Département économique et social

 système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture

 perspectives alimentaires
No. 2 Rome, avril 2003

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faits saillants

DONNÉES DE BASE SUR LA SITUATION CÉRÉALIÈRE MONDIALE

Céréales

SITUATION D’URGENCE ALIMENTAIRE DANS DE NOMBREUX PAYS DU MONDE

L’ONU LANCE UN APPEL D’URGENCE DE 2,2 MILLIARDS DE DOLLARS EU POUR L’IRAQ

Production actuelle et perspectives des récoltes

Commerce

Stocks de report

Utilisation

Aide alimentaire

Facture d’importation de céréales

Viande et produits à base de viande

Lait et produits laitiers

Engrais

ANNEXE STATISTIQUE

NOTE SUR LES STATISTIQUES

Lait et produits laitiers

Les cours internationaux se raffermissent

Top

En raison d’une forte demande à l’importation et d’une offre limitée à l’exportation, les cours internationaux ont continué d’augmenter durant le premier trimestre de 2003, mais à un rythme moins rapide que durant la deuxième moitié de l’année précédente. L’indice FAO des prix des produits laitiers atteignait 109 en mars 2003, contre 78 en août 2002 (niveau le plus bas depuis le début de la série en 1990) et 101 en décembre 2002. Depuis le point le plus bas, les prix de tous les produits laitiers exprimés en dollars EU ont beaucoup monté: la hausse a été particulièrement forte dans le cas du lait en poudre (environ 60 pour cent), du beurre et de la caséine (30 pour cent) et du fromage (20 pour cent). Par rapport à mars 2002, les cours enregistrés en mars 2003 étaient plus élevés dans le cas du lait en poudre et du beurre et légèrement moins élevés dans le cas de la caséine et des fromages. Toutefois, si certains cours internationaux exprimés en dollars EU ont beaucoup augmenté, dans la monnaie de plusieurs grands exportateurs, comme la zone euro, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, la hausse a été atténuée par la dépréciation du dollar EU. La hausse des cours internationaux a entraîné une atténuation de la concurrence des importations à bas prix dans les pays en développement dont les marchés sont relativement ouverts.

Cette hausse est imputable principalement à la faiblesse de l’augmentation de la production, voire dans certains cas à un déclin de la production, dans les pays d’Océanie et d’Amérique du Sud, qui a entraîné une contraction de l’offre à l’exportation. En conséquence, les subventions à l’exportation versées par certains pays producteurs à haut coût de l’hémisphère Nord ont chuté. Par exemple, la moyenne mensuelle des subventions versées par les États-Unis à l’exportation de lait écrémé en poudre est tombée de 864 dollars EU la tonne en mars 2002 à 142 dollars EU la tonne en mars 2003. Parallèlement à cette évolution, en novembre 2002, les États-Unis ont ajusté le niveau des prix des achats d’intervention, le réduisant de 11 pour cent dans le cas du lait écrémé en poudre et le majorant de 26 pour cent dans le cas du beurre. Ces ajustements étaient jugés nécessaires pour rapprocher les prix de soutien des cours en vigueur sur le marché intérieur, car le niveau relativement élevé du prix de soutien du lait écrémé en poudre avait entraîné une importante accumulation de stocks publics et nécessitait une augmentation des subventions à l’exportation. Les modifications apportées aux prix de soutien ont contribué à faire diminuer le niveau des subventions à l’exportation de lait écrémé en poudre versées par les États-Unis. Ces subventions ont aussi diminué dans l’UE: la subvention à l’exportation de lait écrémé en poudre est tombée à 440 euros la tonne à la fin de janvier 2003, contre 850 euros la tonne au milieu de 2002; par la suite, elle a été portée à 510 euros la tonne en février 2003, en raison de la dépréciation du dollar EU par rapport à l’euro.

Prix indicatifs d’exportation des produits laitiers

 20022003
marsjanvierfévriermars
 ( dollars EU/tonne, f.o.b. )
Lait écrémé en poudre1 4731 7261 7491 751
Lait entier en poudre1 4881 8141 8251 835
Caséine acide4 4494 1284 1504 152
Fromage (Cheddar)1 9241 6761 7811 816
Beurre1 0361 2621 2741 276
Source Point médian de la fourchette de prix publiée par le Farmnet (Nouvelle-Zélande).

