COP28: la FAO met en avant les atouts des systèmes agroalimentaires pour contrer les incidences climatiques et atteindre l’objectif de 1,5°C

De la déclaration des dirigeants mondiaux portant sur l’alimentation et l’agriculture à une nouvelle feuille de route mondiale de la FAO visant à éliminer la faim tout en gardant en ligne de mire l’objectif de 1,5°C, la COP28 a été le théâtre d’une dynamique en faveur de la transformation des systèmes agroalimentaires

Délégués réunis dans une salle plénière lors du Sommet mondial sur l’action climatique dans le cadre de la COP28, à Dubai (Émirats arabes unis).

©UNFCCC/KiaraWorth

13/12/2023

Rome/Dubai – La lutte contre la crise climatique passe par les systèmes agroalimentaires. Il est nécessaire de renforcer la collaboration et les financements pour concrétiser l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable

Ce message a été porté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et ses partenaires au cours des deux semaines qu’a duré la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), tenue à Dubai (Émirats arabes unis). Des négociations aux réunions plénières de haut niveau, en passant par un pavillon dédié et plus de 200 manifestations consacrées à l’alimentation et à l’agriculture, l’importance de transformer les systèmes agroalimentaires a été soulignée tout au long de cette conférence internationale. 

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, était à la tête d’une délégation de hauts fonctionnaires et d’experts travaillant dans des domaines pertinents pour l’action climatique. L’Organisation a saisi l’occasion pour présenter une série de publications importantes, dont une portant sur une nouvelle feuille de route mondiale visant à éliminer la faim tout en gardant en ligne de mire l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris. 

Voici quelques temps forts: 

La concrétisation de la déclaration des dirigeants sera accélérée grâce à la collaboration 

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a donné le ton en affirmant lors du Sommet mondial sur l’action climatique, qui s’est déroulé au début de la COP28, que «les systèmes agroalimentaires mondiaux [étaient] la solution face au changement climatique». 

Lors de cette manifestation, la Présidence émirienne a présenté la Déclaration des Émirats arabes unis sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique. Plus de 150 pays ont souscrit à ce texte, soutenu par la FAO. Il est souligné dans ce document non contraignant que l’agriculture offre de formidables perspectives pour faire face au changement climatique et parvenir à la sécurité alimentaire au niveau mondial. Les signataires s’engagent à prendre en compte l’agriculture et les systèmes alimentaires dans l’action climatique en adoptant des politiques inclusives, en assurant des financements, en favorisant l’innovation et en renforçant le commerce international. 

M. Qu Dongyu a déclaré devant les participants au Sommet que la Déclaration des Émirats arabes unis, ainsi que la nouvelle feuille de route mondiale de la FAO devant permettre d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD) 2 sans dépasser le seuil de 1,5°C, étaient des outils essentiels pour atteindre les cibles des ODD dans le cadre des quatre améliorations, sans laisser personne de côté. 

La feuille de route a été présentée lors de la toute première journée thématique de la COP consacrée à l’alimentation, à l’agriculture et à l’eau. Elle vise à éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition sans dépasser le seuil de 1,5°C fixé dans l’Accord de Paris. Elle s’appuie sur une stratégie complète s’étalant sur les trois prochaines années et comprenant un portefeuille de solutions diverses à mettre en œuvre dans 10 domaines d’action distincts, qui sont les suivants: l’énergie propre, les cultures, la pêche et l’aquaculture, les pertes et le gaspillage alimentaires, les forêts et les zones humides, les régimes alimentaires sains, l’élevage, les sols et l’eau, ainsi que les données et les politiques inclusives. 

Il a également été annoncé à la COP28 que la FAO était un membre fondateur du Groupe collaboratif de coopération technique dirigé par un groupe d’organisations internationales et d’États, qui vise à orienter les aides financières et à faciliter la mise en œuvre de la Déclaration des Émirats arabes unis. 

«La FAO est fière de contribuer au Groupe collaboratif et d’unir ses forces avec des partenaires et des États pour accélérer l’action en faveur de cette Déclaration historique», a déclaré le Directeur général. 

Afin de continuer à avancer sur le volet agriculture et sécurité alimentaire de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Présidence émirienne de la COP28, le Système CGIAR, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et la Banque mondiale ont annoncé la création du Programme de Charm el-Cheikh d’appui au secteur agroalimentaire, une initiative sur trois ans visant à faciliter le dialogue et le partage des connaissances entre les décideurs aux niveaux régional et international. Le Programme a pour objet de favoriser le consensus dans le cadre du processus de la Convention – la COP de Dubai n’ayant pas abouti à un résultat complet – et de permettre aux pays et aux régions d’obtenir des financements et des aides au profit des agriculteurs, des producteurs d’aliments, des petites entreprises du secteur agricole et des populations locales. L’initiative de soutien joue un rôle essentiel en faisant le lien avec le programme officiel et la Déclaration. 

