Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture

SAUVEGARDER LES CULTURES VIVRIÈRES DIFFICILES À CONSERVER

25/06/2021

Un besoin mondial urgent de cryoconservation

Rome, Italie, 25 juin 2021 - La cryoconservation est la clé pour conserver un certain nombre de cultures dont nous dépendons pour notre alimentation et notre agriculture. Alors que la plupart des plantes alimentaires du monde, telles que le riz, le maïs et le blé, peuvent être conservées sous forme de semences dans des banques de gènes, il n'en va pas de même pour d'autres cultures importantes. Les cultures comme les bananes, le café et les pommes de terre - qui ne produisent pas de graines (cultures clonales) ou dont les graines ne peuvent pas être stockées dans des banques de gènes conventionnelles (semences récalcitrantes) - sont normalement conservées dans des cultures tissulaires ou des banques de gènes de terrain, mais la solution la plus sûre à long terme est la cryoconservation, un procédé complexe qui stocke les tissus dans de l'azote liquide à une température de -196°C.

« Afin d'assurer la sécurité alimentaire des générations présentes et futures, il est important que nous conservions la diversité biologique des cultures vivrières dont nous disposons actuellement », a déclaré Kent Nnadozie, Secrétaire du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture, dont la mission est de sauvegarder, partager et protéger les plantes qui nourrissent le monde. « Afin de réduire le risque de perdre la riche biodiversité de certaines cultures vivrières très importantes, la communauté internationale doit développer une stratégie mondiale à long terme pour la cryoconservation, de sorte que même dans 100 ans, différentes variétés de cultures comme les bananes et d'autres puissent encore être appréciées par nos descendants », a déclaré le Secrétaire Nnadozie.

C'est pourquoi le Traité international et le Crop Trust ont organisé un évènement réunissant un groupe international d'experts sur « La cryoconservation: une stratégie à long terme pour le matériel phytogénétique pour l'alimentation et l'agriculture difficile à conserver dans un monde post-COVID », dans le cadre d'une série d'événements en ligne organisés pendant la pandémie mondiale de COVID-19 et pendant l'Année internationale des fruits et des légumes (AIFL)[1].

L'événement était parrainé par le gouvernement de la Belgique, qui est un pays leader dans l'utilisation de la cryoconservation pour la conservation à long terme de la diversité végétale.

La pandémie actuelle de COVID-19 indique la vulnérabilité des collections de la diversité des cultures clonales et récalcitrantes préservées en culture tissulaire et sur le terrain. La situation est désastreuse pour bon nombre de ces banques de gènes, où les activités telles que la réserve de sécurité, les transferts, le nettoyage des maladies et tous les autres travaux en dehors de l'entretien de base ont été considérablement réduites, mettant en péril certaines collections déjà menacées. La pandémie a démontré que la cryoconservation est la seule solution sûre à long terme pour des collections aussi difficiles à conserver.

« Si les banques de gènes ont appris quelque chose de la pandémie de COVID, c'est que les collections de cultures in vitro et sur le terrain sont particulièrement vulnérables et ont besoin d'un coup de main », a déclaré Stefan Schmitz, Directeur exécutif du Crop Trust. "C'est ce que l'initiative mondiale de cryoconservation leur apportera."

L'Initiative mondiale de cryoconservation proposée offre une solution scientifique pour la conservation à long terme des cultures clonales et récalcitrantes. Elle aborde directement l'Objectif de développement durable (ODD) 2 - Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable ; en particulier, la cible 2.5 de l’ODD pour « Préserver la diversité génétique des semences, des plantes cultivées… et de leurs espèces sauvages apparentées, … à travers des banques de semences et de plantes bien gérées et diversifiées aux niveaux national, régional et international… ».

L'ambassadeur Frank Carruet, représentant permanent de la Belgique auprès de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a déclaré : « L'initiative mondiale se concentrera sur la création de centres régionaux spécialisés qui serviraient d'installations d’appui, de recherche et de renforcement des capacités. Par ailleurs, le gouvernement de Belgique soutient fermement l’accueil du centre européen […] pour sauvegarder les matériaux végétaux cryoconservés de toutes les installations, à l'intérieur et à l'extérieur du GCRAI, pour les générations futures. » La communauté internationale a salué l'initiative belge lors de la dernière session de l'Organe directeur du Traité international[2].

L'Initiative mondiale de cryoconservation comblera une lacune importante dans le système mondial de conservation et d'utilisation des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture. Aucun réseau spécialisé d'installations de cryoconservation n'existe actuellement pour renforcer les capacités et assurer une conservation sûre à long terme. Les cultures cibles initiales de l'Initiative mondiale de cryoconservation comprennent les dix cultures ensemencées clonales et récalcitrantes les plus importantes pour les moyens de subsistance humains : banane, manioc, pomme de terre, ulluco, taro, patate douce, igname, noix de coco, cacao et café. Ces cultures sont extrêmement importantes dans les pays en développement en raison de leur résilience climatique, ainsi que de leur valeur nutritionnelle et de leur potentiel de création de revenus.

« La Belgique est fière de jouer son rôle dans la sauvegarde de la sécurité alimentaire future de notre planète et reconnaît qu'il s'agit d'un élément essentiel des objectifs de développement durable des Nations Unies pour faire du monde un meilleur lieu où vivre d'ici 2030 », a déclaré l'Ambassadeur Carruet.

La nécessité d'un effort mondial à l'appui de la cryoconservation a été identifiée par une étude de faisabilité pour une installation de cryoconservation de réserve de sécurité, commandée pour formuler des recommandations en matière de conservation sécurisée à long terme des collections conservées in vitro et sur le terrain. Cela a mis en évidence le fait qu'il n'existe actuellement aucune méthode fiable pour la conservation à long terme des collections de ressources génétiques pour de nombreuses cultures clonales et récalcitrantes. Elle a conclu qu'une solution à long terme est nécessaire de toute urgence et qu'une réserve de sécurité est nécessaire pour prendre en charge 5 000 à 10 000 accessions issues des activités de cryoconservation en cours dans le monde entier.

La discussion en ligne du groupe d’experts sur la cryoconservation, qui a attiré plus de 200 participants du monde entier, comprenait une interprétation simultanée en arabe, chinois, anglais, français et espagnol, et a permis aux participants de poser des questions à 14 experts internationaux chargés des programmes de la recherche agricole internationale et nationale, des instituts de conservation de la biodiversité et des agences donatrices. Tous les panélistes et participants ont exprimé leur ferme soutien à la collaboration ensemble en matière de cryoconservation des cultures vivrières importantes.

L'enregistrement complet de l'événement est disponible ici (Code d’accès: PGRFA621+) 

 

#CryoPanel #IYFV2021 #ItAllStartsWithTheSeed



[1]Des informations sur les prochains évènements en ligne seront disponibles sur le site Web du Traité international : http://www.fao.org/plant-treaty/fr/

[2]Veuillez consulter IT/GB-8/19/Rapport, Annexe B, paragraphe 23.

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