Croissance de la production en 2003

Top

La production mondiale de lait devrait augmenter d’environ 1 pour cent en 2003, en raison essentiellement de l’accroissement de la production de l’Asie, des États-Unis et de l’Europe centrale et orientale. En Océanie, on prévoit que la production de lait de la campagne 2002/03 en Nouvelle-Zélande sera supérieure de 3 pour cent à celle de l’année précédente, malgré la sécheresse qui a frappé certaines zones du pays. Le manque de pluie a particulièrement affecté la production dans la deuxième moitié de la campagne. On s’attend à ce que la production laitière de la Nouvelle-Zélande diminue plus que d’habitude en mars et avril. La plupart des éleveurs néo-zélandais traient jusqu’à la fin de mai, mais cette année la traite s’est terminée plus tôt que d’habitude et certains éleveurs ne traient qu’une fois par jour. En conséquence, début mars, le principal exportateur, la société Fonterra, a averti ses clients qu’elle ne pourrait peut-être pas tenir certains de ses engagements de fourniture. En Australie, les pluies inférieures à la moyenne dans de nombreuses zones du pays devraient entraîner une forte réduction de la production de la campagne 2002/03, la baisse pouvant atteindre 8 pour cent. En conséquence, on prévoit actuellement que la production laitière totale pour l’ensemble de la campagne en cours n’atteindra que 14,3 millions de tonnes dans le cas de la Nouvelle-Zélande et 10,4 millions de tonnes dans le cas de l’Australie. Dans ces deux pays, le cheptel laitier est en expansion; toutefois, en Australie, les abattages provoqués par la sécheresse actuelle pourraient entraîner une baisse provisoire du nombre de vaches laitières. Entre le début de 2002 et mars 2003, les monnaies néo-zélandaise et australienne ont gagné 33 et 16  pour cent respectivement par rapport au dollar des États-Unis. Comme les cours internationaux des produits laitiers sont exprimés en dollars EU, cette appréciation a atténué la hausse des cours enregistrée à partir du deuxième semestre de 2002. Ainsi, selon les dernières prévisions, le prix du lait acheté aux éleveurs néo-zélandais pour la campagne 2002/03 sera de 3,60 dollars néo-zélandais par kilogramme de matières solides. Durant la campagne précédente, il était de 5,30 dollars néo-zélandais. De même, on prévoit que le revenu moyen des éleveurs laitiers australiens diminuera durant la campagne en cours en raison de la hausse du coût des aliments pour animaux et de la baisse des prix à l’exportation. Cette diminution de la rentabilité pourrait limiter la croissance de la production de l’Océanie durant la campagne 2003/04.

La production laitière des États-Unis devrait encore augmenter en 2003 pour atteindre 78 millions de tonnes. Cette progression est due à l’augmentation des rendements et à la reconstitution cyclique des troupeaux. Toutefois, en raison du faible niveau des prix à la production et de la cherté des aliments pour animaux, elle pourrait être limitée. La production laitière de plusieurs autres pays développés (pays de l’UE, Canada et Japon) est encadrée, si bien qu’elle varie peu d’une année sur l’autre. En Norvège, les quotas nationaux de production de lait sont progressivement réduits de façon à contenir la production nationale dans les limites définies par l’Accord sur l’agriculture conclu à l’issue du Cycle d’Uruguay, qui plafonne les subventions à l’exportation de produits laitiers. Cette mesure est nécessaire car la consommation intérieure n’augmente pas assez pour compenser la réduction des exportations.

Production de lait

 20012002
estim.
2003
prévis.
 (. . . . millions de tonnes . . . .)
TOTAL  MONDIAL 584.8 593.5 600.5
  UE126.1126.7126.7
  Inde   1/81.082.085.0
  États-Unis75.077.378.4
  Féd.  de  Russie33.033.533.9
  Pakistan27.027.728.4
  Brésil22.422.823.4
  Nouvelle-Zélande   2/13.213.914.3
  Ukraine13.414.114.3
  Pologne11.912.212.2
  Australie   3/10.511.310.4
  Mexique9.59.69.7
  Argentine9.68.27.8
Source: FAO
1/ Campagnes laitières débutant en avril de l’année indiquée.
2/ Campagnes laitières finissant en mai de l’année indiquée.
3/ Campagnes laitières finissant en juin de l’année indiquée.