Le Bilan mondial 

Le Bilan mondial, un des piliers de l’Accord de Paris, était au cœur de l’attention à la COP28. La semaine dernière, au cours d’une manifestation de haut niveau réunissant des chefs d’État et de gouvernement, M. Qu Dongyu a souligné le rôle crucial joué par les systèmes agroalimentaires dans l’adaptation aux effets du changement climatique. Mettant l’accent sur les perspectives offertes par les cultures, l’élevage, les forêts, les pêches et l’aquaculture, il a souligné que le recours à des pratiques respectueuses du développement durable pouvait aussi permettre d’atténuer les répercussions des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations, tout en favorisant la résilience des communautés agricoles. 

Le texte final du Bilan mondial, à savoir le principal résultat des discussions sur le climat, parle de protéger la sécurité alimentaire, d’éradiquer la faim, d’atténuer les vulnérabilités de la production alimentaire liées au changement climatique, ainsi que de protéger les systèmes aquatiques. Il plaide également pour la mise en œuvre de solutions multisectorielles intégrées, s’agissant notamment de la gestion de l’utilisation des terres, de l’agriculture durable, de la résilience des systèmes alimentaires et des approches écosystémiques. 

Il est également question d’alimentation et d’agriculture dans le texte final du programme de travail Glasgow-Charm el-Cheikh sur l’objectif mondial en matière d’adaptation. Les pays sont vivement incités à parvenir à une production agricole et alimentaire, sans oublier un système d’approvisionnement et de distribution alimentaire, qui fassent preuve de résilience face au climat. Il convient également de développer une production durable et régénérative, ainsi qu’un accès équitable pour tous à une alimentation et une nutrition adaptées. 

Au tout début de la COP28, les dirigeants mondiaux sont parvenus à un accord majeur concernant le Fonds pour les pertes et les préjudices. Cette décision, l’un des premiers succès de la Conférence, a été saluée par le Directeur général de la FAO. La FAO a dévoilé un rapport portant sur la menace grandissante des pertes et dommages liés au changement climatique pour les systèmes agroalimentaires. Elle a insisté sur la nécessité d’agir dans les plus brefs délais et d’augmenter les financements pour remédier aux vulnérabilités. 

L’analyse des contributions déterminées au niveau national montre que l’agriculture est considérée comme le secteur le plus durement touché. Les pertes et préjudices sont explicitement mentionnés dans un tiers des plans d’action pour le climat. 

Financement des systèmes agroalimentaires et lancement du partenariat FAST 

Dans une nouvelle analyse, la FAO alerte au sujet de la forte baisse des financements pour le climat alloués aux systèmes agroalimentaires. Cela met en danger leur rôle charnière dans la lutte contre le changement climatique, l’appauvrissement de la biodiversité et l’insécurité alimentaire. Les auteurs soulignent que malgré le besoin pressant de financements accrus pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris et la Déclaration des Émirats arabes unis, les contributions en faveur des systèmes agroalimentaires ont chuté à 19 milliards d’USD en 2021, soit 12 pour cent de baisse par rapport à l’année précédente. 

La FAO œuvre à combler ce déficit de financement dans le cadre du Partenariat Alimentation et agriculture au service d’une transformation durable ou partenariat FAST

Cette initiative multipartite vise à remédier au manque de financements pour le climat dans le secteur agroalimentaire. Elle a été officiellement lancée au cours d’une manifestation de haut niveau lors de la journée thématique de la COP28 consacrée à l’alimentation, à l’agriculture et à l’eau. 

La FAO a été chargée de la mise en œuvre opérationnelle de l’initiative FAST, portée par la Présidence de la COP27, afin d’augmenter la qualité et le volume des financements pour le climat, ainsi que d’en faciliter l’accès, au bénéfice de transformations agricoles durables dans le monde. Le partenariat, ouvert aux pays en développement et aux pays développés, fait le lien entre le financement de priorités agricoles liées au climat et les débats lors des COP, en harmonie avec la Déclaration des Émirats arabes unis. 

La FAO a apporté une autre contribution importante à la COP28 sous la forme d’un rapport soulignant qu’il fallait impérativement réduire les émissions de gaz à effet de serre issues des systèmes d’élevage mondiaux, compte tenu de l’accroissement démographique mondial et de la hausse de la demande de produits issus d’animaux terrestres. 

Les auteurs du rapport proposent plusieurs pistes pour agir à la fois sur l’offre et la demande. Il s’agit notamment d’améliorer la santé animale, d’adopter de meilleures pratiques d’élevage, de réduire les pertes et gaspillages alimentaires, ainsi que de cibler directement les émissions de gaz à effet de serre. 

Le rapport, qui a fait l’objet d’un examen par les pairs, estime qu’en 2015, les systèmes d’élevage étaient responsables d’environ 12 pour cent du total des émissions anthropiques. En l’absence d’interventions et de gains de productivité, les émissions mondiales attribuables à l’élevage devraient avoisiner les 9,1 Gt éq-CO2 d’ici à 2050. 

