Plateforme mondiale des Champs-Écoles des Producteurs

Nutrition et Champs Écoles des Producteurs

La malnutrition et les Champs Écoles des Producteurs

La malnutrition est un fardeau qui touche aujourd'hui une personne sur trois dans tous les pays. Certaines manifestations de la malnutrition comprennent la faim chronique, les carences en micronutriments, le retard de croissance chez les enfants et/ou l'obésité. Pour inverser cette tendance, la FAO promeut à travers le monde des systèmes alimentaires durables pour des régimes alimentaires sains et une meilleure nutrition.

La prestation de services de conseil sur le terrain est de plus en plus reconnue comme jouant un rôle essentiel pour relier la production à la consommation et sensibiliser les petits exploitants agricoles à la nutrition. En particulier, l'approche participative, telle que la méthodologie des Champs Écoles des Producteurs (CEP), s'est révélée être un excellent tremplin pour renforcer les liens entre nutrition et production agricole, et diffuser de bonnes pratiques alimentaires et nutritionnelles au sein des communautés agricoles. La diversification de la production et celle des régimes alimentaires sont des aspects indissociables des régimes alimentaires sains promus par l’approche des CEP.

Les expériences des CEP peuvent être regroupées en deux grandes catégories :

  • Les CEP dont le cœur de l’activité est axé sur la nutrition
  • Les CEP dont le sujet principal diffère de la nutrition (par exemple, la gestion intégrée de la production et des ravageurs, les changements climatiques, etc.) et où la nutrition est abordée comme un sujet particulier.

Les CEP axés sur la nutrition

L'approche des CEP axés sur la nutrition aide les bénéficiaires à prévenir la malnutrition en proposant des expériences d'apprentissage pratiques pour s'attaquer à certaines des causes de la malnutrition liées à l'alimentation, aux régimes alimentaires et aux pratiques alimentaires. Les principaux composants de ces CEP sont :

  • Enquête préliminaire : Réaliser une enquête sur les cultures sensibles à la nutrition disponibles dans l’environnement ainsi que sur les pratiques alimentaires. Cette enquête préliminaire permet d’identifier les problèmes sous-jacents de malnutrition et de mieux cibler les activités des CEP.
  • Formation des facilitateurs : Cette formation regroupe des instructeurs agricoles, agronomes/vétérinaires et agents de santé communautaires (issus des systèmes d’extension communautaire). Elle est assurée par des nutritionnistes certifiés formés à la conduite de sessions pratiques axées sur le changement de comportement.
  • Élaboration d’un curriculum : Basé sur les résultats de l’enquête et les besoins en renforcement des capacités de la communauté. Cliquez ici pour en savoir plus sur l’évaluation des besoins en renforcement des capacités.
  • Animation de sessions : Ces sessions portent sur les principales activités nutritionnellement sensibles, telles que la culture de cultures diversifiées, les démonstrations culinaires, l’élevage de poules et de chèvres, l’hygiène alimentaire et vestimentaire, etc. Ces activités permettent une production diversifiée, incluant des variétés à haute valeur nutritionnelle, favorisant une consommation variée et améliorée.

La nutrition en tant que sujet spécial dans les CEP

La nature pratique, interactive et expérimentale des Champs Écoles des Producteurs (CEP) complète les stratégies nutritionnelles pratiques, qui visent à augmenter la diversité des aliments consommés, les normes de préparation et le stockage des aliments au sein des ménages. L’intégration des activités liées à la nutrition dans les CEP peut inclure les composantes suivantes :

  • Formation des facilitateurs sur des sujets sensibles à la nutrition : Formation assurée par des nutritionnistes certifiés, formés à la conduite de sessions pratiques axées sur le changement de comportement.
  • Intégration dans les sessions d’apprentissage des CEP : Les sujets traditionnels de vulgarisation, tels que la production de cultures et la gestion des ravageurs, servent de point d'entrée pour aborder des questions connexes, y compris la santé et la nutrition. Par exemple, lors d’un apprentissage sur la diversité dans la production agricole, les facilitateurs des CEP peuvent initier des discussions avec les bénéficiaires sur la valeur nutritionnelle de certaines cultures, ainsi que sur les techniques de préparation et de cuisson permettant une rétention maximale des nutriments.

En établissant en permanence ce lien entre l’agriculture et d’autres sphères humaines, l’éducation nutritionnelle est intégrée à la vulgarisation agricole, ce qui permet d’améliorer considérablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle en milieu rural.

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Champs Écoles des Producteurs multisectoriels axés sur la nutrition pour lutter contre la malnutrition au Burundi

Un projet visant à lutter contre la malnutrition dans la province de Ngozi au Burundi a été mis en œuvre conjointement par quatre agences des Nations Unies (FAO, OMS, PAM et UNICEF) entre 2013 et 2016.

Ce projet pilote est intervenu dans le district sanitaire de Kiremba, qui comprend trois communes : Kiremba, Tangara et Marangara.

Quatre composantes d’intervention intégrées ont été développées lors de la mise en œuvre :

  • Nutrition (UNICEF) : Amélioration des pratiques d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants
  • Agriculture (FAO) : Formation sur les pratiques agricoles à haute valeur nutritionnelle pour diversifier l’alimentation des ménages, mise en place de jardins potagers et renforcement des capacités des adultes et des jeunes à travers les CEP
  • Fortification (PAM) : Fortification des aliments via l’enrichissement de la farine au niveau des moulins pour distribution aux ménages vulnérables et commercialisation
  • Santé (OMS) : Renforcement des capacités pour la prise en charge des maladies infantiles au niveau clinique et communautaire

87 CEP pour adultes et 16 CEP pour jeunes ont été mis en place pour améliorer la sécurité alimentaire en renforçant les capacités des ménages sur les techniques agricoles et nutritionnelles.

Ces CEP ont permis de promouvoir des cultures à haute valeur nutritionnelle dans 1590 ménages. Par ailleurs, 40 ménages ont reçu chacun 10 poules, 636 ménages ont bénéficié de 1500 chèvres et 136 ménages ont reçu des chèvres reproductrices.

Bien que les CEP axés sur la nutrition aient montré des résultats prometteurs, ils ne peuvent à eux seuls éradiquer la malnutrition. Comme l’a démontré ce projet, une synergie d’interventions multiples est nécessaire, mais ces initiatives jouent un rôle clé dans la prévention.