Résilience
- La résilience doit être incorporée dans les dimensions politiques, sociales, économiques, environnementales du développement durable, dans les efforts à tous les niveaux de la lutte contre la faim et la malnutrition.
- L’agenda de la résilience fournit un cadre global commun visant à systématiquement lier et intégrer la réduction des risques et la gestion des crises. Il rassemble les acteurs du développement, les acteurs politiques, les investisseurs et les acteurs de l’aide humanitaire autour de résultats cohérents et complémentaires, au-delà des cloisonnements.
- La résilience aborde des risques multiples et les causes sous-jacentes de la vulnérabilité d’une manière intégrée. La mise en œuvre de mesures spécifiques concernant la résilience doit s’inscrire dans des interventions sectorielles, à court et à long terme.
- La coordination intersectorielle est fondamentale. Elle vise à réduire les catastrophes et les risques liés au climat pour garantir la résilience des moyens de subsistance des petits exploitants les plus vulnérables, et elle aidera à construire des liens entre les efforts actuellement cloisonnés.
- La résilience des systèmes de moyens d'existence doit conjuguer les synergies des bonnes pratiques techniques pour favoriser la réduction du risque de catastrophe et l'adaptation aux changements climatiques, la protection sociale, le transfert des risques financiers et la propriété des ressources naturelles pour les groupes les plus vulnérables

Aperçu
Les catastrophes et les crises récurrentes sapent les efforts déployés par les nations pour éradiquer la faim et la malnutrition et parvenir au développement durable. Ces catastrophes et ces crises menacent quelque 2,5 milliards de petits exploitants agricoles, de pêcheurs, de communautés qui dépendent des forêts, des éleveurs, et des petits entrepreneurs qui dépendent de la production, de la commercialisation et de la consommation des cultures, du poisson, des forêts, du bétail et d'autres ressources naturelles. Selon le rapport de la FAO Rapport sur l'impact des catastrophes et des crises sur l'agriculture et la sécurité alimentaire, le nombre annuel de catastrophes est désormais plus de trois fois supérieur à celui des années 1970 et 1980. Sur les quatre secteurs que sont l'agriculture, l'industrie, le commerce et le tourisme, l'agriculture subit à elle seule une part disproportionnée de l'impact de ces catastrophes, soit 63 pour cent, les pays les moins avancés (PMA) et les pays à faible revenu et revenu intermédiaire étant les plus lourdement frappés par ces fléaux.
En effet, de 2008 à 2018, les effets des catastrophes ont coûté aux secteurs agricoles des économies des pays en développement plus de 108 milliards d'USD en préjudices ou pertes de récoltes et de production animale. Ces dégâts peuvent être particulièrement préjudiciables aux moyens de subsistance des petits exploitants et des agriculteurs vivriers, des pasteurs et des pêcheurs.
Les catastrophes et les crises menacent la production actuelle de denrées alimentaires, à l'échelon local, national, voire régional et mondial, ainsi que l'accès à l'alimentation. Les chocs peuvent survenir de façon soudaine, comme une inondation subite ou un coup d'état violent, ou se développer plus lentement, comme durant les cycles de sécheresses-inondations. Les crises peuvent se présenter comme une urgence unique, une crise peut en provoquer une autre, ou de multiples événements peuvent converger et interagir de façon simultanée, et entraîner des effets en cascade et amplifiés. A titre d'exemple, trois années d'inondations répétées (de 2010 à 2012) ont infligé de graves dommages à l'économie du Pakistan, réduisant de moitié son potentiel de croissance. Le Pakistan a ainsi perdu un total de 16 milliards de dollars EU dans les inondations, avec des dommages dans l'agriculture estimés à 2 milliards de dollars EU. Les dommages dus aux inondations ont été identifié sur plus de 405 000 hectares de récoltes sur pied. Les tendances suggèrent également que l'effet se fait sentir dans la capacité du pays à atteindre les Objectifs de développement durable d'ici à 2030.
