures à mettre au point et à promouvoir parmi les cultivateurs, pour qu’ils l’adoptent, sa plateforme technologique abordable et complète, ShambaAssistant, qui permet l’analyse à distance de données pédologiques collectées par le biais d’un mécanisme par SMS, USSD et rétroaction d’appel en langue locale. 

ShambaAssistant a été créé avec une capacité de Wifi et de GPRS, une caméra intégrée, un panneau de chargement solaire et du stockage interne, ce qui permet de collecter en continu l’humidité du sol, son PH, la teneur en azote, en potassium et en phosphore, la conductivité électrique du sol, l’humidité et la température de l’air et des images des cultures. L’information ainsi collectée est transmise au cloud, où la santé des cultures est analysée et d’où des conseils sont envoyés au cultivateur, par USSD, SMS ou appel.

La conception et l’utilisation de ShambaAssistant ont été guidées aussi par le fait que la pénétration des téléphones mobiles est de 119% au Kenya, où 70% des 40% d’abonnés ayant accès à Internet se servent de leur téléphone mobile pour y accéder. La capacité de géolocalisation de ShambaAssistant offre la visibilité nécessaire pour qu’une exploitation puisse être surveillée et l’exploitant conseillé avec précision, garantissant l’intégrité des données et en améliorant la sécurité avec des étiquettes d’identification par radiofréquence. Il s’agit d’un appareil portable à klystrode (IOT) avec alertes audio et visuelles, de prise en main facile, ne nécessitant donc pas d’opérateur spécialisé.

Comme on peut le voir, AGROVOC continue d’offrir l’accès aux connaissances nécessaires aux différents groupes de travail du P4CDA, avec pour résultats des produits adaptés au marché et des entreprises sociales. Il a tout le temps fallu assurer en langues locales une interprétation des données, des informations obtenues et des plateformes technologiques créées, comme le montre cette vidéo où l’un des membres de l’équipe technologique du Programme, James Maina, explique en kikuyu les fonctionnalités de la plateforme mise en place.

Les effets peuvent se comprendre grâce au témoignage de cultivateurs dont les fourchettes d’âge représentent 80% des petits exploitants du Kenya, P4CDA Farmer 1, P4CDA Farmer 2.

La photo et la vidéo ci-après montrent un membre des groupes de jeunes, John Wangunyi, qui travaille comme Champion du Programme et formateur de formateurs dans l’un des Centres FarmHubs, et qui est un utilisateur enthousiaste d’AGROVOC, avec les résultats que l’on peut voir dans son exploitation.