Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture

Le Fonds pour le partage des avantages du Traité international à l’appui de la biodiversité dans les champs des agriculteurs en Ouganda

21/03/2019

Une banque de semences communautaires approvisionne des milliers de petits exploitants agricoles

5-6 mars 2019, Hoima, Ouganda - Au cours des sept mois qui ont suivi la création de la banque de semences de Hoima, celle-ci est devenue un répertoire de la diversité des cultures vivrières locales et régionales pour des milliers d'agriculteurs ougandais qui viennent ici pour accéder aux semences de plus de 50 variétés de plantes alimentaires adaptées aux conditions climatiques et environnementales locales.

Cette banque de semences communautaires a été créée en août 2018 à Hoima, une région isolée en Ouganda, particulièrement vulnérable au changement climatique, dans le cadre d'un projet incluant plusieurs pays financé par le Fonds pour le partage des avantages (BSF en anglais) du Traité international de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La banque de semences de Hoima est l'une des quatre banques de semences communautaires créées dans le cadre du projet BSF «Systèmes semenciers de source ouverte pour les variétés d’haricots, de sorgho, d’éleusine cultivée et de légumineuses fourragères destinées à l'adaptation au changement climatique au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie» (projet OSSS)[1] qui s’étend sur une période allant de décembre 2015 à décembre 2019. Le projet est largement financé par des fonds de l'Union européenne et d'autres donateurs.

La banque de semences communautaires de Hoima approvisionne actuellement plus de 2000 petits exploitants agricoles ougandais, dont 50%  de femmes, et est enregistrée en tant qu'organisation communautaire dans le district de Hoima.

«Conformément à un modèle « bancaire », les membres inscrits de la banque de semences  communautaires de Hoima peuvent obtenir les semences dont ils ont besoin pour planter des cultures dans leurs champs, à condition de les « rembourser » avec un « intérêt » sous forme d’une plus grande quantité de semences », a expliqué Kent Nnadozie, Secrétaire du Traité international de la FAO sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, intervenant de Rome. «Par exemple, si un agriculteur emprunte 1 kg de semences, il donnera en retour à la banque 2 kg de semences récoltées, ce qui permettra à la fois d'accéder aux ressources disponibles via la banque de semences et de les partager avec le reste de la communauté, de manière à renforcer mutuellement l’autosuffisance. »

« La banque de semences de Hoima est un instrument participatif, inclusif et habilitant permettant aux agriculteurs locaux d’exercer leurs droits et d’unir leur force aux fins de la conservation de leur biodiversité agricole pour répondre à leurs besoins actuels et futurs», a déclaré Rodica Leahu, responsable du Secrétariat du Traité international lors d’une récente visite en Ouganda.

Les agriculteurs inscrits en tant que membres de la banque de semences peuvent emprunter des semences, étant entendu qu'ils doivent in fine rendre plus de semences qu'ils n'en ont emprunté, afin que la banque de semences continue à se développer et que toute la communauté puisse en bénéficier. Actuellement, 1 000 agriculteurs de huit villages sont membres inscrits  de la banque de Hoima qui contient des semences pour les cultures vivrières suivantes:28 variétés de haricots (dont six locales et les autres appartenant aux trois banques nationales de gènes);

  • 23 variétés de millet (deux d’entre elles sont locales et les autres proviennent de banques de gènes en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie);
  • deux variétés de niébé;
  • une variété de pois cajan;
  • une variété de sésame; et
  • trois variétés de légumes locaux.

La banque de semences communautaires de Hoima, comme les autres banques créées dans le cadre de ce projet au titre du BSF, est gérée par des membres de la communauté qui reçoivent une formation spéciale sur la gestion des petites et moyennes entreprises et sur la documentation des connaissances traditionnelles. Le projet fournit aux agriculteurs locaux une formation à la gestion des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture et leur permet de participer activement dans le développement de nouvelles variétés et d'autres technologies pertinentes pour l'adaptation au changement climatique et le renforcement de la sécurité alimentaire. Les agriculteurs participent également à des essais à la ferme et fréquentent des écoles pratiques d'agriculture, où ils reçoivent une formation en matière de  multiplication de semences, sélection participative, octroi de licences pour leurs semences en tant que variétés d'agriculteurs et commerce de semences sous étiquettes de source ouverte. Les agriculteurs participent également aux foires aux semences de producteurs, qui attirent des centaines d’agriculteurs et leur offrent l’occasion de présenter et d’échanger des variétés de semences locales cultivées et sauvegardées grâce au projet OSSS. Ces foires aux semences offrent également une excellente occasion aux agriculteurs de différentes régions de l’Ouganda d’échanger des semences et de partager leurs données d’expériences.

«Le projet OSSS est un bon exemple de la manière dont le Fonds pour le partage des avantages du Traité international facilite aux petits exploitants agricoles à la fois l'accès et le partage des avantages découlant de l’utilisation du matériel disponible dans le Système multilatéral, en promouvant la conservation et la gestion de variétés de cultures vivrières locales adaptées aux conditions climatiques locales, tout en sensibilisant aux Droits des agriculteurs », a déclaré le Secrétaire Nnadozie.

Bioversity International, principal partenaire et principal organisme d’exécution du projet OSSS, a mis à la disposition des agriculteurs des matériels inclus dans le Système multilatéral du Traité international par l’intermédiaire de banques nationales de gènes. À ce jour, plus de 400 accessions de haricots, d’éleusine cultivée et de sorgho ont été échangées entre les pays participant à ce projet du BSF au moyen d'Accords types de transfert de matériel.

Le projet OSSS dans le cadre duquel la banque de semences de Hoima a été créée, est soutenu par un financement de l'Union européenne, ainsi que d'autres, notamment l'Open Society Foundation et le programme de recherche du GCRAI sur le changement climatique, l'agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS).

 

 


[1] C’est un des 20 projets appuyé par le troisième cycle de projets au titre du Fonds pour le partage des avantages du Traité international 

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