Les pauvres des zones rurales et urbaines sont frappés de façon disproportionnée, la pauvreté et la malnutrition étant à la fois la cause et la conséquence de moyens d'existence inadéquats. L'incapacité des familles, des communautés et des institutions à anticiper, absorber, s'adapter à ou se remettre des crises et des catastrophes, de manière opportune, efficace et durable, est au cœur des mesures de renforcement de la résilience. Ces mesures impliquent la protection et l'amélioration des systèmes alimentaires face aux menaces qui compromettent la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l'agriculture, ainsi que la salubrité des aliments. La faiblesse du niveau de résilience peut avoir des conséquences dévastatrices, en engendrant une spirale descendante dans laquelle les progrès accomplis au prix d’années d'efforts au niveau des moyens d'existence des ménages et du développement national sont compromis ou parfois sérieusement ébranlés.
Principaux enjeux
La réduction des risques de catastrophe (RRC) et la résilience globale n'ont pas été suffisamment abordés dans le programme original des OMD, en dépit des rapports étroits qui existent entre les effets des catastrophes sur le développement durable. Pour garantir la réalisation des objectifs de développement durable, il est indispensable que la réduction des risques de catastrophe (qui va de pair avec l'adaptation aux changements climatiques) soit mieux prise en compte dans le Programme de développement pour l'après-2015. La résilience est une condition préalable au développement durable en général et au combat contre la pauvreté, la faim et la malnutrition, en particulier.
Aujourd`hui, le Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015 offre l’unique opportunité de promouvoir une approche stratégique et systématique de la réduction de la vulnérabilité et de l’exposition aux aléas, y compris en identifiant des manières de renforcer la résilience des nations et des communautés vulnérables. Sur une période de presque 12 ans, les progrès réalisés pour combler les attentes du Cadre d’action de Hyogo ont été plus qualitatifs que quantitatifs, mais varient d'un pays à l'autre. D’une manière générale, le principal acquis à l’échelon mondial est le changement d'état d'esprit de la gestion des crises à l'atténuation des risques, avec un accent sur la prévention et la préparation. Le processus pour établir un cadre successeur au Cadre d’action actuel a déjà commencé. Le nouvel instrument devrait : i) être étroitement lié aux priorités d’action actuelles ii) être cohérent avec le Programme de développement pour l’après-2015 et l’accord 2015 sur le changement climatique iii) passer du concept à l'action locale - soutenu par des programmes forts de planification nationaux, régionaux et internationaux, et iv) s'attaquer aux problèmes des plus vulnérables. Le nouvel instrument peut fournir un cadre clair pour améliorer les liens entre la gestion des risques et les interventions humanitaires et de développement, ancrant la réduction des risques dans des secteurs clés tels que l'agriculture, et s’attaquant aux vulnérabilités au-delà des aléas naturels tels que les ravageurs et les maladies transfrontières des plantes et les événements liés à la salubrité des aliments.
Que faut-il faire?
Le prochain cadre de développement durable devrait être axé sur des approches intersectorielles inclusives et intégrées et viser les communautés et les nations les plus vulnérables. Pour réduire efficacement les risques de catastrophes et des crises, le programme pour l'après-2015 devrait:
- Promouvoir la cohérence entre les interventions aux échelons mondial, régional, national et local;
- Combler les écarts entre l'aide humanitaire d'urgence et les interventions à long terme tenant compte des risques en matière de développement et d'investissement (y compris par une programmation pluriannuelle et les horizons de financement à plus long terme);
- Relever les défis doubles et interdépendants du changement climatique et de la réduction des risques de catastrophes de façon intégrée, à travers toutes les politiques et tous les secteurs, et les ancrer dans une perspective sectorielle (par exemple, l'agriculture, la pêche, les forêts, etc.);
- Aborder les vulnérabilités face aux menaces et aux crises en abordant les causes sous-jacentes de la vulnérabilité conjointement à la pauvreté, et la marginalisation / les inégalités.
- Considérer qu’au-delà des catégories individuelles de catastrophes / de chocs, comprendre la résilience nécessite une analyse globale des interactions entre les multiples chocs (et souvent en cascade) et leurs dimensions économiques, financières, sociales, politiques et environnementales (en particulier pour les catastrophes naturelles qui se produisent dans un contexte de crises prolongées, de conflits violents ou de transition post-crise).