En lien avec le thème de l’édition 2023 de la Journée internationale de la montagne, la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement ont publié pendant la COP28 un rapport sur la restauration des écosystèmes de montagne. Cette publication comporte une analyse de 10 projets de restauration écosystémique et des recommandations relatives à l’application aux régions montagneuses des dix principes pour la restauration des écosystèmes s’inscrivant dans le cadre de la Décennie des Nations Unies sur le même thème. 

Les auteurs du rapport soulignent que les écosystèmes de montagne, ainsi que les millions de ruraux qui dépendent d’eux, sont menacés et sont particulièrement vulnérables face au changement climatique. À travers des études de cas tirées du monde entier, ils expliquent ce qui doit être fait pour préserver et restaurer ces écosystèmes. 

La FAO et le Gouvernement norvégien ont annoncé le lancement d’une nouvelle phase du Programme AEP-Nansen, qui s’étalera sur cinq ans. Créé en 1975, ce partenariat est le fruit d’une collaboration entre la FAO, l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), l’Institut norvégien de recherche marine, des organisations régionales de gestion des pêches et 32 pays partenaires en Afrique et dans le golfe du Bengale. 

La Norvège financera un budget d’un milliard de couronnes norvégiennes (près de 94 millions d’USD) pour la période 2024-2028. L’objectif de cette nouvelle phase est d’intensifier l’action en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays partenaires, en mettant davantage l’accent sur le renforcement de la gestion des pêches pour contrer les effets du changement climatique. 

Afin de répondre aux problèmes posés par les inondations en milieu rural, la FAO a publié un rapport technique portant sur la gestion intégrée des inondations à l’appui de systèmes agroalimentaires résilients et du développement rural. Ce document présente de manière complète les répercussions du phénomène et propose des solutions intégrées assorties de multiples avantages à long terme pour les populations et l’environnement. Les recommandations formulées visent à renforcer la résilience en cas d’inondation. 

Collaborations et partenariats 

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a profité de sa présence à la COP28 pour conclure des partenariats en signant trois protocoles d’accord cruciaux. 

Italie: Renforcement de la collaboration relative à l’action climatique dans le secteur agricole. Le protocole d’accord signé par la FAO et le Gouvernement italien porte sur le soutien aux actions locales, nationales et internationales, ainsi qu’à la mise en œuvre de la Stratégie de la FAO relative au changement climatique 2022-2031 et du Plan d’action 2022-2025

BAII: Le protocole d’accord conclu avec les centres de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) vise à stimuler le développement des infrastructures rurales pour transformer les systèmes agroalimentaires. Les deux organisations s’engagent à étudier les possibilités de collaboration concernant les solutions numériques, la résilience face au climat et la satisfaction des besoins en matière de développement social. 

OMC: Le protocole d’accord conclu avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) renforce la collaboration dans les domaines du commerce agroalimentaire et de la sécurité sanitaire des aliments. Il élargit le partenariat aux systèmes agroalimentaires, au commerce, aux pêches, au climat, à l’environnement et à la nutrition, en mettant l’accent sur l’émancipation économique des femmes. 

La FAO a également lancé un Partenariat sur la résilience hydrique des systèmes alimentaires afin de traiter des liens cruciaux entre la santé des sols, les cycles hydriques, et la production, la transformation et le transport des aliments. 

Il convient aussi de signaler la publication d’un guide consacré à la mise en œuvre du Plan d’action conjoint «Une seule santé». Ce document élaboré par la FAO, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, l’Organisation mondiale de la Santé et l’Organisation mondiale de la santé animale fournit des orientations concrètes sur la manière dont les pays peuvent adopter et adapter le plan d’action pour renforcer et appuyer leur action nationale sur le volet «Une seule santé». 

Une synthèse pour l’action en matière d’agriculture, d’alimentation et de climat dans le cadre des plans nationaux d’adaptation et des contributions déterminées au niveau national a également été présentée à la COP28. Les auteurs, à savoir la FAO, le World Wide Fund for Nature (WWF), le Partenariat pour les contributions déterminées au niveau national, Climate Focus et la Global Alliance for the Future of Food, soutenus par le Gouvernement allemand, ont formulé des principes directeurs à l’intention des États pour qu’ils améliorent leurs cadres politiques en matière de climat. 

Manifestations 

La FAO a tenu le pavillon de l’alimentation et de l’agriculture aux côtés du Fonds international de développement agricole, du Système CGIAR et de la Fondation Rockefeller. Elle a animé des manifestations et dispensé des conseils techniques aux pays membres, dans le cadre et en dehors du processus de négociation officiel. 

L’Organisation a également animé ou co-animé et participé à plusieurs manifestations parallèles. 

Contacts

Laura Quinones [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]