En Europe orientale, la production laitière de la plupart des pays devrait progresser en 2003. Dans de nombreux pays de cette région la demande de lait et de produits laitiers augmente en raison de la croissance économique. Comme la demande avait beaucoup diminué durant les années 90, on pense que le potentiel d’expansion de la consommation est élevé. De plus, dans certains pays, comme la Pologne et la Hongrie, l’adhésion imminente à l’UE a conduit les laiteries à durcir leurs normes de qualité, ce qui a entraîné une réduction du nombre de petits éleveurs, dont certains ne parvenaient pas à respecter les normes. D’autres pays de la région, comme la Bulgarie et la Roumanie, ont mis en place des incitations pour encourager les éleveurs à améliorer la qualité du lait. La croissance de la production dans la région est due essentiellement à l’augmentation des rendements qui résulte des améliorations génétiques et de l’emploi d’aliments de meilleure qualité. Malgré la hausse de la production, le cheptel laitier a diminué dans de nombreux pays.

En Fédération de Russie, après une décennie de déclin, la production laitière paraît être entrée dans une période de croissance et devrait légèrement augmenter en 2003. Le cheptel laitier a continué de diminuer, mais l’offre d’aliments pour animaux s’est améliorée, si bien que les rendements ont progressé. Les petites exploitations individuelles remplacent progressivement les grandes fermes d’État. De même, dans les autres pays membres de la CEI, dont la production laitière avait aussi chuté tout au long des années 90, on prévoit une augmentation en 2003.

Dans les pays en développement, la production laitière devrait continuer d’augmenter globalement. Toutefois, elle pourrait diminuer dans un certain nombre de pays d’Amérique latine. En Asie, la production de la campagne 2003/04 (avril-mars) de l’Inde pourrait atteindre 85 millions de tonnes. Les gains de production enregistrés en Inde sont dus plus à l’amélioration de l’alimentation et aux améliorations génétiques qu’à l’expansion du troupeau. Selon les projections, la production laitière de la Chine devrait elle aussi progresser en raison de la forte demande interne et du fait que l’élevage laitier est plus rentable que d’autres activités agricoles. En Thaïlande et aux Philippines, la production laitière devrait continuer d’augmenter en 2003 en raison de la fermeté des prix sur le marché intérieur. Comme dans la plupart des autres pays d’Asie du Sud-Est, la demande de produits laitiers dans ces pays continue de croître car la population diversifie son alimentation.

En Amérique latine, la production laitière a été affectée par le manque de pluie et par des intempéries dans de nombreuses régions. La production de plusieurs pays devrait donc diminuer. Celle de l’Argentine paraît devoir baisser encore en 2003 après avoir beaucoup chuté en 2002. Cela est dû essentiellement à l’abandon de l’élevage laitier par un certain nombre d’exploitants déficitaires ou au remplacement de l’élevage laitier par des cultures plus rentables. Au Chili, la baisse des prix à l’exploitation pourrait aussi freiner la croissance de la production laitière en 2003, bien que les conditions de pâture aient été bonnes durant l’année. On ne prévoit donc qu’une expansion très modique de la production. La faiblesse des cours devrait aussi limiter la croissance de la production en Uruguay, bien qu’en début de campagne les pâturages aient été en très bon état et les stocks d’ensilage suffisants. Au Brésil, la faiblesse des prix à l’exploitation a freiné l’augmentation de la production en 2002 et il n’est pas certain que la production augmentera en 2003. De plus, certains éleveurs ont transformé des prés en champs de soja, qui sont plus rentables. Au Venezuela, le manque de pluie durant l’été et la faible rentabilité de l’élevage laitier ont freiné la croissance de la production. On prévoit donc pour 2003 une production inférieure à la moyenne de 1,3 million de tonnes des dernières années. En raison de l’insuffisance de la rentabilité de l’élevage laitier, des vaches qui étaient encore en âge de vêler et de produire du lait ont été abattues, si bien qu’il faut s’attendre à une nouvelle baisse de la production. Au Pérou en revanche, la production laitière devrait augmenter en 2003 en raison de la hausse des prix due à la fermeté de la demande intérieure et notamment aux achats réalisés par l’État pour des programmes d’aide sociale. Au Costa Rica, la production 2003 devrait être au même niveau que l’année précédente, bien que dans certaines zones du pays les pâturages aient été endommagés par des intempéries liées au phénomène El Niño. Au Mexique, l’augmentation de la production de lait cette année devrait être due essentiellement à des améliorations génétiques et zootechniques.

