Gestion écologique de la chenille légionnaire d'automne et Champs Écoles des Producteurs (CEP)
La chenille légionnaire d'automne (Spodoptera frugiperda), ou CLA, est un insecte originaire des régions tropicales et subtropicales des Amériques. Son stade larvaire (photo) se nourrit de plus de 80 espèces de plantes, notamment le maïs, le riz, le sorgho, le mil, la canne à sucre, les cultures maraîchères et le coton. La CLA peut causer des pertes de rendement importantes si elle n’est pas bien gérée. Elle peut avoir plusieurs générations par an, et le papillon peut parcourir jusqu'à 100 km par nuit.
La CLA a été détectée pour la première fois en Afrique centrale et occidentale au début de 2016 (Bénin, Nigeria, Sao Tomé-et-Principe et Togo) et, par la suite, dans l'ensemble de l'Afrique australe continentale (sauf le Lesotho et les États insulaires), ainsi qu’au Cap-Vert, au Cameroun, au Ghana, au Niger, en Éthiopie, au Burundi, au Kenya, au Rwanda, au Soudan du Sud, en Ouganda. Elle devrait continuer à se propager. Son mode d’introduction, ainsi que son adaptation biologique et écologique en Afrique, reste spéculatif. La CLA est un ravageur transfrontalier dangereux avec un fort potentiel de propagation, en raison de sa capacité naturelle de dispersion et des échanges commerciaux. Les agriculteurs auront besoin d’un soutien important pour gérer durablement la CLA dans leurs systèmes agricoles via une gestion intégrée des ravageurs (GIR).
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a pris un rôle de leadership en réunissant des partenaires et en organisant des réunions de consultation, ce qui a conduit à la création d’un cadre régional multipartite pour la gestion coordonnée de la chenille légionnaire d'automne en Afrique. Une des étapes clés de la FAO pour son travail sur la CLA en Afrique est « soutenir la conception et la mise en œuvre d’un programme de gestion écologique et durable des ravageurs pour les petits exploitants agricoles en Afrique, après avoir examiné les expériences des agriculteurs et des chercheurs des Amériques », qui cohabitent avec ce ravageur depuis plusieurs siècles. Les pratiques de gestion recommandées seront testées et adaptées sur le terrain via les Champs Écoles des Producteurs (CEP), en collaboration avec des agriculteurs et leurs organisations à travers l’Afrique, ainsi que des services de recherche et de conseil. Les expériences et réussites seront documentées et partagées pour affiner les options de gestion.
En fait, l’éducation des agriculteurs et l’action communautaire sont des éléments cruciaux de la stratégie pour mieux gérer les populations de CLA. C’est pourquoi les CEP – une approche éducative holistique pour les agriculteurs, promue par la FAO et de nombreuses organisations à travers le monde comme une plateforme pour apprendre, expérimenter et échanger sur une vaste gamme de sujets – seront utilisés pour soutenir la mise en œuvre d’une approche intégrée, écologique et durable de gestion de la CLA. Afin de maximiser l’impact, les CEP seront combinés avec des campagnes d’information de masse, des radios rurales, des vidéos participatives et des formations rapides pour les agriculteurs et conseillers ruraux, basées sur un apprentissage par l’expérience.
Activités clés
1. Inventaire des programmes CEP en Afrique
Plus de 120 programmes intégrant des composantes CEP ont été identifiés par divers partenaires dans 39 pays africains, avec lesquels intégrer les thématiques sur la CLA. Plusieurs projets de coopération technique ont été développés par la FAO à partir de 2018 pour inclure les CEP.
2. Ateliers de formation régionaux, sous-régionaux et nationaux pour les formateurs CEP, les ONPV et les services de vulgarisation
- À l’échelle de l’Afrique : Une équipe de base de 20 maîtres formateurs de toutes les sous-régions a participé à un atelier de développement de curriculum et de formation à Accra en juillet 2017.
- À l’échelle sous-régionale : En 2017, 4 ateliers sous-régionaux ont été organisés par la FAO pour les ONPV, incluant des formateurs CEP (Nigeria, Malawi, Cameroun, Ouganda). En 2018, deux sessions régionales de formation GIR CLA pour formateurs et chercheurs ont été organisées en Afrique centrale et orientale.
- À l’échelle nationale : Des formations nationales pour les vulgarisateurs et formateurs CEP ont été tenues au Burkina Faso, en République centrafricaine, RDC, Malawi, Niger, Nigeria, Sénégal, Zambie, Zimbabwe.
3. Développement d’un guide de formation CLA pour les CEP et vulgarisateurs
Les versions anglaise et française du guide ont été publiées en 2018. Une traduction en portugais est prévue pour 2019. Le guide est accessible ici.
4. Communauté de pratique sur la vulgarisation CLA
La communauté interagit en utilisant divers outils : la page CLA sur la plateforme mondiale CEP, des groupes WhatsApp, un groupe de travail technique avec des réunions virtuelles. La FAO tient également des réunions mensuelles avec les réseaux sous-régionaux CEP et les bureaux régionaux. Le développement d’outils de suivi et évaluation pour les CEP est en cours.