En Afrique de l’Ouest, certains pays n’ont pas reçu assez de pluies en 2002, ce qui pourrait se répercuter sur la production laitière de 2003, car les pâturages sont en mauvais état au début de la campagne. Ainsi, au Sénégal la pluviométrie aurait été inférieure d’environ 30 pour cent à la moyenne, ce qui a entraîné un épuisement des réserves d’herbage et une baisse de la production laitière. Dans certaines zones, les éleveurs ont migré avec leurs troupeaux à la recherche de meilleurs pâturages (transhumance). Cela a entraîné une pénurie de lait frais pour les usines de transformation de certaines zones du pays, qui ont dû acheter du lait écrémé importé. En Mauritanie également, il y a eu très peu de pluies, particulièrement dans le sud-ouest du pays, qui assure une grande partie de la production laitière, et de nombreux paysans ont aussi opté pour la transhumance vers l’est du pays et le sud du Sénégal. En Éthiopie, le manque de pluie s’est répercuté sur la production laitière en 2002 et durant les premiers mois de 2003, car les pâturages et les réserves de fourrage étaient insuffisants. En revanche, au Kenya, les bonnes pluies de 2002 se sont poursuivies en 2003 si bien que les pâturages sont en bon état et que la production devrait augmenter. De plus, après la faillite du principal transformateur de lait (Kenya Co-operative Creameries) l’année précédente, certaines usines de transformation ont été rouvertes, ce qui a amélioré les conditions de commercialisation pour les producteurs.

Demande d’importation

Top

La demande internationale de produits laitiers devrait rester soutenue, particulièrement dans certains pays d’Asie. Les pays d’Asie du Sud-Est et la Chine devraient accroître leurs importations de lait en poudre. Les importations des pays d’Amérique centrale et du Mexique et de l’Algérie (qui sont des marchés importants) pourraient aussi augmenter. Les importations de lait en poudre du Brésil pourraient légèrement progresser en raison des programmes d'aide alimentaire aux pauvres lancés par le gouvernement. Les importations de beurre et de fromage de la Fédération de Russie ont fortement augmenté en 2002, malgré une majoration des droits de douane, et devraient continuer d’augmenter en 2003. En revanche, les importations de certains pays du Proche-Orient et d’Afrique, qui sont les plus sensibles aux prix, pourraient baisser, notamment en Égypte, au Liban, au Nigéria, au Kenya et en Tanzanie.

Offre à l’exportation

Top

Pour la campagne 2003/04, l’offre de produits laitiers à l’exportation de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie ne devrait que légèrement augmenter car la sécheresse a endommagé les pâturages au début de la saison. Les exportateurs de lait traditionnels d’Europe orientale et de la Baltique (Hongrie, Pologne, Bulgarie, Lettonie, République tchèque et République slovaque) pourraient intervenir davantage sur le marché international en raison de la hausse des cours. Vu l’insuffisance de l’offre internationale de produits laitiers, on prévoit que les exportations de l’UE et des États-Unis augmenteront en 2003. Les exportations de produits laitiers en vrac de ces deux partenaires commerciaux sont limitées par les disciplines imposées par l’Accord du Cycle d’Uruguay en matière de subventions à l’exportation, mais ces dernières années ils ont accru leurs exportations de produits à plus forte valeur ajoutée qui peuvent être exportés sans subventions. Aux États-Unis, le volume des exportations de produits transformés non subventionnées dépasse aujourd’hui le volume des exportations de produits en vrac, qui doivent être subventionnées. Les exportations de lait écrémé en poudre et de beurre clarifié de l’Inde pourraient aussi croître en 2003. En Argentine, une nouvelle baisse de la production laitière pourrait bien entraîner une réduction de l’offre à l’exportation, mais il se pourrait aussi que la contraction de la demande intérieure compense en partie la baisse de la production. En raison d’un arrêt rendu par l’OMC à la fin de 2002 contre le système de double prix du lait du Canada, qui permettait d’exporter le lait produit en excédent des quotas appliqués par ce pays, les exportations de produits laitiers canadiens devraient diminuer en 2003.

Perspectives des prix

Top

En raison de la vigueur de la demande internationale et du manque de produits offerts à l’exportation, la hausse des prix devrait se poursuivre en 2003. Pour la fin de l’année, on prévoit une légère augmentation, mais plus lente que celle enregistrée durant la deuxième moitié de 2002. À court terme, la hausse des prix devrait être prononcée pour le fromage, car les prix de ce dernier se sont rétablis plus tard que ceux des autres produits laitiers après la chute de 2002. Dans le cas des autres principaux produits laitiers qui entrent dans le commerce international, les cours ne devraient monter que dans des proportions limitées.

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Exonération

©FAO, 2003